Essonne : Bienvenue à « Zaclay », un village autogéré contre la bétonisation du plateau de Saclay

Zaclay, c’est quoi ? Un village de résistance à l’artificialisation du plateau de Saclay (Essonne), ce vaste territoire agricole menacé par des infrastructures géantes.

Le camp de Zaclay
Le camp de Zaclay. Photo: Steppenwolf

Lettrine-le petit camp de résistance à la bétonisation du plateau de Saclay (Essonne) a été baptisé « Zaclay », en référence au terme ZAD (zone à défendre) popularisé par la grande lutte contre l’aéroport de Notre-Dame des Landes.

Village de fortune, Zaclay a été fondé en mai 2021 par des riverains opposés à la construction de la ligne 18 du Grand Paris Express. Ce projet de métro automatique, qui doit relier Versailles à l’aéroport d’Orly, entrainera la destruction de terres agricoles parmi les meilleures d’Ile-de-France. Au début, il y avait juste des tentes et des barnums, pour rester jusqu’à l’été, mais ceux-ci ont été remplacés par des cabanes en palettes, avec comme défi d’y tenir tout l’hiver.

UN « ESPACE VIDE »

Le plateau de Saclay est un site agricole depuis des millénaires, comme le montrent les vestiges de fermes gallo-romaines. Il s’étend sur 13 000 hectares, à 160 mètres d’altitude, entre la vallée de la Bièvre et la vallée de Chevreuse. À vingt kilomètres au sud de Paris, c’est un site convoité pour l’aménagement d’infrastructures : dans l’esprit de beaucoup de nos politiques, les terres agricoles, de même que les espaces naturels encore un peu préservés (zones boisées, zones humides…), ne sont rien d’autre que des « espaces vides » à utiliser.

La bétonisation du plateau de Saclay est une histoire longue de soixante-dix ans. Tout a commencé après la Seconde Guerre mondiale, avec l’implantation du Commissariat à l’énergie atomique. Un espace libre de toute urbanisation, cela semblait bien adapté comme emplacement pour un réacteur nucléaire. Puis au fil des ans, ont suivi en vrac la Direction générale de l’armement, l’école Polytechnique, l’école Supélec, puis un grand centre Thomson-CSF (démoli récemment, le béton de nos jours a une courte durée de vie), le centre de recherche Danone.

À lire aussi : Marches des terres : des collectifs citoyens s’unissent pour freiner la bétonisation des sols agricoles en Ile-de-France

Le principe restait pourtant affirmé et faisait consensus : le plateau de Saclay doit rester agricole, étant donné que ses terres sont très fertiles. Mais au milieu des années 2000, un projet gigantesque de type Silicon Valley a vu le jour : transformer le territoire « en une vraie ville autour d’un campus urbain en rompant l’autarcie des établissements actuels » (1), le tout relié par la fameuse ligne 18 du Grand Paris.

À l’époque, une première mobilisation citoyenne, appuyée par le parti Vert local, avait permis l’adoption d’un décret définissant une zone de protection pour les terres cultivées et les espaces naturels. Mais ce texte n’est pas une protection assez solide. Aujourd’hui, la frange sud du plateau disparaît sous le béton. On ne construit pas un train d’une capacité de 100 000 voyageurs par jour sans intention d’urbaniser tout autour. À ce rythme rien ne résistera à l’artificialisation de plus en plus massive du terrain. Hélas, sur le plateau de Saclay et dans les instituts, l’indifférence prédomine, ou alors la foi en la technoscience qui finira par forcément nous sauver…

Pause repas, à l'intérieur de la cabane principale de Zaclay
À l’intérieur de la cabane principale de Zaclay, construite avec des palettes de récup’. Photo: collectif Zaclay.

L’été dernier, le petit camp de Zaclay a été très animé, avec des rencontres, forums, concerts et spectacles organisés lors de « journées militantes ». Une belle expérience qui a culminé les 9 et 10 octobre 2021 avec la Marche des terres, une manifestation partie de Zaclay et qui avait rejoint, à Paris, les autres luttes amies d’Ile-de-France. Les conditions hivernales sont peu propices aux actions et manifestations. Mais gageons que si le camp réussit à passer l’hiver, la détermination à défendre les terres agricoles de Saclay et les espaces naturels environnants sera intacte, voire encore plus forte, à l’arrivée du printemps.

(1) Avis du Conseil immobilier de l’État en 2014.

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À propos de l'auteur
Informaticien dans un établissement du périmètre Paris-Saclay, je doute que le monde de la recherche, en privilégiant une fuite en avant consumériste, travaille aux vrais défis de l’avenir. C’est pas facile de vivre un dilemme !
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