La voiture électrique, un piège bien huilé

Il se pourrait bien que la voiture électrique et la voiture hybride soient le meilleur moyen qu’aient trouvé les industriels pour maintenir, avec l’accord des États, la nécessité pour chacun de continuer à utiliser une automobile.

Dessin : Jiho

Face à l’argument écologique qui gagne peu à peu du terrain dans les populations, il faut surtout éviter que l’on se pose la vraie question de l’alternative à la bagnole. Aujourd’hui, et on le voit dans la publicité, les arguments de « virilité » traditionnels diminuent, même dans les pays latins, au profit du thème de l’évasion. Fini, le gros macho et le mec qui fait éclater le compteur. Maintenant, on monte dans sa caisse, et soudain, on est projeté sur un chemin de montagne, une route sinueuse des bords du Kurdistan ou le long d’une mer improbable et bleue comme l’azur.

Les publicitaires ne vantent plus tant les capacités de l’auto elle-même que les équipements attachés : le Bluetooth, l’ordinateur de bord, la caméra de recul ou la clef infalsifiable. Des éléments loin du pot d’échappement et des particules fines. Dans un coin de l’écran, par obligation légale, apparait la conso du véhicule dont on sait maintenant qu’elle est totalement bidonnée, mais qui parle au consommateur écoresponsable.

LA « VOITURE PROPRE »

Cette évolution du message est certes « tendance » mais aussi destinée à nous entraîner là où veulent nous amener les constructeurs. La voiture électrique ne représente que 1 % des ventes automobiles, pourtant, les Renault, Nissan, Volkswagen etc. se ruent sur les prototypes qui, je vous le parie, resteront des prototypes à nous présenter pour bien nous montrer l’investissement de chaque marque dans la « voiture propre » – un concept aussi crédible que « l’assassinat humain » mais qui nous pénètre peu à peu.

Dessin : Jiho

L’essentiel est bien que la question ne soit pas « Vais-je abandonner ma voiture pour choisir un autre type de transport ? » mais « Je vais acheter une voiture comme un geste responsable » : voiture évasion, voiture écolo, voiture basse conso.

La pire chose qui pourrait arriver à l’industrie automobile et donc aux États serait que l’on renonce à l’habitude de la voiture comme prolongement de soi, sorte de salon ambulant qui me ressemble, pour adopter le covoiturage de manière systématique par exemple. Ou bien que l’on se mette soudain à utiliser les transports en commun et que l’on perde cette autonomie qui signifie « liberté » individuelle.

Le challenge le plus important pour les marques est de déculpabiliser la génération des trentenaires, sensibles à la question écologique et présentant le risque d’abandonner l’usage traditionnel de la voiture. Rassurons-les ! Je crois bien que c’est gagné. On change de cheval mais on continue de chevaucher…

Dessins : Olivier Jiho (Site / Facebook)

Pour suivre les publications de mon journal préféré, je reçois la lettre minimale, chaque 1er jeudi du mois. Bonne nouvelle, c’est gratuit et sans engagement !

Partager cet article

À propos de l'auteur
Un peu journaliste dans un paquet de journaux satiriques, un peu chroniqueur à la radio RMC, pas mal écrivain de romans drôles et érotiques, anthropologue le jour et musicien la nuit…
Articles similaires
Du même auteur
Écrire un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Rechercher