Le Salon « Veggie World », du végane à gogo

D’après l’organisatrice du Salon international Veggie World qui se tiendra à Paris, les 8 et 9 octobre 2016, « le véganisme se développe rapidement en France ». Interview.

crédit photo : Veggie World
Swantje Tomalak, directrice du salon Veggie World en France (Crédit photo : Veggie World)

Les 8 et 9 octobre 2016, se tiendra à Paris la deuxième édition de « Veggie World », le plus grand Salon européen consacré à cette pratique qui séduit de plus en plus de personnes. Presque 150 exposants et des milliers de visiteurs se croiseront pendant deux jours au Centquatre pour imaginer ensemble une nouvelle façon de vivre, sans faire souffrir les animaux. Cosmétique, alimentation, mode, livres, c’est une démarche globale qui sera proposée. L’occasion de comprendre et peut-être d’adopter tout, ou partie, du véganisme. D’ici là, faisons le point sur la mode et le monde véganes avec Swantje Tomalak, la directrice de Veggie World France.

Rappel : les différences entre végétarien, végétalien et végane
Végétarien : ni viande, ni poisson.
Végétalien : ni viande, ni poisson, ni lait, ni œufs, ni miel.
Végane : ni viande, ni poisson, ni lait, ni œufs, ni miel, et par extension, ni vêtements en cuir ou fourrure, ni corridas, ni produits testés sur les animaux, etc.

Combien y a-t-il de personnes véganes en France aujourd’hui ?
Nous ne connaissons pas les chiffres en France sur les personnes véganes, mais nous connaissons les données sur les personnes végétariennes : il y en a 2 millions à ce jour en France, dont 45 % en Ile-de-France.

En Europe ? Et en Allemagne où est né le Salon ?
En Allemagne, nous comptons presque 1 million de personnes véganes, avec une tendance croissante. Il s’agit d’une statistique qui a été réalisée récemment (mai 2016). Berlin est aujourd’hui la capitale du mouvement en Europe, on y compte plus de 370 restaurants véganes.

Dans le monde ?
À ma connaissance, il n’existe pas de statistiques sur le nombre de personnes véganes dans le monde.

Qui sont les pays bons élèves ?
Les États-Unis (notamment San Francisco), l’Angleterre (Londres) et l’Allemagne sont en avance dans le véganisme. Et même si la France a commencé plus tard que les autres pays, le mouvement s’y développe rapidement.
Il ne faut pas oublier l’Inde avec la plus grande population végétarienne du monde (à cause de la religion).

Crédit photo : Jean-Pierre Dalbéra
Une plage de Goa, en Inde. (Crédit photo : Jean-Pierre Dalbéra)

Comment est né ce Salon Veggie World et qu’y trouve-t-on ?
Le Salon est né en 2010 près de Francfort en Allemagne à cause d’une forte demande pour des alternatives végétariennes. C’est seulement en 2013 que le Salon s’est transformé en salon 100 % végane, donc aucun produit d’origine animale n’était accepté. Ce changement s’est fait également à la demande de nos visiteurs. En 2015, nous avons décidé de développer le concept à l’étranger et nous avons regardé plus de 10 pays et détecté une demande en France il y a un an et demi. Depuis, nous développons le Salon en France, dont deux Salons par an à Paris et notre premier Salon à Lyon en 2017.

Quoi de neuf pour cette nouvelle édition ?
Au vu de la présence de nombreux enfants lors de la première édition et de notre offre presque non existante pour eux, nous avons décidé d’établir un espace dédié aux enfants avec plusieurs ateliers autour du véganisme. Ces sont souvent les enfants qui ne souhaitent pas manger « leurs amis les animaux ». Par conséquent, les parents sont obligés de trouver des alternatives, et soudain, ils arrêtent également de manger de la viande. Nous avons beaucoup de nouveaux exposants, dont beaucoup des jeunes entreprises qui ont été créées entre l’année dernière et aujourd’hui. Nous allons même accueillir un vélo ambulant qui propose des hot-dogs véganes ou bien des maisons d’édition qui proposent des livres de recettes pour barbecues véganes.

Le Salon s’adresse-t-il aux commerçants, aux chalands ou aux véganes purs et durs ?
Le Salon s’adresse à tous les curieux, véganes ou pas, il n’y a aucun prototype de visiteur. On trouve des militants à côté des « lifestylers », des bobos, des hipsters, mais aussi des grands-parents, des familles, des étudiants… Bref : un mélange coloré !

Le salon Veggie World en Allemagne (crédit photo : Veggie World).
Le Salon Veggie World en Allemagne. (Crédit photo : Veggie World)

D’ailleurs, y a-t-il uniquement du végane ou bien des choses pour les végétariens également, ou les allergiques au gluten ?
Tout ce qui est végane convient automatiquement aux végétariens, car il n’y a aucun produit d’origine animale dedans. En revanche, le véganisme n’est pas automatiquement « sans gluten ». Mais on propose une large gamme de produits sans gluten en travaillant avec une cheffe de cuisine végane et l’Association française des intolérants au gluten (AFDIAG).

Aujourd’hui, peut-on vivre végane à 100 % et qu’est-ce que cela suppose ?
Tout à fait ! Il est impossible de dire qu’on ne peut plus vivre végane à ce jour. L’offre végétalienne sur le marché français, notamment en ligne, est assez grande. Les festivals qui se mettent en place [cf. celui de Paris il y a quelques jours, NDLR] donnent l’occasion de s’informer, de découvrir ce mode de vie, et les associations représentées proposent différents outils pour accompagner les végétariens débutants. Exemple : les opérations « Défi veggie » ou « 1, 2, 3 veggie » de l’Association Végétarienne de France (AVF), le Guide du végan en herbe, de PETA, etc. ! La Société végane donne de son côté des informations sur les éventuelles carences lors d’une alimentation végétalienne, par exemple, sur le manque de la vitamine B12 et comment on peut la trouver ailleurs.

Existe-t-il des cantines véganes pour les enfants ?
Malheureusement, il n’y a pas encore de cantines véganes, ni végétariennes. Quelques écoles proposent déjà des menus végétariens mais c’est quand même assez rare. Je connais quelques familles qui se débrouillent en préparant chaque jour des plats pour leurs enfants à l’école. C’est beaucoup de travail en termes de préparation, mais c’est faisable.

Adopter le mode de vie végane coute-t-il plus cher, est-ce réservé à une élite ayant les moyens ?
Les légumes (même bio) coutent généralement beaucoup moins cher que la viande, donc on peut même vivre « moins cher » en devenant végane. Mais étant donné qu’il faut trouver également des alternatives et des compléments alimentaires (souvent beaucoup plus couteux que la viande), les dépenses restent semblables, que l’on soit omnivore ou végane.

La bannière Facebook de la Fondation de Pamela Anderson
La bannière Facebook de la collection végane de l’actrice Pamela Anderson

Qu’avez-vous pensé de l’intervention de Pamela Anderson en janvier dernier à l’Assemblée nationale ? Qui sont les autres porte-paroles du mouvement en France ou ailleurs ?
Pamela Anderson s’engage depuis des années pour la protection animale et c’est un excellent exemple ! J’étais ravie de son intervention. En France, beaucoup de personnes s’engagent déjà pour la protection animale comme le photographe Yann Arthus-Bertrand, l’avocate Catherine Hélayel, la styliste Lolita Lempicka, le tennisman Novak Djokovic (qui vient d’ouvrir son propre restaurant végane dans le sud de la France), le moine bouddhiste Matthieu Ricard, le journaliste Aymeric Caron, l’écrivain Bernard Werber…

Comment convaincre une personne de devenir végane ?
Les personnes devenues véganes en France l’ont fait dans 75 % des cas pour la cause animale. La diffusion de certaines vidéos choc de l’association L 214 sur les abattoirs, et mêmes les abattoirs bio, ont touché beaucoup de personnes. C’est une méthode. S’informer, faire quelques semaines de test, discuter avec des personnes déjà véganes, se renseigner auprès des associations, participer à leurs programmes… Il y a pas mal d’options pour devenir végane.

Pour vous, un monde parfait serait…
Un monde sans souffrance des animaux ni des humains, donc une vie équilibrée entre les espèces sur la Terre.

Sur le même sujet, lire aussi notre article : « Le fromage végétal, c’est bon pour les papilles et le karma ».

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À propos de l'auteur
Journaliste, je suis aussi dessinatrice, peintre, photographe, auteur de livres et de vidéos, sous le nom ABK.
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2 réponses

  1. Bonjour Alexandra!
    Super ton article plein feux sur le véganisme en France. Je serais ravie de te rencontrer et de te présenter Sarah Vegan Keshet lors de la Veggie World ou bien à 1 autre moment!!

    Bien à toi,
    Sarah

    1. Bonjour Sarah,
      Merci pour ce gentil commentaire, ravie que l’interview t’ait plu.
      Oui on se voit sur le salon avec plaisir. As-tu mes coordonnées ?
      Amicalement,
      Alexandra

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