Chaque année, en janvier, les commerçants français importent 4 000 à 5 000 tonnes de fraises. Qu’il faut bien, ensuite, refourguer aux consommateurs que nous sommes.
Je faisais tranquillement mes courses sous le métro aérien de la Motte-Picquet-Grenelle (Paris 15e), lorsqu’un marchand me hèle et me suggère son kilo de clémentines pour 1 €. Jusqu’ici, tout va bien : elles ne sont pas bio mais c’est la saison. Les choses se gâtent quand il me propose des fraises :
— « Ce n’est pas la saison, monsieur.
— (étonné) Là d’où elles viennent, c’est toute l’année la saison !
— Vous voulez dire, sous les serres d’Espagne ?
— (agacé) Que voulez-vous qu’on y fasse ?
— Ne pas les consommer ! »
En sachant qu’il m’est arrivé à peu près la même chose au marché d’Aligre (Paris 12e) trois jours auparavant, je m’interroge sur le concept de « consommer des fruits et légumes de saison », étranger à la plupart des commerçants. « Dis-moi ce que tu consommes, je te dirai ce que tu cautionnes », m’a dit un jour quelqu’un. On pourrait rajouter : « Dis-moi ce que tu vends… », le coût d’opportunité de la fraise ou de la framboise se substituant ici à celui de l’orange ou du kiwi, qui sont des fruits d’hiver riches en vitamine C.
Mais mettons-nous un peu à la place des commerçants. Figurez-vous qu’eux aussi, on les incite à « profiter de délicieuses fraises en hiver » ! Comme ici, sur le site web belge du grossiste Metro :
Et puisqu’on s’en fiche de la saison et du bilan carbone, ce serait trop bête de ne pas profiter également des fraises blanches d’Amérique latine !
Si sur le site de Metro France on ne trouve pas d’apologie de la fraise en hiver, on y apprend tout de même que la framboise Tulameen est « disponible pendant 9 mois, de fin mars à fin novembre », ce qui en fait une variété « parfaitement adaptée aux besoins des professionnels de bouche ».
Moi qui durant ma tendre enfance cueillais les framboises en juillet-août dans le jardin de mes grands-parents… 21 Cop plus tard, les choses ont bien changé.
Une réponse
Aucun pays « occidental » ne respecte l’impact environnemental qu’implique le transport de nourritures de « saison ».
J’habite… en Australie occidentale, à Fremantle, où les citrons poussent à volonté dans les potagers ou jardins.
Je vais au supermarché, et y trouve des citrons cultivés localement, vendus plus chers que ceux, dans l’étagère d’à côté, qui proviennent des USA et d’Israël!