C’est la pub qu’on voit partout en ce moment : « Homards et tourteaux livrés vivants avec vos courses » proclame le site de vente en ligne Houra. Joyeux Noël trash !
Ah, Noël ! La frénésie des fêtes, l’enthousiasme ressenti à l’idée de passer un moment convivial autour d’une table colorée et appétissante. Les plateformes de vente en ligne savent si bien nous vendre la promesse d’oublier la morosité ambiante.
Elles n’ont peur de rien, et regorgent d’inventivité pour faire face à la rude concurrence qui sévit entre elles. Cette rudesse, on peut l’observer en ce moment dans le métro parisien. Où le stade de la pépite est largement dépassé puisque le site de courses en lignes Houra s’est offert une campagne d’affichage sur les panneaux 4×3 mètres, les plus grandes affiches qui existent.
Un summum de délicatesse et d’originalité : « Homards et tourteaux vivants livrés avec vos courses », proclame le texte figurant sur l’image d’un crustacé pinces en l’air qui attend vraisemblablement l’heure de sa libération.
DES HOMARDS DANS LE MÉTRO
Passé le choc, on se rassure : « Houra ! C’est Noël » précise l’affiche. Y compris pour les crustacés, y a pas de raison. Mais une offre aussi alléchante mérite d’être vérifiée. Sur le site Houra, il suffit de taper « homard vivant » dans la barre de recherche pour s’assurer qu’il ne s’agit pas d’une publicité mensongère. Eh bien non, tout est vrai ! À côté d’un homard bleu figure l’estampille du drapeau français indiquant la provenance de la bête : « Pêche au casier en ANE, Atlantique Nord Est », c’est écrit. Voilà qui devrait rassurer les sceptiques à tendance écolo-responsable : « Il est made in France le homard ! » Hip, hip, hip ? »
C’est après que ça se gratine un peu… dans l’onglet « Notre avis », Houra fait le job jusqu’au bout et prodigue des conseils culinaires aux consommateurs. Après un laïus sur la provenance et les qualités gustatives du bestiau vient le moment fatidique de la cuisson. « Le homard se cuit dans l’eau (court-bouillon) pendant environ dix à quinze minutes, ou bien au four ou sur le grill. Il doit être vivant au moment de la mise en cuisson ». Précision faite qu’après cuisson « le homard sera rouge » !
GRILLÉ AU BEURRE D’AIL
Non content d’être péché, mis au casier, trimballé, et livré entre le Saint-Nectaire et les haricots verts, le crustacé sera, pour notre plus grand plaisir, cuit dans d’atroces souffrances ! Hip, hip, hip ? Et pour nous assurer le maximum de fraicheur, d’authentiques conseils de conservation précisent que « le homard vivant se conserve dans le bas du réfrigérateur dans un linge mouillé pendant environ vingt-quatre heures. Une fois cuit il peut se garder jusqu’à deux jours ». Avis aux gastronomes !
Lesquels, s’ils cliquent sur « Acheter » le homard, se verront suggérer des articles associés : un paquet de 10 rince-doigts pour la modique somme de 1,85 € ou un casse noix et crustacés pour seulement 4,85 € ! Ils pourront également poursuivre le remplissage de leur panier par la lecture d’une savoureuse recette de homard grillé au beurre d’ail, que l’auteure de ces lignes n’a pas le cœur à retranscrire ici.
Mais foin de sensiblerie ! Après tout, ce n’est que depuis 2015 que les animaux sont reconnus comme des êtres sensibles dans notre Code civil. Les habitudes ont la carapace solide.
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