La symptothermie, une méthode contraceptive 100% écolo, très efficace, qui ne coûte rien et sans effet secondaire

Reconnue par l’OMS, la symptothermie est une méthode contraceptive naturelle basée sur l’observation extrêmement fine du cycle menstruel. Une alternative sérieuse à la pilule ou au stérilet.

La symptothermie, une émtode de contraception naturelle. Sur l'image, un jeune couple s'embrasse dans un lit, tableau de Toulouse Lautrec.
« Au lit, le baiser », par Henri de Toulouse-Lautrec, 1892-93, Wikimedia Commons.

lettrinepartir du 1er janvier 2022, certains moyens de contraception (pilules, stérilets, implants,…) seront remboursés pour toutes les jeunes femmes jusqu’à l’âge de 25 ans. Pour les autres (et toutes celles qui le souhaitent), le journal minimal fait le point sur la symptothermie, une méthode contraceptive peu connue, gratuite et 100 % naturelle.

La symptothermie repose sur l’observation extrêmement fine du cycle menstruel et ne doit pas être confondue avec la méthode Ogino, dite « méthode du calendrier ». Depuis un siècle maintenant, il est établi que contrairement aux hommes, les femmes ne sont fertiles que quelques jours par mois : un peu avant et pendant l’ovulation. Partant de ce constat, il suffit pour ne pas tomber enceinte d’éviter les rapports hétérosexuels à risque sans préservatif pendant cette période.

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La symptothermie permet de déterminer très précisément cette période fertile en multipliant les points de contrôle. Il s’agit d’observer à la fois les sécrétions du col de l’utérus (sympto) et la température (thermie).

La glaire cervicale change d’aspect au cours du cycle : elle devient plus fluide au moment de l’ovulation. La température, quant à elle, augmente légèrement après l’ovulation. Pour savoir où l’on en est, il faut la prendre chaque matin avant de sortir du lit. Cette prise peut-être buccale mais doit s’effectuer dans tous les cas avec un thermomètre basal (à deux décimales). En cas de doute, il est possible de se laisser une marge de quelques jours supplémentaires.

FEMMES ENTRE 18 ET 45 ANS

Cette méthode est assez technique au départ et réclame l’acquisition d’une certaine expertise de soi-même. Avant de se lancer, des recherches sont nécessaires. Pour se documenter, les pratiquantes de la symptothermie que nous avons interrogées conseillent toutes d’étudier les manuels proposés par les différents organismes de formation (citons par exemple celui de l’école Sensiplan, très pédagogique, ou celui de la fondation suisse SymptoTherm, en accès libre), indispensables pour savoir bien faire et analyser ses observations.

« Cette méthode ne vise pas à anticiper la période fertile mais à l’observer et à agir en conséquence » explique Eugénie, formatrice en symptothermie depuis 2017. Selon elle, la méthode est accessible à toutes : « Mes apprenantes ? Globalement ce sont des femmes de tous âges mais qui ont principalement entre 18 et 45 ans. Soit elles n’ont jamais voulu prendre d’hormones, soit elles ont essayé la pilule, ça n’a pas marché, le stérilet, ça n’a pas marché et c’est là qu’elles ont découvert la symptothermie. »

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L’effet néfaste des hormones revient dans de nombreux témoignages dont celui de Carole : « J’étais sous pilule depuis mes 17 ans et j’allais en avoir 30. Je ne supportais plus du tout les effets secondaires, j’avais d’horribles maux de tête, des sautes d’humeur… Lorsque j’ai parlé de ces problèmes à mon médecin, il n’était pas plus étonné que ça et m’a juste parlé du stérilet. C’est en faisant mes propres recherches et en lisant le livre J’arrête la pilule (1) que je suis tombée sur la symptothermie. Ça a été une révélation. »

De nombreuses femmes se plaignent des effets des hormones mais peu de professionnels de santé les orientent vers la symptothermie, le corps médical n’étant pas formé aux méthodes naturelles. « Si tu fais mal tes observations ou que tu as un problème, tu as de gros risques de tomber enceinte juge Alexandra *, étudiante en dernière année de sage-femme. Personnellement, je ne me sens pas légitime pour en parler à des patientes. On a eu trente minutes de cours et la prof n’était vraiment pas pour. Je pense que c’est une méthode qu’on peut utiliser si on est prête à tomber enceinte, pour espacer les naissances par exemple. »

FACTEURS EXTÉRIEURS

Cette question du manque d’efficacité est aussi mise en avant par Laurine, médecin généraliste spécialisée en gynécologie : « En médecine, on veut quelque chose d’efficace (…). Je n’ai pas assez confiance en moi, en mes patientes, en notre relation. J’ai des patientes qui me disent qu’elles n’ont jamais eu de rapports sexuels alors que je les suis pour une grossesse, alors la symptothermie… »

En outre, des facteurs extérieurs comme le stress, l’alcool ou l’hygiène de vie peuvent nuire à l’observation des symptômes, notamment en causant une augmentation de la température sans lien avec l’ovulation. « Mais après, lorsque j’ai des patientes qui optent pour les méthodes naturelles, je ne les en dissuade pas, indique Laurine. C’est leur choix. »

UNE QUESTION D’ARBITRAGE

La symptothermie souffre de la mauvaise réputation d’autres méthodes naturelles telles que le retrait ou la fameuse méthode Ogino, qui ont une efficacité moindre. Cette confusion apparaît dès les études de médecine comme l’illustre le témoignage de Marie, étudiante en 3e année : « Je ne connais pas la symptothermie mais on nous a déjà parlé des méthodes naturelles. Globalement, on nous dit de les déconseiller aux patientes et de les orienter vers des méthodes plus fiables comme la pilule, ou le stérilet si elles ne veulent pas d’hormones. Personnellement, je n’aurais pas confiance. C’est trop contraignant. C’est triste à dire mais je crois que je préfère un petit effet secondaire plutôt que de tomber enceinte. »

La crainte de tomber enceinte l’emporte souvent dans le choix d’une méthode contraceptives. Ophélie * a utilisé la symptothermie pendant un an avant d’arrêter parce que c’était trop de pression: « Je suis quelqu’un de très flippée et j’avais l’impression d’être dans un dilemme permanent entre avoir une contraception qui me convienne et la peur de tomber enceinte. Pourtant, la seule fois où j’ai vraiment eu peur c’est quand le préservatif a craqué pendant la période fertile. Car justement, grâce à la symptothermie, je savais que c’était une période fertile. »

AUSSI EFFICACE QUE LA PILULE

A l’inverse, Isabelle a longtemps eu peur de tomber enceinte avant de découvrir la symptothermie. « Les autres méthodes contraceptives ne m’inspiraient pas du tout confiance. J’avais peur que le préservatif craque et je connaissais une fille qui était tombée enceinte sous pilule. J’ai plus confiance en moi qu’en quelque chose d’extérieur. »

La symptothermie est reconnue par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui lui accorde une efficacité de 98 % lorsqu’elle est pratiquée par des femmes ayant et formées et suivies pendant au moins 3 cycles et « moyennant une utilisation correcte », c’est-à-dire l’abstinence pendant la période de fécondité. En effet, si l’on utilise un préservatif durant cette période, la fiabilité à prendre en compte est celle du préservatif. Quoi qu’il en soit, d’après le tableau comparatif de l’OMS, la pilule et la symptothermie sont presque aussi fiables lorsqu’elles sont bien utilisées.

UN APPRENTISSAGE NÉCESSAIRE

Pourtant, la symptothermie représente un plus grand investissement. Il est nécessaire de se former à l’observation : « Quand j’ai lu le manuel, je me suis dis que je n’allais jamais y arriver. Il est vraiment indigeste. J’ai donc fait appel à une formatrice. C’était assez cher mais ça m’a beaucoup rassurée. On avait souvent des rendez-vous et je pouvais lui envoyer un message en cas de problème. Elle m’a accompagnée pendant six mois et je devais garder le préservatif le temps de tout assimiler. Je l’ai retiré quand je me suis sentie prête », explique Carole.

La formation nécessite un fort investissement. En effet de mauvaises observations peuvent amener à une grossesse : « Le seul gros warning pour cette méthode c’est l’investissement », explique Margot. « Je ne suis pas pro ou anti-pilule, mais si une femme n’a pas le temps ou l’envie de se former, ça ne sert à rien. Je me suis bien formée et en cinq ans de pratique, je n’ai jamais eu de problèmes. »

DÉCOUVRIR SON CORPS

La plupart des femmes font appel à des formatrices certifiées ou non. D’autres, plus téméraires, sautent le pas toutes seules. C’est le cas de Morgane : « J’y suis allée en mode yolo. Je suis quelqu’un de très curieux et j’ai beaucoup lu sur le sujet. J’avais envie d’être autonome. Après je pense qu’au début, il faut vraiment garder le préservatif le temps de comprendre le fonctionnement de la méthode. » Sabrina s’est aussi formée en autodidacte : « Lorsque j’ai découvert la symptothermie, j’avais un stérilet. J’ai donc fait la méthode pendant deux ans pour apprendre à connaître mon corps, observer mes cycles. Quand j’ai retiré mon stérilet, je savais déjà comment déterminer ma période fertile donc je n’ai pas eu besoin de conseillère. »

La symptothermie est une méthode de contraception, mais pas que. « J’ai vraiment appris à découvrir mon corps, comprendre pourquoi parfois j’étais de mauvaise humeur, faire des liens entre mon cycle et mes émotions. Je n’ai jamais été aussi à l’aise dans mon corps », explique Carole avant de continuer : « Aujourd’hui, je n’utilise plus la symptothermie comme moyen de contraception car je suis passée en mode conception et, en ayant des rapports sexuels justement lors de la période fertile, je suis tombée enceinte ! »

* Le prénom a été changé
(1) J’arrête la pilule, de Sabrina Débusquat, Éditions Les Liens qui Libèrent, 2017 (paru en poche en 2018 chez J’ai Lu).

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Étudiante passionnée d’histoire et de philosophie, j’écris aussi des articles.
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