Fiche de lecture : Reclaim, recueil de textes écoféministes

Dans Reclaim, la philosophe Émilie Hache présente les grands textes écoféministes parus depuis la naissance du mouvement dans les années 1980.

Reclaim, couverture du livre
« Reclaim, recueil de textes écoféministes », par Émilie Hache, Éditions Cambourakis.

Le genre
Essai.

Le pitch
En 1980, la première Women’s Pentagon Action frappe les esprits : 2 000 femmes en colère encerclent le bâtiment qui abrite le quartier général du département de la Défense. Un an après l’accident nucléaire de Three Mile Island (Virginie), elles dénoncent l’exploitation des ressources naturelles. C’est au cœur de ces mobilisations que l’écoféminisme va naître et se répandre, des États-Unis à l’Inde. Dans Reclaim, Émilie Hache nous donne à lire les textes des principales figures du mouvement depuis quarante ans.

L’auteure
Émilie Hache est maîtresse de conférence rattachée au département de philosophie de l’Université de Nanterre. Elle consacre ses recherches à l’écologie politique et à l’écoféminisme.

Mon humble avis
J’ai ouvert Reclaim en me demandant ce qu’était l’écoféminisme. En refermant l’ouvrage, je n’en avais pas de définition mais une infinité de réflexions vertigineuses s’offrait à moi.

J’ai été surprise par la diversité des textes présentés par Émilie Hache : récits de mobilisations, poèmes métaphoriques, poèmes en prose, essais, extraits de blog… autant d’écrits qui se rejoignent autour du maître-mot « Reclaim », « se réapproprier ».

Se réapproprier quoi ? Rien de moins que l’histoire, la notion de pouvoir, nos émotions, nos corps, nos sexualités, la spiritualité, mais surtout le travail de la terre, avec lequel les femmes des communautés rurales lesbiennes et les paysannes renouent. L’association entre la nature et la femme devient un objet politique.

Si jamais vous n’aimez pas les textes conceptuels, n’ayez crainte, ici, toute pensée s’élabore au contact d’une expérience concrète. Émilie Hache réussi le pari de lier le politique au sensible.

Une phrase du livre
« Il ne s’agit pas d’abord d’une articulation savante et abstraite entre la question de l’oppression des femmes et la destruction de la nature, mais de l’expérience collective, de centaines voire de milliers de femmes, face à la menace que fait peser sur leur vie et celle de leurs enfants la course à l’armement nucléaire liée à la guerre froide, de leur colère devant cette mainmise sur leur vie et leur avenir, et de la volonté de faire quelque chose plutôt que de subir de manière isolée et passive cette terreur, de penser ensemble, pour essayer de répondre aux questions ‘comment en sommes-nous arrivées là ?’ et ‘que pouvons-nous faire et comment ?’. »

Un extrait de la Déclaration d’Unité (rédigée par Grace Paley)
« Nous nous réunissons au Pentagone le 16 novembre [1980, N.D.L.R.] parce que nous avons peur pour nos vies. Peur pour la vie de cette planète, notre Terre et pour la vie des enfants qui sont le futur de notre humanité…

Nous sommes venues pour pleurer, hurler et défier le Pentagone parce qu’il est le lieu de travail de la puissance impériale qui nous menace tou.te.s. Chaque jour, pendant que nous travaillons, étudions, aimons, les colonels et les généraux qui planifient notre anéantissement entrent et sortent tranquillement par les portes situées sur ses cinq côtés…

‘Nous vous protégeons…’ disent-ils, mais nous n’avons jamais été aussi proches de disparaître, si près de la fin du temps de l’humain.e.

Nous, femmes, nous nous rassemblons parce que la vie au bord du précipice est intolérable. Nous voulons savoir quelle colère, quelle peur, qui ne peuvent être satisfaites que par la destruction, quelle froideur de cœur et quelle ambition motivent ces hommes jour après jour. Nous voulons savoir, parce que nous ne voulons pas de cette domination qui prend la forme d’une exploitation meurtrière dans les relations internationales, et qui est si dangereuse pour les femmes et les enfants à la maison – nous ne voulons pas de cette maladie transmise par une société violente des pères à leurs fils. »

Émilie Hache, Reclaim, recueil de textes écoféministes, Éditions Cambourakis, 2016, 416 pages.

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À propos de l'auteur
Étudiante en Lettres modernes et engagée dans la défense de l’environnement.
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