Bloquons la République des pollueurs : comment l’action commando s’est organisée

Le journal minimal a participé hier à la préparation de l’événement “Bloquons la République des pollueurs” aux côtés de 500 militants venus de toute la France, à Montreuil-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Reportage.

Bloquons la republique des pollueurs

Pour la “plus grande action de désobéissance civile jamais organisée en France”, ses organisateurs – Greenpeace, ANV-Cop 21 et Les amis de la terre – attendent plusieurs milliers de personnes ce vendredi 19 avril en région parisienne. Les séances de formation se sont enchaînées chaque jour pendant deux semaines avant l’événement. La veille, à Montreuil-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), la préparation finale s’est déroulée en plusieurs séances, du matin jusqu’au soir. Le journal minimal y était.

Les visages sont concentrés, l’organisation millimétrée. Chacun connaît son rôle pour accueillir les nouveaux militants et organiser les blocages du lendemain. L’atmosphère est celle d’un commando, non-violent. À la tribune, dans la grande salle, le porte-parole de Greenpeace pose le contexte des blocages du lendemain, tenus secrets : “La France met en péril des millions de vies humaines par non respect de ses engagements climatiques. Légalité n’est pas toujours synonyme de légitimité. Pacifisme ne veut pas dire passivité…”

FAIRE LE POIDS MORT

La deuxième intervenante rappelle les principes de la communication non-violente :
– Lever les bras et faire pivoter les mains en signe d’accord, de remerciement ou d’applaudissement.
– Baisser les bras et faire pivoter les mains pour un désaccord.
– Joindre ses mains en forme de maison au-dessus de la tête pour le silence.
– Exécuter un moulinet avec les bras en cas de prise de parole trop longue.
– La forme de T à deux mains pour une question technique.

Les grands principes de la désobéissance civile sont eux aussi rappelés : se montrer à visage découvert, même en cas de lacrymos, ne pas susciter ni répondre à la violence. En cas d’arrestation, garder la tête haute ou faire le poids mort pour rendre l’interpellation plus difficile. Puis se borner à répéter “je n’ai rien à déclarer” et demander à parler à un avocat commis d’office.

GROUPES AUTONOMES

Les risques juridiques et judiciaires sont rappelés : contrôle d’identité, garde à vue, audition libre, comparution immédiate – à refuser absolument –, poursuites avec mise en accusation, procès. Pour rappel, lors de la dernière action de désobéissance civile, à petite échelle cette fois, 33 portraits d’Emmanuel Macron ont été décrochés. Qui ont déclenché 30 gardes à vue et 5 procès.

Puis les militants sont dispatchés d’une salle à l’autre. Ils trouvent leur groupe, composé de vingt personnes maximum. Le lendemain, le groupe sera entièrement autonome. Un référent le dirigera, lui-même piloté par un référent, dirigé par un autre référent, jusqu’à la tête des opérations, inconnue.

5 HEURES DE BRIEFING INTENSE

Au tour des militants, maintenant, de choisir le rôle qu’ils occuperont lors de l’action : colleur de grandes affiches “Bloquons la République des pollueurs”, bloqueur attaché aux autres en chenille, porteur de banderoles ou d’échelle… Chaque groupe possède en son sein : un “médic”, pour assurer les soins face à la police, un “mediactiviste”, pour communiquer avec les réseaux sociaux en temps réel, et un “peacekeaper”, pour assurer le dialogue à l’intérieur du groupe et à l’extérieur en cas de grabuge.

Enfin, la formation touche à sa fin. Le référent du groupe distribue bandeaux, t-shirts ou vestes de reconnaissance à chaque personne du groupe pour le lendemain, à l’instant T. Après les dernières instructions, rendez-vous est donné le lendemain matin à 7 heures au pied du funiculaire du Montmartre ; le groupe partira ensuite en transports sur place (chaque groupe a un lieu de rendez-vous différent).

Les activistes sortent à l’air libre et redeviennent la foule anonyme dans les rues de Montreuil, après cinq heures de briefing non-violent mais intense. Chacun repart de son côté, un peu sonné par toutes ces infos ; et content de soigner ses angoisses pour la planète par une première action concrète de protestation collective.


Vous aimez nos articles ? Aidez-nous à grandir !

Pour suivre les publications de mon journal préféré, je reçois la lettre minimale, chaque 1er jeudi du mois. Bonne nouvelle, c’est gratuit et sans engagement !

Partager cet article

À propos de l'auteur
Journaliste, auteure et traductrice dans les champs social et écologique, j’ai quitté Paris en 2017 pour effectuer mon retour à la terre en Charente limousine, où j’ai grandi.
Articles similaires
Du même auteur
Écrire un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Rechercher