Adopte un blob #04 : Blob Morane et ses clones poussent à toute vitesse

SCIENCES – La journaliste Iris Petitjean participe au programme du CNRS « Adopte un blob ». Les siens, Blob Morane et Blob Dylan, croissent à vive allure.

Blob Morane explore son milieu
Blob Morane s’aventure pour explorer son milieu. Sept heures plus tôt, il n’était qu’un cercle au centre de la boîte. Photo: Iris Petitjean.

La lettre Vous souvenez-vous de l’épisode de la semaine dernière dans lequel nous faisons connaissance avec les petits blobs endormis du CNRS, qui ont été doucement réveillés, et amoureusement nourris pour qu’ils se développent ? Vous souvenez-vous de ces deux boîtes de Pétri abritant Blob Morane & Bob Dylan, qui sont rapidement passées à quatre boîtes ?… Ah, c’était le bon temps de la jeunesse. Aujourd’hui, j’ai vingt-quatre boîtes de culture à surveiller quotidiennement !

Ce qui signifie que je dois chaque jour manipuler 24 blobs (12 boites de Blob Morane, le blob témoin et 12 boites de Blob Dylan, le blob expérimentateur) cherchant à étendre leur domaine d’exploration en permanence. Et que je dois chaque jour laver, sécher soigneusement et désinfecter toutes ces petites boîtes de plastique pour éviter toute contamination, sans compter qu’il me faut ensuite nettoyer l’évier, la table, les instruments, tout scruter et aseptiser afin d’éviter que la moindre particule de blob ne se niche quelque part, puisque le bestiau peut croître d’un infime fragment…

Pour cette expérience de science participative destinée à mesurer l’impact du dérèglement climatique sur les organismes, l’équipe de recherche du CNRS nous a fourni un document détaillant scrupuleusement le protocole quotidien. D’abord, on fabrique la gélose, que l’on verse dans les 24 boites qui serviront pour la journée. On attend qu’elle fige et refroidisse.

Les boites de pétri dans la cuisine
Ma cuisine devient quotidiennement un étalage de boites de Pétri, et la place manque. Photo: Iris Petitjean.

Ensuite on réinitialise les thermomètres, exercice pas du tout pratique avec le modèle de mes appareils : je suis obligée de retirer la pile et de la remettre ! Chaque matin, je passe donc plusieurs douloureuses minutes à tenter de retirer une satanée pile-bouton de son logement, ce qui me fait pester contre ces machines peu pratiques, et me rappelle la gabegie de l’électroménager en général

Puis, on règle la température d’expérience du jour. C’est le point principal. Chaque protocole doit suivre une certaine variation de température. Par exemple, pour le protocole que je suis en ce moment, les blobs expérimentaux doivent un jour sur deux vivre sous 30 ºC, et le reste du temps à température ambiante (environ 20 ºC ici).

Dans les boites dédiées à la croissance, on transfère le morceau de blob qui a « poussé » la veille, et on ajoute une dose de flocons d’avoine (voir l’épisode précédent sur la phase de réveil). Dans les boites dédiées à l’exploration, on cherche à visualiser comment le blob se répand pour explorer son milieu. Pour cela, on découpe un petit cercle de blob, on le place au centre d’une nouvelle boîte, et on ne le nourrit pas afin qu’il se décide à aller explorer.

Vidéo (37s). La découpe à l’emporte-pièce d’un cercle de blob… la plupart du temps, c’est bien moins facile que ça !

Tout ce que l’on fait pour la partie expérimentale il faut évidemment le faire également avec la partie témoin.

Et ce n’est pas fini !

Après une certaine durée (sept heures ici), on fait les relevés. Il faut alors noter la température et l’hygrométrie à la fin de l’expérience, les minima et maxima subis pendant la durée d’expérience, et photographier chacune des 24 boites, pour pouvoir par la suite mesurer la capacité d’exploration grâce à un logiciel de traitement d’images. Il faut donc chaque fois placer la boîte à photographier sur un fond noir, à côté du thermomètre et d’un papier indiquant de qui il s’agit (Blob Morane… euh, non, ça c’est entre nous, en vrai il va s’appeller par exemple : Protocole nº 15, jour 5, Groupe contrôle boîte nº 6, 17h12). Et surtout, il faut veiller à ce qu’il n’y ait pas de reflet pour pouvoir traiter l’image… ce que je n’ai encore pas réussi à faire ! La gélose, c’est bigrement réflecteur !

Ci-dessous, deux photos qui seront envoyées au CNRS, avec la nomenclature idoine.

blob mort
On constate qu’après sept heures sous 30ºC, ce Blob Dylan n’a absolument pas exploré… il est même probablement mort. Photo: Iris Petitjean.
Blob Dylan
En revanche, son homologue Blob Morane, qui est resté à 20ºC, s’est étendu.

Après toutes ces prises de vues fastidieuses du fait de la nomenclature à effectuer pour chacune, il faut encore classer les photos, les transférer sur l’ordinateur, les renommer, puis entrer les relevés de température dans un tableur.

Quant aux blobs ayant exploré pendant la journée… ils sont sacrifiés (en les plaçant au congélateur). Comme j’ai compris que le blob n’était qu’une seule et même cellule, le fait de lui en prélever un morceau à l’emporte-pièce et de tuer ce morceau ne nuit finalement pas à l’organisme. Je me dis que c’est comme si j’arrachais une feuille d’un arbre : la feuille va mourir, mais l’arbre est encore là. Certes, en l’état de la recherche actuelle, on ignore si le blob est sentient, alors par défaut on considère qu’il ne souffre pas. Je préfère m’en tenir à ça. De toute manière, je n’ai pas la place pour laisser indéfiniment croître un blob. L’équipe de recherche nous a indiqué que les parties à sacrifier pouvaient être jetées au compost, et le premier jour j’ai donc innocemment versé les petits bouts de blob dans mon seau… qu’ils se sont empressés d’explorer de fond en comble !

Blob dans le compost
Les blobs s’éclatent dans mon compost. Photo: Iris Petitjean.

En fin de compte, je passe près de deux heures par jour à m’occuper d’eux, ce qui est bien plus chronophage que ce qui avait été indiqué lors de l’inscription à l’expérience. Et encore, au vu des commentaires que j’ai lus sur la page Facebook dédiée, je ne figure pas parmi les personnes qui ont le plus de problèmes, mes petits blobs étant fort dociles. Mais ils m’en font quand même baver, je vous raconterai mes déboires dans un prochain article !

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À propos de l'auteur
Écologue de formation, je concilie mes deux passions, les insectes et la typographie, en écrivant en pattes de mouche.
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2 réponses

  1. Merci pour cette « chronique » que je découvre aujourd’hui et que j’ai pris beaucoup de plaisir a lire.
    Bon rétablissement a Blob Morane et bon courage pour la suite.

    J’utilise un thermomètre de la même marque (sans la version hygromètre) pour mes protocoles. Un appui long sur la touche « min/max » me permet de réinitialiser le thermomètre. Peut être que cela fonctionne sur votre modèle également…

    1. Bonjour Midget, merci pour ce commentaire. Blob Morane va déjà mieux 🙂
      J’ai hélas tenté d’appuyer longuement sur les boutons de mon thermomètre, sans succès… Mais j’essaierai de nouveau, je m’y suis peut-être mal prise.

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