Le blob endormi est arrivé ! Comme la plupart des milliers de foyers participant à la grande expérience de science participative du CNRS, j’ai reçu mon nouveau cohabitant.
e blob endormi est arrivé par la poste, dans une enveloppe tout ce qu’il y a de plus simple. À l’intérieur de l’enveloppe, j’ai trouvé un petit sachet contenant quelques morceaux de papier-filtre, sur lesquels une petite forme desséchée dessinait de drôles de veines orangées. En effet, pour voyager, le blob a été mis en dormance sous sa forme de sclérote (cf. notre article précédent). Il peut même sans crainte attendre encore longtemps dans cet état, mais ma mission est de le réveiller, pour le préparer à l’aventure qui l’attend.
Pour ce projet participatif, les chercheurs travaillent avec 8 souches différentes issues de 2 espèces : 5 souches de l’espèce Physarum polycephalum et 3 souches de l’espèce Badhamia utricularis. Chaque souche a ses caractéristiques. Personnellement, j’ai reçu 4 fragments de la souche « LU352 ». C’est un blob de cette souche qui a accompagné Thomas Pesquet dans l’espace. LU352 résiste bien aux changements de température, et explore son milieu assez rapidement. Les 4 morceaux que j’ai reçus étant des clones, ils sont susceptibles de re-fusionner en un seul et même organisme.
PHAGOCYTHOSE
Afin d’obtenir assez de volume de blob pour mener les expériences, nous allons les faire grandir. Tout d’abord, il faut diviser chaque sclérote reçu en deux parties égales (concrètement on coupe chaque papier-filtre en deux) : une pour l’expérience et une autre pour le contrôle.
Les petits morceaux de blob endormis sont alors plongés dans l’eau pour les réhydrater, et posés sur leur substrat de gélose (ce substrat leur procure l’humidité nécessaire à leur développement et leur déplacement, tout en minimisant les risques de contamination).
À leur portée, on dépose ensuite le petit-déjeuner : une dose de flocons d’avoine. Pas trop près non plus, car les blobs sont comme tout le monde : ils n’aimeraient pas se réveiller ensevelis sous les corn-flakes.
Maintenant, on attend. Certains blobs se réveillent vite, d’autres moins… qu’en sera-t-il de mes petits LU ? Je vais nommer le témoin Blob Morane et l’expérimentateur Blob Dylan… Mais comme il faudra de nouveau les séparer et les faire grandir, ces noms ne sont pas figés ; et puis ils sont finalement un seul et même organisme.
Le lendemain, je constate que les quatre fragments se sont réunis en un seul organisme sur les céréales, dans chacune des deux boites. En revanche, aucun des deux blobs n’a fini ses flocons d’avoine. Eh bien, à chacun son rythme, on va retirer les flocons d’hier (qui ont ramolli, c’est peut-être que le blob n’aime pas les céréales trop molles) et en mettre de nouveaux.
Le surlendemain, les flocons d’avoine neufs ont été presque entièrement colonisés par les blobs ! Pour se nourrir, le blob recouvre son aliment et l’ingère par phagocytose, c’est-à-dire qu’il l’incorpore à l’intérieur de sa cellule. Rappelons que tout le corps du blob est une seule et même cellule. Il n’a pas de bouche, c’est un peu comme s’il aspirait par contact. Touché, c’est mangé.
Comme on veut continuer de les faire grandir, on les déplace dans une boite propre contenant la gélose, puis on leur redonne un peu à manger…
Moins de 24 h plus tard, c’est la panique ! Les blobs sont désormais bien éveillés… et affamés ! Ils ont colonisé toute la partie de céréales neuves, et l’un des deux commence même à vouloir explorer le monde hors de sa boîte ! Blob Morane s’étend à toute vitesse, et Blob Dylan est un tout petit peu plus précautionneux.
Le quatrième jour, les deux blobs ont entièrement colonisé leur boite :
Maintenant, on peut doubler la taille de l’élevage : de deux boîtes on en obtiendra quatre. On divise chaque blob en deux, et chaque demi-blob est mis dans une nouvelle boite, et approvisionné en nourriture. C’est parti, l’élevage est bien en route !
> Rendez-vous la semaine prochaine pour le 4e épisode de notre feuilleton Adopte un blob !