Le retour de la pluie suffira-t-il ? Les hérissons ont beaucoup souffert de la sécheresse prolongée, ennemi aussi redoutable que les voitures, l’anti-limace et le hibou grand-duc réunis. Dans son jardin du 93, Fabien Maréchal veille toujours sur Totoro.
Driiing ! Je suis en train de tondre mon jardin sous le cagnard, en veillant à laisser des zones de fouillis où pourront croître et multiplier les bestioles dont s’empiffre Totoro ‒ et qui, sinon, s’en iront boulotter mes concombres et baver sur mes tomates. Driiing !
C’est belle-maman qui téléphone. Noémie habite la petite couronne, à la limite entre Montreuil et Fontenay-sous-Bois. Elle vient de repérer un hérisson dans sa courette :
— Là, en plein après-midi ?
— Oui. Une mouche lui tournait autour.
— Aïe ! Très mauvais signe.
Le hérisson européen, mammifère nocturne, passe dix-huit heures sur vingt-quatre à dormir (pas étonnant que Gaston Lagaffe en ait adopté un, voir la planche ci-dessous). Une sortie diurne est toujours signe de problème : l’animal a faim, soif, il est malade… ou alors il a été dérangé (par un chien, un homme voire une tondeuse…).
Première urgence : le mettre à couvert, à l’ombre d’une haie ou sous un grand carton avec une ouverture (revêtez des gants de jardinage pour manipuler l’animal). Sinon, les mouches pondront sur sa peau et il sera dévoré vivant par les asticots. Donnez-lui une écuelle d’eau et des croquettes humidifiées (jamais de lait ni de pain). Plusieurs sites fournissent des conseils pour les urgences (1).
Belle-maman tente de faire boire son patient, qui lape difficilement. Sans doute trop affaibli par des semaines de météo sèche, qui l’ont privé d’eau et de nourriture, il meurt le lendemain. Moralité : ayez toujours un point d’eau pour les bébêtes de passage ‒ pas seulement les hérissons ‒ dans un recoin de votre jardin, même si vous êtes persuadé qu’aucun animal ne l’habite.
L’ÉCUELLE VIDÉE SYSTÉMATIQUEMENT
Et notre Gros Totoro ? Toujours fidèle à son écuelle du neuf-trois ! Son « concurrent » (voir l’épisode précédent) revient aussi maintenant tous les jours. Résultat : les fèces s’accumulent près de la cage à oiseaux qui abrite la gamelle. Il est de temps de nettoyer. De l’autre côté du jardin, une écuelle plus petite est également vidée systématiquement. Mais, j’ai beau me pencher sur les feuilles sèches, près du tas de bois, je n’arrive pas à déterminer si quelqu’un niche sous les branches ‒ là même où, voilà deux ans, j’ai vu une maman hérisson et ses trois petits.
Quelques jours plus tard, le ciel nous accorde enfin un peu de pluie. Au crépuscule, escargots et limaces sont de sortie, quoique en quantité nettement moindre que les années précédentes. Ce soir-là, je ne remplis pas l’écuelle des hérissons. Il ne faudrait pas qu’ils perdent l’habitude de croquer de l’escargot et du ver de terre al dente.
(1) Les sites en cas d’urgence : J’ai trouvé un hérisson, que faire ? ou Le sanctuaire des hérissons.
À lire aussi cet article de Ouest-France : Sauvons les bébés hérissons !
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