Épisode 4 : Totoro refait le plein après un accident de la route

Fabien Maréchal partage son jardin du 93 avec deux hérissons. Après le récit d’une collision spectaculaire avec l’un deux, il a observé le prompt rétablissement du mammifère.

Photo : Fabien Maréchal.
« Mmmh c’est bon de se désaltérer après quelques croquettes et escargots. » Photo : Fabien Maréchal.

Le hérisson a beau parcourir la Terre depuis une quinzaine de millions d’années – de quoi moucher ce gamin d’Homo sapiens –, j’avoue oublier parfois qu’il est autant chez lui que moi dans mon jardin du 9-3. Résultat, un soir, à la nuit tombée, en sortant par la porte de la cuisine, je grille la priorité à un hérisson qui arrive par la gauche en longeant le paillasson. Je freine trop tard. Ma chaussure le heurte de plein fouet. L’animal part en tonneaux et roule à deux mètres de là. Première réaction : pourvu qu’il ne soit pas blessé ! Seconde réaction : heureusement que je ne portais pas des tongs, mes orteils s’en souviendraient encore.

Mais le Totoro est doté d’une carrosserie à toute épreuve. Ses piquants font office d’amortisseurs. Après cinq minutes passées en boule, histoire de vérifier que le chauffard a bien disparu, le hérisson se carapate sans même rédiger de constat du côté des corbeilles d’argent (ne rêvez pas, c’est seulement le nom d’une plante grasse à fleur). Encore trois minutes, et il fait halte à la station-service pour son habituel plein de croquettes, arrosé d’une écuelle d’eau.

Photo : Fabien Maréchal.
Totoro met les pieds dans le plat. Photo : Fabien Maréchal.

Je vous parle de Totoro mais, faute de plaque d’immatriculation, il faut avouer que je ne différencie plus guère les deux hérissons qui fréquentent le jardin à peu près tous les soirs (pourquoi ont-ils cessé de venir tous les deux pendant trois ou quatre jours une paire de fois ? Mystère…). Le plus petit a grossi, et le plus gras n’a pas désenflé. Il est même possible qu’ils soient trois à arpenter les lieux mais, cette année, je n’en ai pas vu plus de deux en même temps.

ON CROIRAIT VOIR UN SERPENT

Mais au fait, par où arrivent-ils ? Eh bien, comme tout le monde : par la porte qui donne sur la rue (je regrette d’avoir installé la sonnette un peu trop haut pour eux). L’espace entre le béton et le bas de la grille mesure environ 7 cm de haut. Mais le Totoro est un contorsionniste hors pair, capable de se glisser dans des espaces trois fois plus petit que lui. Par exemple, sous le très moderne portail électrique coulissant de mon voisin d’en face, qui ne doit pas offrir plus de 5 cm de hauteur sous plafond.

Mais j’ai vu plus impressionnant encore : un hérisson parvenant à se faufiler sous l’épais grillage qui sépare mon jardin de celui du voisin de derrière, et tout cela après avoir escaladé. Une fois devant l’obstacle, le hérisson passe le museau, puis on croirait voir un serpent. Les piquants ondulent d’avant en arrière, et le Totoro progresse centimètre après centimètre, patiemment. En deux minutes, l’affaire est pliée, et voici un nouveau territoire de chasse à l’escargot. Peut-être serait-il temps que je dise à mon voisin de cesser de se promener pieds nus ?


Cet article vous a intéressé ? Soutenez le journal minimal.

Pour suivre les publications de mon journal préféré, je reçois la lettre minimale, chaque 1er jeudi du mois. Bonne nouvelle, c’est gratuit et sans engagement !

Partager cet article

À propos de l'auteur
Journaliste au magazine National Geographic France, auteur, j’essaie de débusquer dans ma banlieue de Seine-Saint-Denis quelques atomes d’enfance à la campagne.
Articles similaires
Du même auteur
Écrire un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Rechercher