Épisode 2 : Baston pour les croquettes

Dans le jardin, l’écuelle de croquettes humides attise les convoitises. Cette nuit, Totoro le hérisson a de la concurrence.

Photo : Fabien Maréchal
Totoro attaque son repas de croquettes pour chat, quand un rival tente l’incruste (Photo : Fabien Maréchal).

En ce printemps, comme tous les soirs, Totoro le hérisson croque relax ses croquettes pour chat sous son spot favori : la cage à oiseaux installée près de la haie d’un jardin, au fond du neuf-trois, dans une zone pavillonnaire jouxtant une cité tout ce qu’il y a de plus HLM.

Si les humains sont jouasses du soleil qui règne depuis des semaines, les hérissons l’ont mauvaise. Où trouver à boire ? À manger ? La surface du sol est sèche, alors adieu les vers de terre ; les escargots se la jouent couvre-feu même lors de la rosée ; et la grande saison des insectes n’est pas encore arrivée ‒ ha ! un bon coléoptère, un mille-pattes, une chenille.

5 000 PIQUANTS SUR LE DOS

Bref, à la période où tout hérisson a la dalle post-hiver, le menu combo croquette+eau est the place to be du quartier. Mais, ce soir, Totoro se radine à la bourre, vers minuit et demie. C’est alors qu’un rival sort du couvert d’hémérocalles (des lys orange) pour taper l’incruste.

Totoro, c’est le Mr. T des insectivores. Il a passé l’hiver sous un tas de feuilles de bambou et de troène, à côté du portillon du jardin, mesure dans les 25 cm et porte environ 5 000 piquants sur le dos. À son meilleur, il doit chatouiller le kilo. Son rival, quoique bien moins gros, ne se démonte pas et se poste à côté de la cage à oiseaux.

Wikipedia, Mr. T
Mr. T, héros de l’Agence tous risques (une série TV des années 80), orne ici un paquet de céréales.

Ça commence à souffler fort. « Fchhhh, fchhhh, fchhhh » : on dirait qu’ils gonflent un pneu à la pompe à vélo. Le hérisson « sait se défendre sans combattre, et blesse sans attaquer », rapportait le naturaliste Buffon. Mais quand ils passent en mode chanmé, ces petits mammifères peuvent pousser des cris très explicites, se rentrer dedans à la barbare et se mordre. Surtout lorsqu’une femelle est en jeu ‒ or la saison des amours dure d’avril à août.

Mais, cette nuit, la baston tourne court. Totoro est trop avantagé : il est in da place, (pardon : dans la cage) et l’autre n’a nul moyen de l’en déloger. Surtout qu’approche un horrible animal à deux pattes, plus haut qu’un framboisier, qui veut leur tirer le portrait. L’intrus décanille dans ses hémérocalles.

Au petit jour, toutefois, l’écuelle de la cage est totalement vide, alors que Mr. T ne mange jamais tout d’un coup. Pour faire la lumière sur cette affaire, j’ai déposé une seconde gamelle, de l’autre côté du jardin, près du tas de bois. Et l’ai retrouvée vide au matin. Pour sûr, plusieurs individus trempent dans le biz. Sont-ils deux ? Trois ? Plus ? L’enquête est en cours.


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À propos de l'auteur
Journaliste au magazine National Geographic France, auteur, j’essaie de débusquer dans ma banlieue de Seine-Saint-Denis quelques atomes d’enfance à la campagne.
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