Réveillez vos désirs

En pleine période des soldes, un livre utile pour tous ceux qui aspirent au minimalisme. Le psychiatre Michel Lejoyeux y explique comment savoir ce que l’on veut vraiment.

Photo : Juliette Neige

Le genre
Essai.

Le pitch
S’appuyant essentiellement sur la psychologie comportementale, ce livre donne des solutions pour avancer dans la connaissance de soi sans forcément passer par le chemin long et douloureux de la psychanalyse.

L’auteur
Professeur à l’université Paris 7, Michel Lejoyeux dirige les services de psychiatrie et d’addictologie des hôpitaux Bichat et Maison Blanche (Paris).

Mon humble avis
Cet ouvrage drôle, qui fourmille d’anecdotes, est un outil pour vivre mieux avec soi-même et avec les autres. Le propos peut être surprenant, comme « se contenter des plaisirs simples en regardant souffrir les gagnants du Loto » confrontés à trop de satisfactions, ou « retrouver l’envie de travailler grâce à la sieste ». Cependant, si nous nous prêtons au jeu des petits exercices d’introspection que propose le Pr. Lejoyeux, c’est par nous-mêmes et nos vrais désirs que nous risquons d’être le plus surpris !

Une phrase du livre
« Il n’est jamais trop tard pour réaliser sa vocation ou le désir fondamental de sa vie. »

Un extrait du livre
« Si en dehors de cette période ceux qui dépensent trop s’attirent des reproches, tout est fait pour qu’au moment des soldes, ce soit le non-acteur, celui qui n’a envie de rien, que l’on culpabilise. Il ne profite pas des réductions et il perd potentiellement de l’argent. Les soldes permettent aussi une compensation des envies non satisfaites le reste de l’année. On se console par des achats inutiles et à moitié prix de tout ce que l’on n’a pas pu s’offrir et qui nous aurait pourtant vraiment fait plaisir.
Les soldes sont surtout des cadeaux que l’on se fait à soi-même. Il n’est pas facile en effet d’acheter à moitié prix un cadeau à son amoureux ou ses amis. Il l’est encore moins de lui dire, au moment où il ouvre son paquet : « Je l’ai choisi parce qu’il ne valait presque rien. »
Comment résister à cette fièvre ? C’est une question que l’on me pose souvent tant la saison des soldes peut rendre fous ceux qu’elle saisit. […] Ils achètent, sans l’essayer, un vêtement qu’il ne porteront peut-être jamais et qui ne leur plaît pas plus que ça. Ils ont pourtant fait des repérages la vielle du jour J et attendent la date fatidique comme le seul moment où ils peuvent congédier leur sentiment de culpabilité face à la dépense.
Quelques questions à se poser avant les soldes pour connaître ses vraies envies :
– Ai-je besoin de l’objet en solde ou ai-je seulement envie de faire une bonne affaire ?
– Achèterais-je ce vêtement s’il portait une autre marque ?
– Quel objet non soldé me ferait plus plaisir au même prix ?
Pour survivre sans se ruiner, mieux vaut regarder dans ses armoires ce que l’on a déjà plutôt que dans les magasins ce que l’on pourrait avoir en plus. Ensuite, on peut faire l’inventaire de ses vrais désirs qui ne sont pas déclenchés par le pourcentage de réduction. »

Michel Lejoyeux, Réveillez vos désirs, Plon, 2014, 269 pages.

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À propos de l'auteur
Je cultive, quelque part, mon lopin de terre, que je fais tout pour transformer peu à peu en petit coin de paradis.
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Une réponse

  1. Esquisse 38
    La beauté s’éprouve. Nous parlons de beauté quand une œuvre, qui est l’aboutissement d’un long travail d’intégration accompli par l’artiste, produit en nous, dans l’activité du corps, un phénomène d’intégration inhabituel et qui nous comble.
    Cet effet peut paraître infini parce qu’il nous porte au-delà de nos régimes d’activité habituels et que les œuvres, les grandes, le produisent à nouveau chaque fois que nous les rencontrons. La beauté n’en est pas moins le caractère du fini parce qu’une œuvre accomplie ne peut être modifiée et que, devant la beauté, nous nous arrêtons ; nous ne désirons plus rien d’autre. L’étude de la beauté est l’étude des formes supérieures d’intégration.
    Mais un corps en mouvement, une démarche, un geste, un sourire, un mot juste peuvent provoquer le même saisissement. La beauté n’est pas seulement dans les œuvres. Un paysage nous comble quand nous percevons soudain en lui une cohérence particulière.
    C’est toujours l’intégration qui crée ce phénomène. La fonction ne produit que la répétition ou la prolifération. Mais une démonstration mathématique ne peut-elle pas être belle, me dira-t-on ? Si, parce qu’elle est une démonstration, c’est à dire une opération finie, après laquelle on s’arrête.
    La beauté n’est pas sans rapport avec la mort : qui a connu la beauté peut quitter le monde sans regret.

    Esquisse 39
    L’ « Ethique » se termine par cette proposition :  » La Béatitude n’est pas la récompense de la vertu, mais la vertu elle-même ; et nous ne jouissons pas d’elle parce que nous maîtrisons nos passions, mais c’est au contraire parce que nous jouissons d’elle que nous sommes en mesure de les maîtriser. »
    Cette proposition , qui découle de tout ce que Spinoza a établi dans son ouvrage, est dirigée contre les religions qui promettaient à la vertu pratiquée ici-bas la béatitude dans l’au-delà, mais elle énonce aussi une loi.
    Nous progressons non pas en réprimant, mais en intégrant les forces qui sont en nous de façon à ce qu’au lieu de contrarier, elles créent ensemble une activité plus intense et plus féconde. C’est en avançant dans cette voie que nous satisfaisons progressivement notre désir essentiel. Or plus nous avançons, plus nous renonçons aux désirs inessentiels. Mais c’est encore trop dire que nous y renonçons : ils s’atténuent et disparaissent -ou subsistent, mais subordonnés.
    Telle est, en d’autres termes sue les siens, la loi qu’énonce Spinoza -et qui fournit la clé de la crise. Nous pouvons limiter notre consommation sans vivre moins bien, voire en vivant mieux, nous dit-on. Cette recommandation est insuffisante parce qu’elle n’indique pas d’où peut venir la force d’agir ainsi : de notre désir essentiel. Nous ne surmonterons pas la crise en nous bornant à combattre ses effets par la limitation des appétits : nous la surmonterons en réalisant progressivement notre désir le plus profond, ce qui réduira nos appétits, donc notre consommation, et nous fera prendre le plus grand soin de ce qui reste de ressources sur notre précieuse planète.

    Esquisse 40
    On rêverait assurément si l’on comptait sur la conversion soudaine de tous à une telle forme de vie. Mais, plutôt qu’à une conversion, il faut penser à une tâche collective, à une éducation progressive de tous par tous. Il faut nous engager dans une œuvre de « civilisation », au sens que les penseurs des « Lumières » ont donné à ce mot, dont ils ont été les inventeurs.

    Esquisse 41
    La civilisation n’est pas un luxe. Elle est l’alternative à la catastrophe. C’est désormais l’un ou l’autre : le capitalisme ou la civilisation.
    Jean-François Billeter Esquisses Allia

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