Et si nos gouvernants, qui se réfèrent habituellement au PIB pour évaluer le bonheur national, s’inspiraient du Bhoutan ? Ce petit pays d’Asie cherche à promouvoir le bien-être de ses habitants.
En 2008, sous l’impulsion de son souverain, le royaume du Bhoutan, ancien protectorat britannique, se dote d’une constitution. Des partis politiques naissent et des élections remplissent deux chambres de représentants du peuple.
La monarchie s’ouvre à la démocratie et pousse loin l’expérience progressiste. Il s’agit, pour ce petit pays de 750 000 habitants aux faibles ressources, de prendre ses distances avec la course effrénée à l’enrichissement financier. Le Bhoutan va chercher à promouvoir concrètement le bien-être de ses citoyens. La poursuite et, pour cela, la mesure du bonheur deviennent un principe constitutionnel.
La poursuite du bonheur est encadrée par un conseil national qui veille à ce que toute action respecte quatre principes :
- Un développement économique et social, durable et équitable ;
- La préservation et la promotion des traditions culturelles bhoutanaises ;
- La sauvegarde de l’environnement ;
- Une bonne gouvernance.
Concrètement, les résultats sont assez spectaculaires :
- L’agriculture sera convertie à 100 % en bio d’ici 2020 ;
- Le Bhoutan est le seul pays au monde à présenter un bilan carbone négatif ;
- En 2015, 49 672 arbres on été plantés en 1 heure !
- les panneaux publicitaires, la vente de cigarettes et les chaînes de fast-food sont interdits ;
- Les soins médicaux sont gratuits pour tous ;
- Le tourisme de masse n’est pas encouragé.
Mais le modèle bhoutanais présente cependant quelques limites : la politique du pays n’est évidemment pas du goût de tous. Certains considèrent que le bonheur ne se décrète pas par des obligations et des interdictions. Les résultats n’ont rien de miraculeux non plus ; 25 % des bhoutanais vivent encore sous le seuil de pauvreté et le nombre des automobiles ne cesse d’augmenter.
Néanmoins, pour Marie-Monique Robin*, journaliste et documentariste ayant enquêté sur le Bhoutan, il y a « un effort sincère de penser autrement » dans « un pays qui s’ouvre peu à peu à l’extérieur mais qui ne veut pas n’importe quel progrès ».
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