Équiper les jardiniers de souffleurs de feuilles même quand il n’y a pas de feuilles, n’est-ce pas entretenir le machinisme à tout crin ? On est en droit de se le demander !
e vois, et surtout j’entends, de plus en plus de souffleurs de feuilles. Or, bien souvent, les préposés aux « espaces verts », employés par des sociétés privées ou de collectivités, manient leur souffleur de feuilles dans un contexte où… il n’y a ni feuille au sol, ni débris végétal. Excédé, j’ai filmé de loin leur manège (voir ma vidéo plus bas) !
Ces engins sont horribles. C’est comme un moteur de mobylette que les opérateurs se mettent sur le dos. Aux aurores, dans les zones plus ou moins urbanisées, le vacarme qu’ils produisent est impitoyable. D’abord apparus à l’automne, quand les arbres ont perdu leurs feuilles, les souffleurs de feuilles sont maintenant employés en toute saison.
OÙ SONT LES FEUILLES ?
En automne, quand il y a beaucoup de feuilles mortes à rassembler avant leur ramassage sur les trottoirs des villes, on peut éventuellement comprendre l’usage de souffleurs de feuilles dans certaines circonstances. Mais qu’est-ce qui peut justifier la banalisation de ces machines tout au long de l’année dans l’espace public, infligeant tant de décibels supplémentaire aux citadins, déjà bien servis en la matière ?
C’est que le machinisme gagne encore, toujours et partout, du terrain. On peut légitimement se demander comment les communes, les départements, les régions, osent encore prononcer ou écrire des mots comme « développement durable » et autre vœux du même genre dans leur communication tout en acquérant des engins aussi polluants.
Pourtant, il y a eu récemment une prise de conscience concernant l’usage des pesticides dans l’entretien des espaces verts urbains. Désormais, l’arrachage manuel ou le brûlage sont privilégiés pour se débarrasser des herbes non désirées, mais qu’attend-on pour en finir avec la folie des moteurs ? Maintenant la moindre parcelle, même la plus modeste, est traitée à l’artillerie lourde faite de souffleuses, débroussailleuses, tondeuses voire méga tondeuses. Les particuliers ne sont pas en reste qui semblent s’équiper à titre individuel de la panoplie complète dès l’acquisition de quelques mètres carrés de pelouse.
GÉNÉRALISATION DES OUTILS LOURDS
Alors que faire ? Je comprends qu’il soit compliqué d’échapper à l’engrenage techniciste du monde moderne. Revenir à des moyens légers, dès lors qu’on peut faire un travail avec une grosse machine sur le dos, ce serait comme repasser du statut de technicien à celui de balayeur. C’est socialement inacceptable dans l’échelle actuelle des valeurs et les inconvénients objectifs semblent peser peu : le poids sur le dos des opérateurs, le bruit au détriment de tout le monde, la pollution urbaine engendrée par tout moteur thermique…
Il faut pourtant s’interroger sur cette généralisation des outils lourds quand leurs usages inappropriés explosent. La question est la suivante : la « transition écologique », cette nécessité vitale mais hélas trop souvent transformée en slogan marketing aussitôt oublié, est-elle compatible avec toujours plus de moyens techniques en tous genres, de bruit toujours accru, de consommation d’énergie, de pollution ?
À lire aussi, nos précédents articles sur le sujet :
> Les souffleuses de feuilles, ces machines absurdes et dangereuses
> Les feuilles mortes ne se ramassent plus à la pelle
3 réponses
Dans certains états aux Etats-Unis, ces souffleuses sont interdites, surtout celles aux trop gros décibels. En France aucune restriction, on peut nous bousiller nos oreilles en toute tranquillité. Quant à l’utilisé de ces machins, sur les trottoirs et les routes admettons, à tout autre endroit c’est d’une stupidité et d’une inutilité sans nom, voir pire, puisqu’on retire une biomasse qui aurait été réutilisée dès l’année suivante… Idem pour les coupes à ras de l’intégralité des pelouses des villes, même celles à plusieurs mètres des lieux de passages : en quoi ça dérange de transformer des pelouses en prairies ?
STEPPENWOLF, les souffleurs sont utilisés le plus souvent après la tonte. Pour repousser dans l’herbe les projections de tondeuse et débroussailleuses.
Comme vous je déplore l’usage de l’enclume pour écraser une mouche. Mais là ce n’est pas le cas.
Je vous propose d’aller « pousser le balai » sur des centaines de m² quelques journées. Histoire de vous faire un avis fondé sur la pénibilité de ces tâches d’entretien.
Et si on repassait de l’ordinateur à la machine à écrire dans tout les bureaux? L’économie d’énergie serait peut être 100 ou 1000 fois supérieur à celle de toute les souffleuses. Mais qu’en penseraient les premiers intéressés?
Cela dit merci pour votre article qui permet de remettre en question des habitudes que l’on pourrait (ou pas) tordre.
Quand il n’y aura plus de pétrole ou que cela sera devenu totalement inaccessible à cause du prix (et on est sur la bonne voie..), on reviendra au balai (en plus ça maintient en forme !!)