Connaissez-vous Ivan Illich ? Homonyme d’un héros de Tolstoï, ce grand philosophe a beaucoup fait avancer la réflexion anti-capitaliste au 20e siècle. Portrait.
Identité
Ivan Illich
Né le 4 septembre 1926 à Vienne (Autriche), mort le 2 décembre 2002 à Brême (Allemagne).
Profession : philosophe, universitaire et essayiste
Signe particulier : parlait une dizaine de langues
Principal fait d’arme
En 1961, il fonde à Cuernavaca, au Mexique, une université libre et sans diplôme. On y recrute enseignants et étudiants par petites annonces dans la presse américaine ; vient qui est intéressé. Ivan Illich mettra un terme à l’expérience en 1976, jugeant que sa mission de popularisation culturelle avait atteint son but.
Démarche
Si pour Sartre, l’enfer c’est les autres, pour Illich le cauchemar ce sont les institutions : école, industrie, religion… Selon lui, elles finissent toujours par atteindre un stade où elles nuisent plus qu’elles n’aident.
Connu et reconnu pour ses travaux sur l’éducation, promoteur d’une société déscolarisée, Ivan Illich est également l’auteur de concepts novateurs tels que, par exemple, le classement des outils (au sens large) selon leur convivialité. Il étudie la bicyclette, le téléphone, la force hydraulique ou le monte-charge et montre qu’il s’agit d’outils conviviaux car ils sont efficaces et élargissent le rayon d’action personnel. Tandis que l’école (qui génère des cancres et des inégalités pour toute la vie) ou l’automobile (qui refaçonne notre rapport à la ville au détriment des piétons et de cyclistes) dominent l’homme et le contraignent.
Il approfondira ses travaux sur la voiture en proposant un mode de calcul réel de son efficacité au regard des nuisances qu’elle engendre. Ce dernier thème inspirera les créateurs du label Cittaslow (cf. mon récent article sur le mondial des villes lentes) et le mouvement sans voitures Carfree.
Extrait
Ivan Illich en 1972, entretien en français avec l’activiste Jean-Marie Domenach, sur le thème de la mythologie occidentale et de la critique du capitalisme. Durée : 51 min 27 s.
Bio express
1926 : naissance en Autriche, d’une mère issue d’une famille juive allemande convertie au christianisme et d’un père catholique croate.
1942 : il fuit les nazis avec sa mère et s’installe en Italie où il va étudier à l’université catholique et devenir prêtre.
1975 : il publie Énergie et équité, ouvrage fondateur du mouvement anti-voiture, dans lequel il remet en cause la toute puissance de l’automobile dans la société moderne.
Réseau
Ivan Illich a été influencé, entre autres, par le sociologue des civilisations Arnold J. Toynbee, le théoricien de l’éducation sans école Everett Reimer et l’économiste Léopold Kohr, un des pionniers du concept de décroissance, inventeur de la formule « Small is beautiful ».
Parmi les disciples d’Illich, on compte notamment le théoricien de l’écologie politique André Gorz ainsi que l’économiste allemand Wolfgang Sachs, précurseur de la critique du « développement ». Dans son ouvrage Une question de taille (2014), le mathématicien et philosophe Olivier Rey s’appuie sur les travaux d’Illich relatifs à la convivialité pour dénoncer les problèmes d’échelle de nos sociétés occidentales.
Une réponse
2022 est une année de commémoration d’Ivan Illich 20 ans apres:
– université de théologie œcuménique de Fribourg en Suisse avec Professeur Habensleben et Thierry Paquot…
– château de Memillon en Eure et Loir, le samedi 12 novembre où Ivan Illich venait rendre visite à son frère Sacha
– serie d’émissions radio RGC avec podcasts de Serge Adam
– etude du professeur Sylvain Piron sur Ivan Illich par rapport à Marcel Gauchet et le désenchantement…