Il y a quelques années, c’était simple de faire les courses : je choisissais ce qu’il me fallait dans les magasins, j’allais à la caisse, on m’annonçait le prix et je payais. Aujourd’hui, il y a un inévitable protocole à respecter avant de régler ses achats : le rituel de la carte de fidélité. Si je l’ai, je la cherche dans le fouillis de mon portefeuille avant de la tendre au caissier et je cumule des « points » qui me permettront ensuite d’obtenir des remises sur mes futurs achats.
Si je ne l’ai pas, j’ai deux solutions. Je peux me soumettre à la récitation inévitable de mes « données personnelles » (au minimum : prénom, nom, email, date de naissance). Ou, si je suis fatiguée, si je n’ai pas envie de m’ajouter une carte de plus dans mon portefeuille, si je sais que jamais je ne reviendrai dans ce magasin, bref, si je n’en ai pas envie, alors je me prépare à dire non.
« JE VOUS L’OFFRE, ELLE EST GRATUITE »
Et « non » est un mot qui a du mal à prendre tout son sens dans les oreilles des vendeurs, comme j’ai pu l’expérimenter hier soir dans un magasin où j’ai dû subir encore une fois l’inévitable dialogue de « la carte du magasin » :
— Je vous l’offre, elle est gratuite !
— Non merci.
— C’est dommage, elle permet de bénéficier de remises intéressantes et de ventes privées.
— Oui, mais non, merci.
— Vous avez également les retouches gratuites.
— Non. Merci !
Je veux payer mes fichues courses et rentrer chez moi !
Regard de la vendeuse qui dit à la fois sa déception et son mépris : vous êtes vraiment stupide de ne pas profiter des avantages que je vous offre.
Pourquoi faut-il s’infliger ce sketch pénible à chacune de nos courses ?
MAUVAISE AFFAIRE
Et puis, je déteste être prise pour une idiote. Car la carte de fidélité « gratuite » ne l’est pas, finalement ! Nous la payons en achetant bien plus de produits que nous ne l’aurions fait si nous n’avions pas été appâtés par les remises, les ventes privées ou les bons de réductions à durée de vie limitée auxquels elle nous donne accès.
La carte de fidélité ne fait pas faire des « économies » puisqu’elle nous pousse à dépenser pour accumuler des produits que nous n’aurions pas achetés si l’on ne nous avait pas fait croire que nous faisions une bonne affaire. Les vraies économies, c’est l’argent que nous ne dépensons pas !
J’AI FINI PAR VIDER MON PORTEFEUILLE
Quand je suis rentrée chez moi, j’étais donc agacée. Alors, quand j’ai trouvé ma boîte aux lettres pleine de catalogues et de courriers promotionnels, j’ai failli démonter la poubelle du hall en y jetant avec rage tous ces papelards ! Pourquoi devrais-je perdre mon temps – et gâcher mon énergie – à dire « non » aux vendeurs, à effacer quantité d’emails promotionnels et à jeter les catalogues ou les courriers qui envahissent ma boîte aux lettres ?
Arrivée dans mon salon, j’ai posé mes affaires, vidé mon portefeuille, attrapé une paire de ciseaux et, lentement, soigneusement, j’ai coupé en quatre chacune de mes cartes de fidélité avant de les jeter à la poubelle. Ça m’a fait un bien fou. D’un coup, je me suis sentie plus légère.
14 réponses
Bravo! pour ma part, il y a belle lurette que je refuse les cartes et c’est avec une certaine jouissance que je réponds : je ne suis pas fidèle!!!!
C’est une amusante façon de décliner !
Je prends ! 🙂
Je suis un homme, et je dis aussi « je suis infidèle », ou bien même « Vous savez, j’ai beaucoup de problème avec la fidélité », en appuyant ce propos d’un regard un peu ambigu dans les yeux de l’interlocuteur qui est en général d’ailleurs une interlocutrice, et la plupart du temps le dialogue s’arrête net, j’ai parfois droit à un sourire « entendu » !!!…
Utiliser l’humour et la séduction, voilà une belle manière de résister 🙂
Après avoir vu l’enquête d’Élise Lucet à la télé, j’ai fait pareil avec les miennes (2 seulement!).
Bravo Nounedeb ! 🙂
J’ai quelques cartes de fidélité mais c’est pas pour ça que je vais acheter ou acheter plus.
Je ne m’en sers que quand j’en ai besoin.
Mais c’est vrai que c’est chiant que les vendeuses essayent de vous « vendre » les cartes de fidélité.
Devoir sans cesse repousser les sollicitations des vendeurs, du marketing et de la publicité, c’est usant et effectivement très « chiant », Alexandra 🙂
Idem, je réponds que je ne suis fidèle qu’à mon épouse et à ma maîtresse.. qui m’en donnent beaucoup plus que le supermarché.
Et là… sourire gèné, affaire classée.
?
Bonjour, il y a bien longtemps que je me suis débarrassé des cartes de mercantis; il faut savoir que certaines enseignes mettent leurs caissières en concurrence pour placer en 1 semaine un maximum de cartes, avec prime à la clé pour la gagnante…
Merci pour cette précision ! C’est logique : les marques ont bien plus à gagner que nous à nous rendre fidèles ! ?
Moi aussi je dis non aux cartes de fidélité, qui sont un moyen de recueillir de l’information sur nous et nos « habitudes d’achats », et d’en extraire de savantes analyses qui serviront à encore mieux nous vendre plus de choses… Quant à la question du dialogue avec la caissière, je pense que le plus souvent ça les blase autant que nous, mais comme le fait justement remarquer OD, il y aussi très certainement de la « prime au mérite » pour les caissières qui placeront le plus de cartes. Alors, à la question « avez vous la carte de fidélité? », j’essaie de mettre suffisamment de conviction et de fermeté (avec le sourire hein quand même!) dans mon « non » pour que ça n’aille pas plus loin. Et si ça va plus loin, je m’arme de courage pour expliquer que je ne souhaite pas que l’enseigne recueille des informations sur moi et mes habitudes d’achats (et si je parle un peu fort, les autres clients en profitent: en voilà un bénéfice intéressant, non?!).
Un bénéfice tout à fait intéressant, effectivement Sophie 😉