De l’arsenic, du mercure et du nitrite de sodium ras le caddie

L’application collaborative Open Food Facts déchiffre la composition des produits alimentaires et leur attribue une note. Bien utile, pour faire ses courses.

"Sur...consommation", Palais de Tokyo 2006 (crédit photo : C-Reel).
« Sur…consommation », Palais de Tokyo 2006 (crédit photo : C-Reel).

Avec trois enfants plus un chat à nourrir, je n’ai pas les moyens de bouder la grande distribution. Ni le loisir d’analyser chaque étiquette, armé d’une loupe, à la recherche des additifs, des conservateurs et des perturbateurs endocriniens dont raffole l’industrie agro-alimentaire.

J’ai donc été très intéressé d’apprendre l’existence d’Open Food Facts, une base de données libre et ouverte qui permet de décrypter la composition de près de 84 000 produits alimentaires.

Son fondateur, Stéphane Gigandet, un informaticien créateur de blogs de cuisine, s’est inspiré du projet Open Street Map, le site alternatif à Google Map qui permet à tous les citoyens de créer et de partager des informations cartographiques. Sur le même principe, Open Food Facts est ainsi alimentée de manière collaborative par un millier de contributeurs. Chaque internaute peut rejoindre le réseau et ajouter ou modifier des données, à la manière de Wikipédia.

Comment utiliser Open Food Facts ? Il suffit de télécharger cette application gratuite sur son smartphone, puis de scanner le code barre du produit pour obtenir sa photo, la liste des ingrédients (dont les conservateurs et additifs) et leur origine, et sa composition nutritionnelle [NDLR : un peu de patience est parfois nécessaire, cela ne se charge pas toujours instantanément]. À partir de ces informations, Open Food Facts note le produit, sur une échelle de A à E allant du plus ou moins équilibré, d’un point de vue alimentaire.

Capture d'écran d'OpenFoodFacts.
Capture d’écran d’OpenFoodFacts.

Pour ceux d’entre nous qui s’intéressent particulièrement à l’empreinte carbone de leur caddie, Open Food Facts peut être avantageusement complété par Noteo, qui attribue une note environnementale à chaque produit répertorié.

Avant de m’aventurer au supermarché, j’ai testé l’appli dans ma cuisine, en commençant par scanner le pot de confiture industrielle « façon grand-mère » qui se trouvait à portée de main. Ma chère pomme-rhubarbe a écopé de la note D : trop sucrée, coupée à l’E440 et au colorant. Moi qui achetais volontairement « de la marque » pour m’éviter ce genre de désagrément !

Piqué au vif, j’ai ouvert mes placards et scanné, scanné, scanné. J’ai même invité ma fille à « jouer à la marchande ». La petite soupe de légumes bio du soir ? Bourrée de sucre ! Le poulet fermier label rouge ? À l’arsenic ! Le jambon cuit bio, parfois ajouté aux purées de bébé ? Saupoudré de nitrite de sodium cancérigène ! Le thon albacore que nous affectionnons tant, minou et moi ? Au mercure ! Et ainsi de suite…

Au total, plus du tiers du contenu des placards et du frigo ne méritait pas mieux qu’un D ou un E… et seul le quart obtenait la note A. Moi qui croyais consommer écoresponsable !

Un des principaux avantages du site Open Food Facts, est qu’il permet de trouver de quoi remplacer tout ça, en recherchant des produits similaires, selon certains critères (sans sel, sucre ou additif…).

Photo : Jacques Tiberi
« Ma fille teste l’appli au supermarché » (photo : Jacques Tiberi).

Dès le lendemain, dans une démarche amicale et citoyenne, je proposai à mes voisins de tester l’application tout en faisant nos courses ensemble au supermarché. Une heure plus tard, nos gamins respectifs scannaient leurs produits favoris. Et, soudain… miracle ! Reposant sa mousse au chocolat – jusqu’alors in-dis-pen-sable – ma fille choisit une compote bio, notée B. Idem pour ses habituels « raviolis verts », le jus d’orange, le dentifrice…

J’ai désormais une liste de produits de supermarché bios et équilibrés : quinoa, thon en boîte, chocolat équitable, etc. Pour le reste, je suis retourné chez les commerçants du quartier. Et bientôt, grâce au nouveau site Open Beauty Facts, ce sera au tour des produits cosmétiques et d’hygiène de nous révéler leurs mystères !

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À propos de l'auteur
Journaliste et juriste, je me passionne pour toutes les innovations et, surtout, les débats de société qu’elles soulèvent.
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7 réponses

    1. Pas d’inquiétude vous pouvez toujours vous faire imprimer par un proche la liste des substances nocives et la garder dans votre portefeuille. Personnellement je fais ça car il n’y a pas toujours de réseau dans les supermarchés !

  1. « Génial » (comme on dit maintenant !…) le site OpenFoodFacts qui permet de voir – notamment – la note qualitative nutritionnelle donnée à un produit. Et puis le smartphone n’est pas indispensable, il suffit d’entrer les chiffres du code barre… La plupart des produits que je détiens sont D ou E mais ne le répétez pas, j’ai déjà suffisamment mauvaise conscience !!!…

    1. Il faut reconnaître que pour avoir un frigo 100% A… mieux vaut abandonner la plupart des produits qui portent des codes barres !

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