Ces deux sœurs jumelles viennent de lancer la toute première boutique de fringues 100 % véganes de la capitale. Entretien avec Maud, par ailleurs manager du groupe électro déjanté Sexy Sushi.
Paris vit une intéressante révolution dans la mode avec l’apparition d’une toute première boutique de vêtements 100 % véganes. Manifeste011 vient en effet d’ouvrir ses portes au 14 rue Jean-Macé, dans le 11e arrondissement. Les instigatrices ? Maud et Judith Pouzin, la trentaine, jumelles parisiennes stylées et engagées (Maud est la manager du groupe électro Sexy Sushi). Elles ont fini par plaquer leur job d’attachée de presse et de directrice commerciale pour s’investir dans ce projet inédit. Entretien avec Maud.
Quel est le concept de votre boutique de mode végane ?
Ma sœur et moi sommes concernées par les problématiques environnementales depuis plusieurs années, tout en étant très sensibles à la mode. Le documentaire The True Cost sorti en 2015 nous a fait prendre conscience des conséquences de l’industrie de la mode sur l’environnement, le respect des droits de l’homme et la société elle-même. Cela nous a donné envie d’agir pour changer les choses.
Dans le même temps, nous avons commencé une transition vers le véganisme. Nous nous sommes alors rendues compte qu’il n’existait pas de boutique de mode végane et responsable à Paris, et qu’il était compliqué de trouver les articles de mode qui nous plaisent tout en respectant des critères de responsabilité. Pourtant, non seulement les véganes expriment ce besoin, mais des non-véganes aussi sont enclins à acheter un article de mode végane si celui-ci leur plaît. Et ce d’autant plus s’il est produit de manière respectueuse. C’est aussi pour répondre à ce besoin, qui nous concerne en premier lieu, que nous avons décidé de créer Manifeste011.
En quelques mots, Manifeste011 c’est quoi ?
La première boutique de mode végane à Paris. Nous avons envisagé cet espace comme un laboratoire, où sont expérimentés et utilisés des modes de fonctionnement (lumière, gestion des déchets, consommation énergétique…) et des matériaux (packaging, agencements…) innovants et écologiques.
Comment peut-on s’habiller végane aujourd’hui des pieds à la tête et qu’est-ce que cela signifie ?
La mode végane est fabriquée sans aucun produit d’origine animale (cuir, laine, soie…). Du coup, les vêtements sont fabriqués en lin, en coton ou en pinatex (cuir à base de fibres d’ananas). Certains habits sont aussi confectionnés en polyuréthane certifié GOTS (Global Organic Textile Standart) et Greengard [une certification accordée aux produits durables et faits de matière recyclée, N.D.L.R.]. La mode responsable c’est cela : une mode qui respecte l’environnement, mais aussi ceux qui la produisent.
Que trouve-t-on dans la boutique ?
Des vêtements, des sous-vêtements, des accessoires et des chaussures. De plus en plus de designers et de marques développent d’impressionnantes collections tout à la fois belles, respectueuses de l’environnement et des animaux, le tout fabriqué dans de bonnes conditions de travail. C’est le cas par exemple des jeans April77, des sacs Fantôme, ou même de la marque Doc Marteens…
Avec notre boutique, nous souhaitons montrer que la mode, si elle fait référence au beau et au plaisir, peut aussi être un acte militant.
Aujourd’hui, une grosse proportion du coton provient de champs qui appartiennent à Daech, ou d’Ouzbékistan et se retrouve ensuite dans les vêtements des marques de mode… Comment pouvez-vous tracer les produits de A à Z ?
Notre objectif, et l’une des valeurs fondatrices de Manifeste011, c’est d’être transparents. Dire aux clients d’où vient la matière première, la façon dont elle est travaillée, comment le produit est ensuite confectionné ou fabriqué, où et dans quelles conditions.
Aujourd’hui, il est parfaitement possible de connaître ces informations et de les communiquer au consommateur. Celui-ci peut ensuite faire un choix éclairé. Et plus les marques communiqueront sur leur façon de produire, plus il leur sera nécessaire de s’orienter vers des processus de productions durables, pour la bonne raison que les consommateurs le demanderont.
Est-ce que ça coûte plus cher qu’ailleurs ?
La question est de savoir à quel prix est-il juste de vendre un t-shirt ? 5 € ? 30 € ? Le prix d’un produit implique nécessairement des choix en termes de qualité, d’impact environnemental et social.
Tu es passée d’attachée de presse dans la musique à ce projet fou, comment expliquer cela ?
C’est pour toutes les raisons citées plus haut que j’ai eu envie, avec Judith, de réaliser ce projet. Mais je vais garder un pied de toutes façons dans la musique via mes activités de management [Maud est manager des Sexy Sushi, quand même ! N.D.R.].
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