Dans L’enquête sauvage, la journaliste Anne-Sophie Novel part à la rencontre de dame Nature. Au fil de stages d’observations et de rencontres avec des naturalistes, elle raconte sa transformation.
Le genre
Guide.
Le pitch
S’estimant déconnectée de la nature, la journaliste Anne-Sophie Novel raconte comment le fait de s’installer dans une maison à la campagne a modifié son regard sur l’environnement. Elle décide alors de renouer avec le vivant en allant interroger des scientifiques et des naturalistes mais aussi en se mettant elle-même à l’épreuve : stages d’observation, d’immersion, bains de forêt, pratiques nouvelles pour elle telles que marcher pieds nus, se taire pour entendre le vent dans les arbres, « mettre le mental sur pause », « lâcher-prise », « ressentir sans jugement ».
L’autrice
Économiste, ayant étudié les conflits liés à l’exploitation des ressources, Anne-Sophie Novel est journaliste indépendante, spécialisée dans les questions d’environnement et d’écologie. Elle collabore avec de nombreux organes de presse, dont Le Monde, Le 1, Kaizen…
Mon humble avis
L’enquête sauvage est un ouvrage destinée aux citoyens conscients de la crise environnementale mais qui ne se sentent pas connectés aux éléments, à la faune et à la flore, soit parce qu’ils ont vécu dans des villes bétonnées, soit parce qu’ils appréhendent le monde extérieur davantage avec un esprit rationnel qu’avec une approche sensorielle.
Un livre utile et militant dont le but est de donner l’envie aux humains de refaire société non seulement entre eux mais aussi avec l’ensemble du monde vivant. Pour cela, l’autrice invite ses congénères à suivre, comme elle, cette expérience extraordinaire qu’elle nomme « Aller dehors », le seul moyen d’éveiller ses perceptions, au bout desquelles se produit l’immanquable effet « wahou ».
Une phrase du livre
« Je songe en l’écoutant à tous ces bruits de la nuit que j’ai découverts depuis que nous habitons à la campagne : la première fois que j’ai entendu un chevreuil aboyer, je suis allé chercher Nicolas pour lui dire qu’il y avait un cinglé qui s’amusait à gueuler bizarrement à côté du lac. »
Un extrait du livre
« Depuis 1931, en France, les habitants des villes sont plus nombreux que les habitants des champs et, comme l’expliquait déjà l’entomologiste Robert Pyle au début des années 1990, nous subissons une ‘extinction de l’expérience’ de la nature, pourtant cruciale pour se forger une intimité émotionnelle avec elle. Lisa Garnier cite en ce sens plusieurs études qui prouvent à quel point les petits urbains, biberonnés aux médias sociaux, sont plus enclins à reconnaître les espèces exotiques largement médiatisées que la biodiversité ordinaire qui les entoure. En ville, le minéral et l’artificiel l’emportent largement sur le végétal et le naturel, au point que certains travaux de recherches parlent aujourd’hui d’‘amnésie environnementale générationnelle’.
Un syndrome qui se mesure également dans nos références culturelles et dans la biodiversité virtuelle avec laquelle grandissent aujourd’hui tous les enfants du monde. Prenez les dessins animés réalisés par les studios Disney. ‘Le constat est sans appel’, raconte Lisa Garnier en détaillant les recherches montrant que la durée des scènes dans des paysages de nature diminue avec l’année de production : là où 22 espèces sauvages apparaissent dans Blanche-Neige et les Sept Nains (1937) ou 26 dans Pinocchio (1940), il n’y en a plus que 6 dans Mulan (1998), 0 dans Chicken Little (2004) et 1 dans Indestructible (2004). Et malgré quelques exceptions qui rehaussent un peu le niveau depuis le début des années 2000 (tel Nemo), les représentations y sont fortement réduites, contrairement aux films du japonais Myazaki, fruits d’une culture qui oppose moins l’humain à la nature. Idem dans les références musicales : entre le top 100 des chansons des années 1950 (1950-1959) et celui des années 2 000 (2000-2011), la référence aux être vivants non humains (et naturels tels que soleil, étoiles…) a diminué de 63 % sur les 5 924 paroles de chansons étudiées (pop, jazz, country…). Enfin, une autre étude, fréquemment citée, démontre qu’un enfant nord-américain entre 4 et 10 ans est capable de reconnaitre et distinguer en un clin d’œil plus de 1 000 logos de marques, mais n’est pas en mesure d’identifier les feuilles de 10 plantes de sa région. »
Anne-Sophie Novel, L’enquête sauvage – Pourquoi et comment renouer avec le vivant, coédition La Salamandre – Colibris, 2022, 247 pages.