Pourquoi, alors qu’à 25 ans elle criait haut et fort ne pas vouloir de gosses, se retrouve-t-elle dix ans plus tard avec trois petits monstres brillants dans les pattes ?
ureau des plaintes, bonjour ! Super maman cherche le guichet pour déclarer un PPTP : post-partum tout pourri. Après la naissance express de bébé Bolita, zéro problèmes d’allaitement (miracle), un retour à la maison plutôt bien géré, j’ai cru, innocente créature victime d’amnésie maternelle, ne faire qu’une bouchée de ce troisième post-partum. Force est de constater que c’est le contraire.
On le sait (ou pas), l’après accouchement est une étape terrible à vivre pour les mamans. La chute des hormones, le deuil du gros bidou, les cheveux qui tombent par poignées, la rencontre terrifiante avec les phobies d’impulsion (n’ayons pas peur des mots : c’est quand vous vous voyez égorger bébé avec les ciseaux à ongles), le sentiment de solitude, le découragement, la fatigue etc. Que ce soit clamé haut et fort : le post-partum n’a rien d’un tête à tête idyllique. C’est un moment de grande fragilité : vous posez les bases de la vie d’une petite chose et devenez une nouvelle personne. Dans mon cas, c’est littéral : chaque grossesse s’est soldée par un beau bébé et un beau bobo.
UN BISOU DE MAMAN
Après la déchirure ligamentaire pour petite Hirondelle (deux ans sans s’asseoir), la dépression post-partum pour petit Tourbillon (une vie de culpabilité) et les dérèglements thyroïdiens pour les deux (génération Tchernobyl), je découvre cette fois non sans curiosité l’entorse du bassin. Go, go, go ! dans un mois on reprend le boulot. Opération guérison enclenchée. Généraliste,sage-femme, osthéo, kiné, ceinture médicale, thérapie expérimentale, jus de gingembre, cataplasme d’eucalyptus citronné, diète digne d’un sportif de haut niveau, visualisation mentale. Résultats : aucuns. Niet. Nada. Pire, si j’ose dire. Bon ben le boulot attendra et je pense sérieusement à me faire plâtrer le bassin.
J’entends d’ici ce que vous pensez : mais pourquoi alors s’entête-t-elle à faire des gosses ? Et bien figurez-vous que je me pose la même question. Alors que dans l’espace public se libère la parole de ces femmes qui avouent regretter d’être mère (criminelles va), la question est pertinente. Pourquoi, quand du haut de nos 25 ans on jurait à qui voulait l’entendre ne pas vouloir d’enfants, on se retrouve dix ans plus tard avec trois petits monstres brillants, têtus, drôles à en pleurer, insolents à étrangler, prêts à se battre pour un bisou de maman et capables de s’allier pour la pousser à bout ?
AH NON, PAS LE CATALOGUE DE NOËL !
Pourquoi, quand les grossesses laissent des traces indélébiles et parfois insoignables dans nos corps et dégomment ce que nous pensions ou voulions être, on en fait une dernière pour la route ? Parce que jamais deux sans trois ? Ou alors puisqu’en s’obstinant, on perfectionne ? Pour tout vous dire, je n’en ai pas la moindre idée. C’est juste venu à moi. Le jour où j’ai voulu un enfant, j’en ai voulu trois. Et j’ai rêvé déposer en eux des valeurs à transmettre : une éducation peu genrée, no logo, écolo, moins consumériste. J’ai cru que l’étiquette « Stop Pub » collée sur la boîte aux lettres allait m’y aider.
Récemment, Petite Hirondelle a dégoté un catalogue de Noël et s’est mise à entourer méthodiquement les jouets. Juste 5 maman. Oui ma chérie, mais là tu en entoures 5 par page. Des déguisements de princesse Disney, des poupées qui grandissent toutes seules, un Power Ranger rose pour elle, des motos, des voitures et des pompiers pour petit Tourbillon. Loupé général. Il ne me reste plus qu’à écrire au service après vente des parents. Comment ça, ça n’existe pas ?
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