Une rentrée scolaire sous le signe des questions existentielles pour Super maman : donner des ailes à son enfant, n’est-ce pas le premier des devoirs parentaux ?
eptembre est arrivé. La rentrée encore une fois, à petits pas vers le portail de l’école, les risques de la cour de récré, les punitions à tout va, le « travail » d’apprentissage des connaissances, les activités extra-scolaires « adaptées » à chaque enfant, les horaires inflexibles, les achats inutiles mais obligatoires, les rôles inscrits dans la chair et le quotidien.
On crie victoire quand le rituel du matin rentre dans les clous, quand le repas de midi se fait dans les rires et la faim, quand la journée se termine sans accroc sur la routine pipi, les dents, une histoire et au dodo. C’est ça la vie ? Mettre des petites croix dans chaque action menée à bien malgré tout ? Malgré l’euphorie qui retombe après une session de danse sur un mix métal-salsa-comptines. Malgré la fatigue morale qui plombe la fin d’après-midi. Malgré les constantes remises en questions et les insomnies alors que dormir urge.
RETROUVER LA FORCE
Hier, petite Hirondelle m’a parlé de Noël. Qu’est-ce qu’il y a après, a-t-elle demandé. Les Reyes [fête des rois mages au Mexique, N.D.L.R.], Pâques, le muguet, les vacances d’été, Halloween, le Día de Muertos [fêtes des morts au Mexique, N.D.L.R.], et puis Noël. Et après maman ? Après ça recommence, indéfiniment, tous les ans. D’ailleurs chérie, à la maison c’est pareil, on remplit le lave-vaisselle puis on le vide puis on le remplit à nouveau, comme le lave-linge, comme vos petits cœurs d’enfants qui ont besoin d’amour, d’attention, de caresses et de douceur.
Ok maman, alors tu peux arrêter de crier fort s’il te plaît, parce que la nuit dans mes cauchemars c’est ta voix qui retentit. J’aimerais arrêter ma fille, j’essaie, j’y arrive de plus en plus tu as dû remarquer ? J’ai juste besoin d’être un peu plus alignée avec moi-même et ça devrait aller. Il faut juste que je retrouve en moi la force d’être à nouveau la rebelle sous son manteau de petite fille modèle. Bonne en tout (sauf en sport et en maths, vive l’orientation genrée), pleine de joie, de soleil mais aussi de colère et d’étincelles.
VOLER LOIN ET HAUT
Ma fille, je veux bien essayer d’arrêter de crier mais ne me demande pas d’arrêter de parler fort, de rire haut, de chanter faux, de danser au nez de tous, d’exploser en mille couleurs parfois très noires, de râler tout le temps et de chercher toujours plus loin. Parce que c’est cela que je veux te transmettre ma fille, cette possibilité d’être un jour femme et puis si tu le souhaites mère mouton noir, pleine d’amour, d’empathie, d’amour propre, de pourquoi et de comment.
Hier tu as eu 6 ans, tu grattais la terre dans ta jolie robe à papillons, tu parlais à tes escargots et j’ai réalisé tout ce qu’il nous reste à t’enseigner pour te donner des ailes. Pas pour faire de toi une fée ou un joli petit oiseau fragile. Non, pour que tu puisses t’envoler, loin et haut. Une paire d’ailes solides, fortes et folles, que tu pourras déployer à souhait, enrouler autour de tes bras pour te protéger quand je ne pourrais plus le faire, replier quand tu voudras te poser. Une voilure rien qu’à toi, faite pour toi et que tu pourras tester, triturer, déchirer puis recoudre ou même brûler.
BAZAR DES SENS
La deuxième semaine de la rentrée s’est achevée et le vendredi soir a un goût de victoire. En haut dans la maison ça hurle a tue-tête, on se raconte des histoires à dormir debout, on court les uns derrière les autres, bébé Bolita ferme la marche vacillant de joie et de fatigue. Et on voit dans ce bazar des sens exacerbés un tunnel de lumière. Oui c’est peut-être ça notre rôle de parents : doter ses enfants d’une armure à leur mesure pour leur permettre d’en faire ce que bon leur semblera le moment venu.