La pétition pour la fermeture du marché aux oiseaux de l’île de la Cité a déjà recueilli 1935 signatures. Une manifestation avait lieu ce dimanche dans la capitale. Reportage.
omment peut-on mettre des oiseaux en cage ? Après Victor Hugo, Jacques Prévert, Pierre Perret et le journal minimal, c’est aujourd’hui au tour de la jeune et très active association Paris Animaux Zoopolis (PAZ), qui a obtenu en 2019 la fin des cirques avec des animaux sauvages dans la capitale, de poser la question. Et elle espère bien, grâce à sa pétition pour la fermeture du « marché aux oiseaux », qui a recueilli 1935 signatures à l’heure où nous mettons cet article en ligne, faire avancer la cause.
Une première manifestation a réuni ce dimanche une cinquantaine de militants, dans le froid mais sous le soleil, entre la préfecture de police et le vieux marché aux fleurs où certains vendeurs proposent également des oiseaux exotiques pour quelques dizaines ou centaines d’euros.
Alignés devant le marché, les manifestants sont venus équipés de pancartes, ils ont monté un stand avec des tracts contre l’emprisonnement des animaux mais aussi contre l’empoisonnement des rats. Un haut parleur diffuse les prises de parole de responsables associatifs et d’élus : « Les oiseaux ne sont pas des objets, des marchandises. Voler est leur droit » explique Amandine Sanvisens, cofondatrice de PAZ, révoltée qu’on puisse « avoir des oiseaux en cage chez soi, comme un tableau de peinture ».
Entre les prises de parole, on écoute le tube La cage aux oiseaux (1971) ou le poème Liberté ! de Victor Hugo, lu par une responsable du Parti animaliste. C’en est trop pour Fernando, un retraité dont le hobby est de croiser et d’élever des canaris qu’il vend ensuite pour quelques euros : « Ta gueule ! » hurle-t-il. Adossé à un arbre, en jogging, il agite une pancarte plastifiée sur laquelle est écrit « Le marché aux oiseaux est une TRADITION à conserver ». La manifestation le met hors de lui : ces gens « sont payés par la mairie de Paris pour foutre la merde partout ! » m’explique-t-il, avant de partir dans une diatribe contre « Hidalgo et ses pistes à vélo ».
Comme Fernando, une vingtaine d’éleveurs et de vendeurs font une contre-manifestation. L’un d’entre eux, Bernard, membre de la Fédération des marchés de France, s’est déguisé en poussin pour essayer d’attirer l’attention des journalistes : « Ce marché existe depuis 1860, c’est une réunion de passionnés, il est menacé par une poignée de personnes ! »
La mairie de Paris profitera-t-elle des futurs travaux de rénovation du marché aux fleurs pour mettre fin à ce commerce d’un autre âge ? « Les traditions ne sont pas toutes faites pour êtres préservées », note Jaques Boutault, maire adjoint (EELV) à la condition animale de Paris Centre. Une de ses collègues annonce de son côté que le groupe écologiste va déposer début février un vœu au Conseil de Paris pour demander la fermeture du marché aux oiseaux. En attendant, Paris Animaux Zoopolis organise une nouvelle manifestation dimanche prochain.