« Un pour tous, tous pour un ? »

Réflexions autour de la question Trump, des superhéros et de la gauche sexy française.

Le contraste est saisissant : d’un côté de l’Atlantique, un milliardaire américain, sorte d’Elvis Presley peroxydé et frelaté, signe chaque jour à la Maison-Blanche, sous l’œil des caméras, des décrets qui retirent aux plus faibles (femmes, réfugiés, pauvres, indiens, faune et flore) les protections dont ils bénéficiaient ; de l’autre, un second couteau socialiste que nul n’avait vu venir pose tout à coup sur la table un projet syncrétique de mise à jour de nos sociétés contemporaines qui pourrait peut-être le propulser à l’Élysée.

Si un type aussi incompétent et dangereux que Donald Trump l’a emporté le 8 novembre dernier, c’est parce que la démocrate Hillary Clinton n’avait rien de mieux à offrir que le prolongement (en moins funky) des années Obama, alors que le capitalisme part en vrille : huit hommes sur Terre possèdent autant que la moitié de la population, les icebergs fondent à vue d’œil, les réfugiés climatiques, économiques et/ou politiques arrivent de partout, les grands mammifères meurent, la natalité mondiale explose, en Asie l’air est devenu irrespirable !

LES TROIS MOUSQUETAIRES

Pour vivre, les démocraties ont besoin de débats d’idées, pas d’arguments du style : « On ne peut tout de même pas lui confier les codes nucléaires !? ». Hormis l’excellent Bernie Sanders, la gauche américaine est aujourd’hui représentée (c’est dire sa faiblesse) par les patrons de Starbucks, Facebook, Google affolés par le décret #MuslimBan, et par les stars hollywoodiennes Shia LaBeouf, Meryl Streep, Alec Baldwin (de vrais superhéros, pour le coup).

Au même moment, en France, les sondages pour la présidentielle 2017 donnent Marine Le Pen en tête au 1er tour, suivie par François Fillon et Emmanuel Macron. La gauche écologiste et sociale-démocrate, représentée par Yannick Jadot, Jean-Luc Mélenchon et le vainqueur de la primaire du PS Benoît Hamon, serait éliminée car éparpillée. Des appels à l’unité se multiplient : Pour une coalition entre Benoît Hamon, Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot, 1 candidat mais pas 3 !, Pour un candidat unique de toute la gauche en 2017 !

MIRACLE OU MAGIE

Ces pétitions désordonnées suffiront-elles ? On est en droit d’en douter, le projet d’une primaire de toute la gauche ayant échoué l’année dernière… Ce seront plutôt les sondages, la force centripète que semble exercer le projet de Benoît Hamon, et peut-être le sens de l’Histoire qui pourraient conduire la nouvelle gauche française à se réunir autour d’un projet sexy : revenu universel, 6e République, partage du travail et des richesses, protection des espèces sauvages, respect de la biodiversité, égalités entre hommes et femmes, entre hétérosexuels et homosexuels, économie sociale et solidaire, accès à la culture pour tous, transports en commun, statut pour les artistes, sauvegarde du bocage de Notre-Dame-des-Landes, sortie du nucléaire, lutte contre la pollution, relocalisation des échanges de biens de consommation, made in France, non cumul des mandats, permaculture.

Si par miracle ou magie la gauche régénérée parvient à se rassembler derrière une seule candidature, les forces libérales, religieuses, nationalistes et paternalistes qui squattent le débat politique depuis, grosso modo, le 11 septembre 2001, auront du fil à retordre pour l’emporter.

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À propos de l'auteur
Journaliste, co-fondatrice du journal minimal, je suis spécialiste des questions de société.
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