Le défi que s’est lancé Pierre Roubin, vivre à 43 ans avec seulement 43 objets personnels, est l’aboutissement d’une démarche plus ancienne.
e week-end dernier, j’ai eu plusieurs discussions intéressantes avec des amis. Ils avaient regardé ma liste de 43 objets personnels et m’ont posé diverses questions. L’une des plus importantes concerne un point qu’il est maintenant nécessaire d’aborder.
Une amie, pendant la soirée, m’a interpellé ainsi : « Ah bon ça y est, c’est ta nouvelle mode ? Combien de temps ça va durer cette histoire ? Après tu vas devenir végane, te mettre à la sylvothérapie et embrasser des arbres pour capter leur énergie ? » La remarque peut paraître anodine, sarcastique, ou un simple trait d’humour, mais il est vrai que pullulent toutes sortes de modes sur le bien-être. Tous ces nouveaux articles, toute cette littérature et les soi-disant spécialistes de telle ou telle nouvelle discipline nous font aussi un peu perdre la tête.
ABANDONNER MES 2 VOITURES POUR AUTOLIB’
Derrière tout ça, il faut absolument surveiller les traces de l’ennui, le besoin de la dernière lubie, la nécessité presque convulsive de la dernière mode. Évidemment je suis un bobo, il n’y a aucun doute là-dessus, aucune ambiguïté. Il est possible d’ailleurs qu’un nombre significatif de ceux qui partagent ces mêmes idées soient issus du même milieu social que moi : BCBG, (aujourd’hui on dirait #BG), citadins, cadres, entrepreneurs ou travailleurs indépendants, plus proches de Télérama que de Télé 7 Jours.
En tentant d’échapper à toutes les modes, au flux incessant des choses qui changent et qui finalement nous oppressent, ne suis-je pas moi-même le jouet d’une tendance ? Je crois qu’il est normal que la question se pose. Pour ma part, cette idée, et je dirais même plus ce cheminement, qui m’amène à resserrer ma vie autour des objets les plus nécessaires, est l’aboutissement d’une réflexion de longue date.
Dès le lancement d’Autolib’, en 2010, j’ai abandonné mes deux voitures. À cette époque j’étais parmi les premiers à souscrire à ce service de partage. J’ai d’ailleurs enduré bon nombre de pannes du système, et essuyé les plâtres de ces nouvelles plateformes.
QUITTER EDF POUR ENERCOOP
Depuis quelques années, ma femme et moi avons réfléchi, à une approche plus responsable de notre consommation énergétique, nous avons donc résilié notre abonnement EDF, pour nous faire fournir notre énergie par Enercoop. L’électricité est peut-être un tout petit peu plus chère mais nous avons la garantie qu’elle est d’origine renouvelable même si par ailleurs elle transite sur les réseaux de RTE.
Pour ce qui est de notre consommation d’eau, là encore nous avons réfléchi. Nous avons commencé par mettre une brique dans la chasse d’eau. Ça a l’air tout bête mais à chaque fois que le réservoir de la cuvette des toilettes se remplit, nous économisons environ un litre d’eau. Après, nous avons cherché des choses un peu plus sophistiquées et efficaces, comme par exemple régler la molette qui permet de considérablement baisser le volume d’eau qui s’accumule dans le réservoir des toilettes.
LES ENFANTS ONT FINI PAR SE PRÊTER AU JEU
Ensuite nous avons mesuré précisément toutes les principales dépenses d’eau. Évidemment essentiellement dans les bains et les douches. Au début nous avons vraiment été alertés par le constat saisissant qu’une douche pouvait consommer jusqu’à 60 voire 90 litres d’eau. Nous avons fait des relevés toutes les semaines pour voir comment s’organisaient nos dépenses d’eau. Puis nous avons tenté des expériences avec des douches à 25 litres d’eau, ou 30 litres. Sans vraiment se fixer d’objectifs, sans s’imposer une limite au-delà de laquelle ce serait « mal », et en deçà de laquelle nous serions dans le Bien.
Les enfants ont eu un peu de mal au début, tout ceci a pu leur sembler un peu abscons. Mais ils ont fini par se prêter au jeu, nous avons organisé des genres de concours. Mon fils qui a 16 ans a réussi à prendre une douche avec 9 litres d’eau, ce qui est un peu le record de la maison. Évidemment pour un shampooing avec des cheveux longs, c’est un peu plus compliqué. Et le but là encore n’est pas d’arriver à un absolu, ou d’atteindre un objectif, ce qui est intéressant c’est la démarche, c’est la réflexion, c’est l’attitude de responsabilité vis-à-vis de ressources dont on sait qu’elle vont manquer.
- Mes 43 objets : la liste
- #1 un livre
#2 un stylo
#3 un carnet
#4 un costume bleu
#5 un costume noir
#6 une chemise bleue
#7 une chemise blanche et ses boutons de manchette
#8 une chemise rose
#9 une cravate
#10 un jean
#11 une paire de chaussettes de contention
#12 une paire de chaussettes noires
#13 un short de running
#14 une paire de chaussures de costume
#15 une paire de chaussures habillées
#16 une paire de chaussures de running
#17 un pull (marin)
#18 un bonnet
#19 une écharpe
#20 un caleçon
#21 un 2e caleçon
#22 un 3e caleçon
#23 une brosse à dents
#24 une montre
#25 des écouteurs (avec micro)
#26 un smartphone
#27 un vélo
#28 une cape de pluie
#29 un t-shirt de running
#30 un 2e t-shirt
#31 un 3e t-shirt
#32 une casquette
#33 une fouta
#34 un maillot de bain
#35 une ceinture
#36 des lunettes de soleil
#37 un short d’été
#38 un sac à dos (22 litres)
#39 une tondeuse à barbe
#40 un pantalon casual
#41 un manteau habillé
#42 une valise cabine
#43 mon parfum
Une réponse
Je viens de lire la liste, depuis mon hors contexte je me demande où est la casserole, le verre, l’assiette, où est la lampe, s’il y a une machine à laver, etc. ? Bref, je trouve cette liste très autocentrée et très factuelle. Mais je suis d’accord sur le principe, c’est intéressant de repérer ses vrais besoins et de s’y tenir.