La Maison verte #08 : J’ai vu trop grand, mon rêve d’autonomie alimentaire se heurte à la réalité

Dans cet (ultime ?) épisode de La Maison verte, June Caravel raconte comment certaines erreurs au départ ont compromis son projet de maison autonome.

La maison verte, maison autonome
« La maison verte », projet de maison autonome à Bonneuil-sur-Marne (photo: June Caravel).

Cela fait bientôt deux ans que mon compagnon et moi avons emménagé dans la maison de mes rêves. Et aujourd’hui, je dois l’avouer, tout ce que m’avait dit mon père avant – « le jardin est trop grand, commence avec un petit jardin d’abord » et « une maison c’est de l’entretien » – était vrai. J’aurais du l’écouter.

Je rêvais de cultiver mon lopin de terre et de parvenir à l’autonomie alimentaire mais un jardin de 810 m2 à gérer toute seule, à moins d’y consacrer toutes ses soirées, ses week-ends et ses vacances ou à moins d’avoir trouvé le moyen pour qu’il nécessite le minimum d’entretien (et d’avoir donc beaucoup travaillé avant pour en arriver là) eh bien, cela prend un temps fou ! Et ce temps, je ne l’ai pas… Je suis en train de développer ma carrière musicale et là aussi je suis seule à devoir tout faire. Démarcher les salles de concerts, faire la promo, composer. Plus un enfant en bas âge, plus un mec…

UNE TERRE ARGILEUSE IMPOSSIBLE A DÉPLACER

Bref, je ne peux pas mener tous ces projets de front. J’ai bien essayé au début de faire venir des amis pour m’aider. Mais je n’ai pas réussi a former un groupe qui viendrait jardiner toutes les semaines. Beaucoup de mes amis sont parisiens et pour eux Bonneuil-sur-Marne n’est pas la porte à côté.

Mais parlons du jardin. Peut-être vous souvenez-vous que j’avais fait installer des cuves de récupération d’eau de pluie ? Eh bien, Thierry, qui me les avait installées n’est pas terrassier et ne savait pas que s’il recouvrait le bas des arbres, ceux-ci pouvaient pourrir. Lorsque plus tard nous avons compris que c’était une catastrophe, évacuer la terre coûtait trop cher et elle est restée là, en tas.

Au début, je pensais naïvement faire des buttes de permaculture avec. Sauf que c’est de la marne, c’est à dire de l’argile. Gorgée d’eau, elle colle de partout et pèse lourd. Sèche, elle est en revanche dure comme un roc et impossible à déplacer. Du coup, à moins de manier la pelleteuse, impossible de faire quoi que ce soit moi-même sans me casser le dos… Voilà, cette erreur de mon installateur m’a coûté très cher !

La maison verte, maison autonome
Au premier plan, la partie du terrain à l’abandon… (Photo: June Caravel).

Sinon, il y a maintenant de nouveaux locataires dans la dépendance. Un super petit couple zéro déchet. Du coup, je leur ai laissé le fond du jardin pour s’en occuper mais, pour le moment, ils n’ont pas plus le temps que moi…

J’arrive encore a gérer le haut du jardin : l’allée avec le compost ou il y a encore de l’herbe. Mais je passe un temps fou a enlever les mauvaises herbes qui fleurissent entre les interstices des dalles de béton, tailler la haie me prend des heures et je ne peux le faire que quand il fait beau et que bébé dort. Quant à planter, je n’en ai pas vraiment eu le temps cette année. Et je me rends compte que malgré le paillage mis en place, la mauvaise herbe pousse en dessous.

Bref, mon rêve d’autonomie alimentaire se doit d’être ramené a la réalité.

Soit j’arrête la musique pour jardiner, ce qui n’est pas du tout ce que je désire. Soit je trouve un jardinier qui fait tout pour moi, mais dans ce cas-là j’ai intérêt a écrire un hit très vite car je n’ai pas de quoi le payer. Soit je trouve des gens (peut-être des lecteurs du journal minimal ?) prêts a former un groupe de jardinage et à récolter le moment venu, soit je vends la maison…

La dernière hypothèse me semble malheureusement être celle que mon compagnon et moi allons retenir, d’autant que nous souhaitons nous rapprocher de sa famille à Lille. Enfin… je me donne encore une année pour voir mais après je pense qu’on s’en ira si je ne trouve pas de solution.

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À propos de l'auteur
J’écris sur le thème du « zéro déchet » depuis mon épiphanie écologique en 2014. Je suis par ailleurs auteur de chansons, romans, scénarios et comédies musicales.
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7 réponses

  1. bonjour,
    je connais bien ce problème… et le découragement qui va avec ! Je me suis retrouvée seule à plus de 60 ans avec mes 1000m², mes 120m de haies… je me suis donné deux ans pour remettre en état le jardin à l’abandon. Et puis, maintenant, je m’en accorde deux de plus…
    Le problème vient du fait qu’on voit ce qui reste à faire et non ce qui est déjà fait. Chaque heure de jardinage est une goutte d’eau, mais c’est avec chaque goutte d’eau qu’on va créer notre océan-jardin. C’est notre rapport au temps qu’il faut sans doute revoir… Arrêter de se mettre la pression (on « veut » y arriver, par rapport à qui ? par rapport à quoi ?)… ce sera fait au bon moment et puis c’est tout. Quand on arrête de se mettre la pression, ça permet de voir davantage ce qu’on a accompli que ce qui reste à accomplir. Le jardin est une école de la patience. L’autonomie alimentaire ne se crée pas en 1 an ni même en 2 ou 3 ans… La terre s’apprivoise, lentement, ou plutôt c’est sans doute elle qui nous apprivoise !
    Ne jamais renoncer ! c’est comme l’allaitement ;-)) ou n’importe quel projet, n’importe quelle conviction… on y arrive. Il faut garder le but final chevillé au corps et au cœur, sans trop s’occuper des petits détails, et les choses se mettent en place, une à une.
    Bon courage !

    1. Merci Violette pour ces mots d’encouragement. Je suis curieuse de savoir si du coup vous êtes à plein temps sur votre projet ou pas :). Moi j’ai l’impression de réussir tout juste à tenir le haut ju jardin et pas du tout le bas (la plus grosse partie). On verra. Je vous dirai du coup si je me décourage ou pas.

    2. merci de votre réponse 😉
      je suis très loin d’être à plein temps sur mon jardin… je travaille au moins 10h par jour… je ne rêve pas d’autonomie alimentaire, je voudrais juste remettre en forme(s) ce jardin dont personne ne s’est vraiment occupé pendant 15 ans ! Cette année, j’ai laissé en friche toute une partie (environ 300m²) faute de temps… on verra l’année prochaine ! j’essaie de maintenir le reste pour que ce ne soit pas la jungle.
      Pour la pelouse, je me pose actuellement la question : plantations extrêmement fournies partout ou pelouse ? bien sûr, il faut tondre mais je crois qu’un coup de tondeuse (à condition de le faire régulièrement), ça prend tout de même moins de temps qu’entretenir des parterres foisonnants… à l’étude !
      Pour l’autonomie alimentaire, je pense qu’il y a très peu de gens qui y arrive vraiment. Autonomie en légumes, ok (et encore 12 mois sur 12 c’est pas évident), mais autonomie en céréales par exemple c’est quand même plus problématique. Les Baronnet par exemple (la maison autonome, site heol) disent bien que même eux n’ont jamais atteint l’autonomie totale en alimentation.
      Pour moi, l’autonomie totale ne peut vraiment se réaliser que si on pratique la nourriture pranique ou sungazing… là, c’est vraiment la liberté totale. J’ai testé, mais j’ai abandonné parce que socialement, c’est vraiment difficile… je m’y remettrai sans doute un jour.
      Ce qu’on a tendance à oublier avec cette histoire de jardinage, c’est qu’il faut se garder du temps pour en profiter, pour se poser, pour nourrir nos plantes de notre présence, simplement de notre présence, autant qu’elles nous nourriront par la suite…

  2. Je dirais que ça fait du bien de lire ce texte authentique (sans méchanceté), car tout le monde semble tout réussir sur internet. Moi aussi j’avais placé la barre haute (et vite) et puis… je vois bien que cela prendra beaucoup plus de temps que prévu et qu’au bout de 2 ans mes radis sont toujours immangeables ;-). Je n’étais pas très emballée de mettre de la pelouse partout, mais au moins le terrain est praticable et cela me permet d’aménager, de planter petit à petit.
    De plus, il y a quelque chose que l’on apprend pas à l’école, ou que l’on ne sait pas avant de l’avoir vécu : pour la plupart des parents, sauf les wonder parents, le temps et l’énergie filent vite quand les enfants sont petits. C’est comme ça!

    1. Tout à fait vrai. Je me pose la question aussi de remettre de la pelouse en attendant (mais il faut aussi la tondre…) et de me concentrer sur une toute petite parcelle potagère. A voir…

  3. Quand on ajoute à tout ça les intempéries…
    Il faut bien avouer que si l’on veut que ca reste une activité plaisante, il faut oublier toute obligation de résultat.
    Mais ce n’est pas une raison pour opter pour la pelouse, quand même ? La permaculture a sa propre esthétique je trouve…

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