Né il y a trois ans, le projet d’une maison autonome dans le Val-de-Marne avait connu un coup d’arrêt. C’est reparti, nous raconte June Caravel, plus déterminée que jamais !
omme la vie est étonnante. Tant de choses ont changé depuis mon dernier article sur la maison verte, en juin 2018, dans lequel je vous annonçais mon renoncement : J’ai vu trop grand, mon rêve d’autonomie alimentaire se heurte à la réalité. Il y a un an et demi, je n’entretenais plus mon jardin qu’à minima, puis je songeai à vendre la maison pour déménager à Lille…
Mais finalement je me suis séparée de mon compagnon au printemps dernier et je suis toujours à Bonneuil-sur-Marne (Val-de-Marne), dans cette maison verte. Et j’ai réalisé à quel point j’y étais attachée : je ne pouvais pas la quitter comme ça alors que j’avais tout installé pour survivre si jamais survient l’effondrement du monde thermonucléaire.
FIERTÉ
C’est donc ma séparation qui m’a fait renouer avec ce projet de maison autonome. Mon amie zéro-déchet Allegra et sa copine Barbara (ainsi que ma cousine et deux autres amis un peu plus ponctuellement), m’ont prêté main forte pour récolter abricots, figues, prunes, désherber, tondre la pelouse, faire des semis, des lasagnes de permaculture et planter toutes les deux à trois semaines d’avril à août 2019.
Malgré toutes mes précautions pour que les adventices cessent de pousser sur la seule parcelle que j’avais décidé de cultiver car c’était la plus ensoleillée et la plus proche de la maison, j’ai dû passer une heure par jour environ à enlever du liseron durant tout l’été. Sans compter le temps d’arrosage des plants de tomates et de courgette, avec l’eau du bain de mon fils (uniquement savon de Marseille et eau). J’étais assez fière car je n’ai quasiment utilisé que cette eau-là pour alimenter mes plants cet été.
PAILLAGE
Cela a plutôt bien marché. J’ai cramé quelques semis en les arrosant trop ou pas assez, mais j’ai eu ma première récolte de tomates plutôt tardivement fin septembre/début octobre. Les courgettes vont être bientôt bonnes à récolter. Et j’ai des côtes de blette à gogo. J’ai même eu des radis !
Vous me direz, mais quid du paillage ? N’ayant pas assez de BRF [broyat de rameaux d’arbres, N.D.L.R.]et plus de feuilles mortes, j’ai peu paillé. Et comme je me refuse à aller acheter de la paille sous plastique et que le carton s’envolait, j’ai laissé la terre plutôt nue. Mais j’ai bâché toutes les autres parcelles pour que les adventices s’y dessèchent en attendant de pouvoir faire une lasagne [couches de matériaux de compostage, N.D.L.R.]et de les cultiver un jour.
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Et puis j’ai profité de cette période de gros changements personnels pour mûrir mon projet d’autonomie. Depuis que je suis installée dans la maison verte, je rêve d’y faire un jardin-forêt qui me demanderait peu de travail, hormis l’élagage. J’ai déjà 9 arbres fruitiers ainsi que 2 lauriers sauce.
PERMACULTURE
Je me suis rendue à divers événements permaculturels cet été : Les Rencontres nationales de permaculture 2019 organisées par Brin de Paille, puis aux Estivales de la permaculture aux Murs à Pêches de Montreuil (où j’ai découvert qu’on pouvait cultiver les pommiers, poiriers, pêchers contre un mur), et enfin à la Rencontre des Oasis organisée par le mouvement des Colibris. Car oui, entre temps la maison verte est devenue une « oasis », ces « lieux de vie écologiques et participatifs ».
J’ai aussi lu le premier numéro du magazine Yggdrasil, qui m’a fortement inspirée. Il y est décrit quelles variétés planter dans un jardin-forêt le plus complet possible pour assurer sa subsistance.
MAISON OUVERTE
Mon projet s’est donc pas mal transformé (enfin surtout dans ma tête à présent). Je réfléchis à la possibilité d’une haie fruitière sur trente mètres de long. Je pense également récupérer l’emplacement du barbecue (dont je me sers pas) pour créer une serre. Je dois donc me renseigner sur sa taille possible, son prix, la nécessité ou non de demander un permis de construire, etc.
J’envisage également de faire de la maison verte un lieu où les gens pourraient venir cueillir et ramasser eux-mêmes les fruits et légumes (car quand les arbres donnent, j’ai beau faire confitures, compotes, etc., il y en a toujours trop pour mon fils et moi !).
AUTONOMIE ALIMENTAIRE
La question de savoir d’où vient sa nourriture est de plus en plus centrale dans notre société. Et je pense que la cueillir soi-même chez des gens qu’on connaît peut être une réponse. De plus, pouvoir le faire en ville serait une belle perspective. Après puis-je réussir à en vivre, avec 810 m2 de terrain ? Ça reste à voir. Si je peux au départ assurer l’autonomie alimentaire des habitants de la maison verte, ce sera déjà quelque chose. Si en plus ça me rapporte un peu et que ça m’évite de faire le travail de cueillette, alors je pense que c’est un très bon compromis.
La suite au prochain épisode.
Une réponse
Bonjour, je viens de decouvrir votre site et cette rubrique « maison verte », et c’est un plaisir de vous suivre dans ce projet d’autonomie, plus d’actualite aujourd’hui que hier. Le confinement vous a donné raison même si les difficultés sont la, vous avez au moins le courage d’avoir essayé sans baisser les bras. J’aime aussi écrire, m’évader par les mots, et a défaut, d’avoir mon terrain, je cultive mon imaginaire sans le souci du lendemain…