Malgré l’hécatombe de la fin 2017, les hérissons n’ont peut-être pas complètement disparu de mon jardin de Seine-Saint-Denis.
L’an dernier, après avoir survécu à la sécheresse printanière, les hérissons de mon quartier de Gagny avaient connu un bel été, conclu par une portée d’au moins deux petits. Puis, les catastrophes s’étaient enchaînées. Le papa écrasé par une voiture au bord d’une flaque, devant mon portail. Puis l’un des petits aplati un peu plus haut dans la rue. Enfin, une pluie verglaçante avait surpris le second, qui, selon la formule consacrée, n’avait pas survécu en dépit des soins prodigués par les secours (et les conseils prodigués par téléphone par Le sanctuaire des hérissons). Au début de l’hiver, Madame Totoro elle-même avait cessé de fréquenter l’assiette de croquettes. Alors, hibernation ou nouveau drame ?
Par acquit de conscience, j’ai continué régulièrement à déposer des croquettes pour chatons devant le tas de bois. Croquettes qui restaient là parfois plusieurs jours (normal, un hérisson sort d’hibernation quelques fois au cours de l’hiver pour aller au ravitaillement, puis se rendort aussi sec pour plusieurs jours). Mais, lorsque je trouvais l’écuelle à moitié vidée, je me demandais si c’était par un hérisson, par un chat ou par une autre bestiole affamée par l’hiver plutôt doux mais affreusement pluvieux.
Le miracle s’est produit vers la fin du mois de mars : un museau repéré un soir à l’orée du tas de bois, avec la boule noire de la truffe au bout du museau allongé, et les petites oreilles en forme de voûte romane sortant d’une touffe de poils bruns… Ouf, restait au moins un survivant ! Plutôt : une survivante. Fol espoir dans les jours suivants : j’ai aperçu à quelques mètres de moi un hérisson en train de cavaler au milieu de l’allée, et cet individu m’a paru trop petit pour être Madame Totoro. Ou bien celle-ci avait-elle perdu plus de poids que je ne l’avais cru au cours de l’hiver ?
RÉPONSE DANS LES PROCHAINES SEMAINES
En tout cas, à l’heure où fleurissaient les jonquilles, le distributeur de croquettes a repris un régime de croisière (excepté les jours où il a plu : je laisse alors les hérissons rechercher seuls leur nourriture et chasser le gastéropode sauvage, le lombric des steppes de l’est parisien et le scarabée cuirassé). Pas pour longtemps. Au bout d’une dizaine de jours, j’ai retrouvé la gamelle pleine au matin. Le lendemain aussi.
Depuis ? Rien de très rassurant. Parfois, les croquettes sont à moitié boulottées. Parfois non. Parfois, il ne reste rien. Mais, surtout, je ne croise plus de hérisson dans le jardin.
Madame Totoro a-t-elle trouvé herbe plus verte ailleurs, ne passant plus qu’irrégulièrement du côté de son ancien logis ? Possible. L’espoir d’un deuxième hérisson n’était-il qu’une vue de mon optimisme ? Encore plus possible. La saison 2 des aventures de la famille Totoro se poursuivra-t-elle au-delà de ce premier épisode ? Réponse dans les prochaines semaines… Mais je sais, de source sûre, qu’un autre ami des hérissons nourrit une bande à quelques centaines de mètres de chez moi. Or ces animaux sont d’infatigables vadrouilleurs. Alors, haut les piquants !
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