Macron bloqué à 130 km/h sur l’autoroute de la croissance

Convention climat
Emmanuel Macron dans les jardins de l’Élysée pendant son discours devant le Premier ministre et les 150 membres de la Convention Climat. Paris, 29 juin 2020. Capture d’écran.

Lettrine, Lundi 29 juin, au lendemain d’une vague verte aux municipales qu’il n’avait pas vu venir d’assez loin, le président de la République française a les yeux enfoncés, la mâchoire crispée, une ride du lion inhabituelle.

Son « PROJET ! » ni droite ni gauche, qu’il avait magistralement réussi à vendre en 2017 à des classes moyennes déboussolées politiquement, vient de se prendre un vent. Pas une grosse commune de gagnée par LREM, tandis qu’EELV et ses alliés ont raflé plusieurs grandes villes : Bordeaux, Strasbourg, Lyon, Poitiers, Besançon, Tours, Annecy, Colombes…

LA CONVENTION CLIMAT CONVOQUÉE

Le président pensait pouvoir poursuivre son duel confortable avec Marine Le Pen – un sondage du 22 juin ne les annonçait-il pas tous deux au second tour de la présidentielle de 2022 ? – au lieu de ça il se retrouve face à une gauche verte pimpée qu’il ne sait pas comment affronter, un adversaire en face duquel il n’a pas d’armes intellectuelles, en face duquel la seule chose qu’il va savoir faire, c’est ânonner encore une fois le dogme libéral.

> À lire aussi : Et maintenant, le vrai combat commence : écologistes vs capitalistes

Il annonce, contrit, sur la pelouse rase des jardins de l’Élysée, aux 150 membres de la Convention citoyenne pour le climat invités à venir l’écouter, qu’il est « prêt » à mettre en discussion la plupart de leurs 149 propositions. Sauf la taxe de 4 % sur les dividendes des entreprises qui versent plus de 10 millions d’euros par an à leurs actionnaires, sauf la limitation de la vitesse à 110 km/h sur les autoroutes (leur mesure phare, pourtant), sauf l’inscription de la protection de l’environnement dans le préambule de la Constitution, sauf la reconnaissance unilatérale par la France du crime d’écocide.

Et pourquoi pas ces mesures-là ? Parce que « Je crois à la croissance de notre économie », plaide-t-il. Et la « croyance », c’est comme les goûts et les couleurs, ça ne se discute pas. Parce que, insiste-t-il « mettre un droit de la Nature au-dessus d’un droit humain », c’est « contraire à l’esprit de nos valeurs » (l’être humain ne fait-il pas partie de la Nature ?). Et parce que lui, ce qu’il veut, c’est « remettre l’écologie au cœur du modèle productif ». Voilà, maintenant les choses doivent rentrer dans l’ordre (capitaliste) ! « Il faut savoir raison garder », prêche-t-il aux conventionnels qui n’ont pas tous l’air d’apprécier son discours.

ELLES EST OÙ LA LISTE ?

À un moment, Monsieur Macron, pour montrer qu’il a compris le message exprimé par son peuple, prononce le mot « circuit court », mais donne l’impression d’un « ancien » qui s’essaye au « parler jeune ». À un autre moment, sur la question des avions, il plaisante au sujet d’une autre proposition de la Convention climat : celle d’interdire les vols intérieurs lorsqu’il existe une alternative en moins de 4 heures. Ça c’est trop radical, explique-t-il, ce qui est raisonnable, selon lui, c’est lorsqu’il existe une alternative en moins de 2h30.

Voilà, on en est là avec notre président. Cela augure de bien des chipotages pour les mesurettes de la Convention climat qu’il va daigner mettre en discussion. Et dont la liste complète, soit dit en passant, est très difficile à consulter. Elle n’est pas affichée sur le site commandé par l’Élysée, et le fichier PDF téléchargeable qui regroupe l’ensemble des propositions adoptées fait pas moins de 460 pages. Nulle part elles ne sont présentées de manière claire. Pour que personne ne s’aperçoive qu’elles vont être édulcorées par ci-par là ?

> À lire aussi : Le journal minimal président, 60 mesures pour une France plus légère

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Journaliste, co-fondatrice du journal minimal, je suis spécialiste des questions de société.
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3 réponses

  1. Ça étonne quelqu’un ?
    Dommage, l’idée était bonne, mais notre cher président ne semble toujours pas avoir pris la mesure de l’urgence climatique et de la catastrophe annoncée si l’inaction persiste.
    En effet, mieux vaut se soucier de la santé financière des actionnaires, c’est beaucoup plus confortable.
    Consternant, irresponsable et suicidaire…

  2. Pourquoi vous focaliser sur les mesures rejetées et passez sous silence celles qui restent ?
    Le document est gros, difficile à lire ? A la bonne heure. Ce n’est pas le travail d’un journaliste que d’étudier des sources pour en proposer une analyse et une vision plus claire ?
    Lisez le, critiquez le et rapportez nous. J’aurais plaisir à vous lire et je ne doute pas que nous pourrons alors Commencer à nous faire une idée du potentiel de ces propositions.
    Mais s’il vous plaît ne méprisez pas à priori le travail de nos concitoyens au motif que trois de leurs idées sont rejetées.

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