Épisode 4 : Et la lessive qui ne sèche pas alors que je n’ai qu’un seul t-shirt…

Pour vivre avec seulement 43 objets sans s’infliger une ascèse insurmontable, Pierre Roubin révise certains de ses choix. La sobriété, oui, mais heureuse !

La lessive, Mes 43 objets
Image : Pixabay.

J prosaic apostropheai envie de me faire plaisir. Je ne veux pas me mettre en difficulté ni avoir l’impression de m’infliger une ascèse insurmontable.

Ce dont je vais vous parler peut paraître un détail ou trivial, mais cela touche des points très importants. L’année dernière, je me suis vu offrir pour Noël des boutons de manchette. Par mes beaux-parents. Ces boutons de manchette, c’est un cadeau. Un cadeau que j’avais indiqué moi-même, qui plus est. Mais quand j’ai commencé à faire la liste des 43 objets qui me sont indispensables, je les ai bannis pour qu’ils ne prennent pas une place à eux seuls.

Du coup je fais face à un gros dilemme : si je ne porte pas les objets que l’on m’offre, cela prive mes proches de la possibilité de m’offrir des choses. Ce n’est pas très pratique, ni pour Noël, ni pour les anniversaires, et pour tout dire, je me demande même si c’est très respectueux.

ATERMOIEMENTS DE MINET ?

J’envisage donc de changer la règle. Désormais, un cadeau offert doit nécessairement faire partie de la liste, ce qui va m’obliger à faire preuve de pédagogie car je ne voudrais pas me voir offrir une bricole qui viendrait prendre la place d’un objet mûrement réfléchi. Bon voilà, désolé les gens, comme dirait Mélenchon, ce sont des atermoiements de minet mais finalement ce sont peut-être aussi des questions profondes.

Conclusion : je vais accepter les cadeaux et je réintègre ma chemise à boutons de manchettes en considérant que les boutons font partie de la tenue. Après tout mon vélo a aussi une sonnette, je n’ai jamais envisagé de la considérer comme un seul objet en tant que tel. Après tout il ne faut quand même pas oublier que dans « sobriété heureuse » il y a aussi heureuse.

UN T-SHIRT C’EST VRAIMENT PAS ASSEZ

J’ai cruellement besoin d’un deuxième t-shirt. Dans ma liste, je n’en ai prévu qu’un, or le week-end j’aime bien m’habiller à la cool. Sauf qu’un seul t-shirt c’est vite un peu faible, et surtout ça sent vite bof quand de surcroît on dort avec. Oui, car bien entendu, il n’est pas question de mettre un pyjama sur la liste, je n’en ai jamais mis, et ce n’est pas aujourd’hui que je vais m’encombrer d’un pyjama. Mais en revanche il me faut une alternative quand je dois malheureusement laver mon t-shirt.

J’ai retourné le problème dans tous les sens, j’ai même envisagé de porter mes chemises le week-end, de dormir torse nu, ce que je fais souvent, de rester torse nu lorsque celui-ci est dans la machine, mais il n’y a pas moyen.

Est-ce un signe ? La lessive met aujourd’hui un temps fou à sécher, comme pour me montrer qu’il me faut définitivement cet autre t-shirt… Bon, je sais, mes histoires de t-shirt et de boutons de manchettes, je pense que c’est la dernière chose de l’univers dont on peut avoir quelque chose à faire, mais là il faut quand même prendre quelques minutes pour se poser la question.

DE QUOI AVONS-NOUS BESOIN ?

L’autre jour, j’ai ciré mes chaussures. Il avait plu, j’avais dû rentrer du bureau sous ma cape de pluie, elles étaient mouillées. En les cirant j’avais l’impression d’être un vieux mineur dans l’Ouest américain en train de cirer ses bottes pour tenter de les garder imperméables. Comme si je n’allais pas avoir l’occasion de retourner à la ville avant plusieurs mois. Comme si je devais prendre soin de ce dont j’avais absolument besoin.

C’est un rapport aux choses assez étrange, que l’on a sans doute perdu depuis longtemps : nous demander ce dont nous avons besoin. Mon grand-père, toujours le même, avant chaque anniversaire, me demandait : « Que veux-tu pour ton anniversaire, de quoi as-tu besoin ? » En réalité c’est une question à laquelle il est très difficile de répondre, pour la bonne et simple raison que nous n’avons jamais besoin de rien.

La liste, à ce stade
#1 un livre
#2 un stylo
#3 un carnet
#4 un costume bleu
#5 un costume noir
#6 une chemise bleue
#7 une chemise blanche et ses boutons de manchette
#8 une chemise rose
#9 une cravate
#10 un jean
#11 une paire de chaussette
#12 une 2e paire de chaussettes
#13 un short de running
#14 une paire de chaussures de costume
#15 une paire de chaussures normales
#16 une paire de chaussures de running
#17 un pull (marin)
#18 un bonnet
#19 une écharpe
#20 un caleçon
#21 un 2e caleçon
#22 un 3e caleçon
#23 une brosse à dents
#24 une montre
#25 des écouteurs
#26 un smartphone
#27 un vélo
#28 une cape de pluie
#29 un t-shirt
#30 un 2e t-shirt
#31 une casquette
#32 une serviette

À suivre.

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À propos de l'auteur
Ma démarche minimaliste est très matérialiste (au sens de pragmatique), urbaine, et en même temps réflexive. Je suis philosophe de formation donc j’aime bien manipuler aussi les idées.
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5 réponses

    1. Ahhh voilà une excellente question qu’on m’a posée encore récemment. En effet la montre ne sert techniquement à rien.
      Par contre elle a une fonction décorative. Et puis comme vous l’avez compris c’est un cadeau de ma femme. J’ai donc gardé la montre. Mais le fond du sujet c’est que j’assume entièrement une certaine coquetterie,
      J’aime bien m’habiller et je n’en veux céder sur rien, ni sur le plaisir d’être sapé, ni sur l’élégance.

  1. Pour régler le problème des t-shirts il faudrait deux t-shirting en mérinos, qu’on peut mettre plusieurs jours d’affilé sans que cela dégage des odeurs.

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