LEDs partout, nuit nulle part!

Les diodes électro-luminescentes (LEDs) consomment peu d’électricité. Revers de ce progrès technologique, les collectivités et les particuliers se lâchent sur les éclairages nocturnes.

Leds autours d'un lac
Les sites naturels sont de plus en plus éclairés pour rien.

Considérées comme écologiques, les diodes électro-luminescentes (LEDs) permettent d’éclairer plus longtemps en utilisant considérablement moins d’électricité que leurs aïeules à filament. Capables de fonctionner pendant quinze mille heures au minimum, elles ont une durée de vie presque 50 fois supérieure à celle des ampoules à incandescence. Soit une belle économie de matériau et donc un investissement plus rentable.

Cette technologie est présente désormais dans presque tous les appareils : des phares de voiture aux smartphones, des témoins de veille aux luminaires de salon, cette nouvelle génération d’éclairage fait quasiment l’unanimité. Et comme elle coûte moins cher en électricité, alors on la laisse tout le temps allumée ; comme elle est plus rentable, on peut en installer davantage… Les bénéfices environnementaux risquent donc fort de s’annuler.

L’EFFET REBOND

À force d’éclairer en permanence notre environnement, nous perturbons nos horloges biologiques, régulées habituellement par l’alternance jour-nuit. Gêner le sommeil impacte toute la santé. Mais, si seulement l’on ne détraquait que les humains ! Dans le monde animal, la majorité des espèces s’active la nuit ou au crépuscule, et a donc besoin d’une nuit de bonne qualité, c’est-à-dire suffisamment sombre pour se cacher…

Sans LEDs
Nébuleuse de la Tête de Cheval. Cliché sans lampadaires. Nuit du 4 au 5 février à Tournefeuille (Haute-Garonne). Crédit photo: Olivier Ravayrol. Source: Nuit France, galerie de photos et images, par Romain Sordello.
Avec LEDs
Nébuleuse de la Tête de Cheval. Cliché avec lampadaires. Nuit du 4 au 5 février à Tournefeuille (Haute-Garonne). Crédit photo: Olivier Ravayrol. Source: Nuit France, galerie de photos et images, par Romain Sordello.

Les scientifiques suggèrent que l’impact écologique de cette nuit jamais noire aura diverses conséquences. Prenons l’exemple des champs éclairés la nuit : des observations ont montré que les espèces fuyant la lumière, comme certains prédateurs tels que les rapaces, ne viennent plus, tandis que celles qu’elle ne dérange pas se mettent à proliférer, comme certains insectes dévoreurs de cultures…

Les LEDs, une aubaine
Constituées de matériaux semi-conducteurs qui émettent eux-mêmes de la lumière quand un courant les traverse, les LEDs ne contiennent pas de gaz, contrairement aux ampoules fluocompactes (dites de « basse consommation » mais qui contiennent du mercure, dangereux et non recyclable !) ou halogènes. De plus, et c’est ce qui en fait la méthode d’éclairage la plus intéressante aujourd’hui, les diodes consomment près de 80 % d’électricité de moins que les ampoules classiques. Une aubaine, pense-t-on.

Mais la lumière bleue émise par les diodes n’est pas sans conséquences sur la santé. Pour annuler l’effet grisâtre qu’elle pourrait provoquer, on ajoute une longueur d’onde jaune, afin d’obtenir une lumière blanche qui éclaire « correctement ». Mais cette lumière blanche devient aussi stimulante pour l’organisme que la lumière solaire, et ne permet donc pas, contrairement à une lumière artificielle plus jaune, de faire passer progressivement l’organisme en mode « sommeil ».

C’est pourquoi on nous rebat les oreilles de préconisations afin d’éviter de s’endormir en regardant un écran rétro-éclairé. Mais l’impact d’une modification du spectre lumineux aussi importante que celle qui est en cours n’a pas encore été étudiée, et nous (ainsi que toutes les autres espèces, et n’oublions pas les végétaux, ces mangeurs de lumière !) en sommes les cobayes grandeur nature.

Source : Pawson, S. M. and Bader, M. K.-F. (2014), LED lighting increases the ecological impact of light pollution irrespective of color temperature. Ecological Applications, 24: 1561–1568.

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Herisson-tirelire par Erwann Terrier

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À propos de l'auteur
Écologue de formation, je concilie mes deux passions, les insectes et la typographie, en écrivant en pattes de mouche.
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