Le point Nemo ou le côté obscur de la conquête spatiale

Les pays partis à la conquête de l’espace évitent généralement de parler du point Nemo, une zone de l’océan Pacifique dans laquelle ils bazardent leurs déchets depuis cinquante ans.

Le point Nemo au milieu du Pacifique
Le point Nemo, isolé au milieu du Pacifique sud. Image: Google map.

lettrine, cest bien gentil de faire rêver les Terriens avec les exploits du spationaute Thomas Pesquet, envoyé le 23 avril dernier dans la station internationale pour y faire des expériences, mais il y a un moment où il va falloir aussi parler de l’envers du décor. À savoir le sacrifice d’une gigantesque zone de l’océan Pacifique sud, appelée le point Nemo (en référence non pas au chien d’Emmanuel et Brigitte Macron, mais au capitaine de Vingt mille lieues sous les mers, de Jules Verne), zone qui a pour qualité principale d’être le point maritime le plus éloigné de toute terre émergée.

« ÇA FAIT MAL AU CŒUR »

Situé à la latitude 48° 52′ 31″ Sud et à la longitude 123° 23′ 33″ Ouest, le point Nemo est le centre d’une étendue grande comme l’URSS, soit 22 millions de kilomètres carrés. C’est là, au prétexte qu’il n’y a pas d’humains à la ronde, que les Américains, les Russes, les Européens, les Chinois, les Japonais etc. balancent depuis cinquante ans les engins spatiaux dont ils n’ont plus l’utilité : la station Mir, les vaisseaux, les satellites, les fusées… Il y aurait environ 300 épaves, ou plutôt des débris de celles-ci, éparpillées dans cette zone qui était jusqu’alors préservée de toute empreinte humaine.

Outre la destruction de cet écosystème unique, le fait de jeter les engins spatiaux en fin de vie dans l’océan pose de sérieux problèmes environnementaux car il s’agit de matériaux extrêmement polluants. A l’occasion du Vendée Globe, la course à la voile en solitaire autour du monde, le navigateur italien Giancarlo Pedote a d’ailleurs lancé un appel après avoir passé le point Nemo : « Ça fait mal au cœur de voir que la mer est utilisée de temps en temps comme une poubelle. Ce serait quand même sympa que les responsables de ces missions trouvent un moyen de prendre en charge les déchets qu’elles engendrent. »

4 000 MÈTRES SOUS LES MERS

Les objets spatiaux ont une durée de vie assez courte, environ une quinzaine d’années, et il n’y a que deux façons de s’en débarrasser lorsqu’ils sont hors d’usage : les envoyer dans une « orbite de rebus » déjà pleine de boulons, de vis et de morceaux de métal ou, pour les grands appareils, les envoyer 4 000 mètres sous les mers. C’est là que l’ISS, la station internationale dans laquelle se trouve Thomas Pesquet et ses collègues, ira se crasher d’ici quelques années.

Pendant longtemps l’homme a cru qu’il pouvait tout faire avaler à la mer, espèce d’énorme lave-linge à déchets, jusqu’à ce qu’elle dégorge sur nos côtes des tonnes de métaux, de plastiques et d’hydrocarbures. Combien de temps faudra-t-il avant que des scientifiques ne découvrent les conséquences funestes de cette décharge tellement loin de nous qu’il est très facile de faire comme si elle n’existait pas ?

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À propos de l'auteur
Professeur de SVT au collège, j’essaye de transmettre à mes élèves l’amour et le respect de la nature.
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5 réponses

  1. Bonjour Monsieur

    Merci pour cette information qui nous montre l’impact très négatif des vols spatiaux sur l’environnement de la planète de la part de ceux qui rêvent et qui ne sont pas dans la réalité.
    Visiblement ils préfèrent avoir les pieds dans l’espace plutôt que sur terre .

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