À Lezoux, dans le Puy-de-Dôme, une médiathèque design a ouvert ses portes. Devenue le salon où l’on cause et s’amuse, elle attire des milliers d’usagers.
Les grandes baies vitrées s’ouvrent sur des champs, une gendarmerie, un cimetière… Le clocher du village n’est qu’à une encablure. Lezoux, 6 000 âmes, est célèbre pour avoir été un haut lieu de la céramique à l’époque gallo-romaine. Mais aujourd’hui, la spécialité du coin n’est autre que la médiathèque futuriste inaugurée il y a un an. Qu’a-t-elle de si particulier ?
Dans le hall, un groupe d’enfants découvre un jeu d’arcade, un adulte feuillette un journal, un autre se sert un café au distributeur, deux personnes âgées arrangent un présentoir avec quelques nouveautés à lire. On se croirait dans un grand salon où chacun vaque à ses occupations : ça discute, ça rigole, ça bouquine, ça révise, ça joue… l’ambiance est vivante et calme. Ici, rien n’évoque nos traditionnelles bibliothèques encaustiquées et silencieuses, aux rayons fournis.
Inaugurée en 2017, la médiathèque a très vite vu sa fréquentation exploser. En moins de six mois, elle est passée d’environ 500 à plus de 5 000 nouveaux abonnés (habitants de Lezoux ou des villages alentours). « Il n’y a pas de bar à Lezoux… Si on veut rencontrer quelqu’un, on vient ici, c’est le nouveau lieu de vie » explique Arlette Latron, usagère assidue. Au moins trois fois par semaine, elle vient participer aux projets de la médiathèque ou emprunter des livres. Inévitablement, elle y retrouve une tête qu’elle connaît.
Gratuite, l’inscription permet aux usagers d’emprunter des objets culturels, d’assister à des ateliers, spectacles et conférences ou d’animer eux-mêmes des rencontres : initiation à l’imprimante 3D ou à la brodeuse numérique, exercices d’origami, technique de fabrication d’un vitrail, échanges sur la cuisine ou le jardinage… Et l’expérience est un succès : l’agenda est plein pour longtemps !
En-dehors du programme des activités, les usagers se retroussent les manches pour faire vivre leur médiathèque, avec l’aide du personnel. « Facilitatrice de liens », Pauline Bénéteau a par exemple confié la décoration de l’espace ado à une poignée de lycéens qui doivent se rapprocher d’une association de graffeurs. À un autre groupe, elle a prêté une tablette numérique avec laquelle ils réaliseront un petit film pour annoncer l’agenda culturel.
L’usage de la médiathèque par rapport au mode de vie et de déplacement des gens a été pensé bien des années avant sa construction : « Nous avons fait beaucoup de choses pour présenter le projet à la population, pour qu’à l’ouverture les gens se sentent déjà chez eux » explique Jean-Christophe Lacas, directeur de la médiathèque. Il a ainsi voulu une collection limitée. Des livres aux DVD, la totalité ne dépassera pas les trente cinq mille pièces. Le principe : offrir une sélection de qualité, en perpétuelle évolution.
Jean-Christophe Lacas évoque aussi un plus vaste projet. Plutôt qu’acheter et accumuler, pourquoi ne pas mettre en commun les ressources déjà présentes sur le territoire ? N’y aurait-il pas des personnes volontaires pour prêter leurs propres livres ? La médiathèque ne serait donc plus seulement un centre de collections, mais l’outil d’échanges entre les gens, en fonction de leurs centres d’intérêt. Casser les codes, rien de tel pour faire circuler le savoir, la curiosité et l’enthousiasme. Avant même son ouverture, l’établissement s’était vu décerner en 2016, le Grand Prix Livres Hebdo des Bibliothèques Francophones, pour son caractère innovant.
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2 réponses
Bonjour. Pour être vraiment complet, votre article aurait pu mentionner comment cette bibliothèque était née. Vous auriez alors évoqué la 27e région, le design thinking, et tout le monde aurait compris que la population adhère mieux à un projet quand on la fait participer en amont.
Bonjour Laure, merci pour ces précisions !