Lié à l’émergence des préoccupations écologiques et sociales, le DIY possède sa propre bible : le Whole Earth Catalog, créé en 1968 par le biologiste Stewart Brand.

Le DIY « Do it yourself » est un mouvement culturel originaire des Etats-Unis et un acronyme qui littéralement veut dire « fais-le toi-même », « fait main », ou encore « fait maison ».
C’est un terme que j’ai découvert dans le milieu artistique underground parisien, au début des années 2000, qui, à l’époque, m’évoquait principalement l’auto-édition que je pratiquais en réalisant des fanzines à l’aide de mon agrafeuse géante.
LE CATALOGUE DE LA REDOUTE VERSION ECOLO/SYSTEME D
Cela venait un peu de là, mais le DIY, plus encore et bien heureusement, représente une myriade d’initiatives et d’alternatives à échelle humaine qui constituent en fin de compte l’esprit d’une contre-culture et une possibilité d’action dont le moteur est notre regard critique sur les modes de vie et de consommation conventionnels de notre société.
Intimement lié dans ses fondements, à une conscience et à des préoccupations écologiques et sociales, le DIY possède sa propre bible : le Whole Earth Catalog, créé en 1968 par le biologiste Stewart Brand.
Cet objet insolite – imaginez en quelque sorte le catalogue de La Redoute version écolo/système D avant l’heure – avait pour but de donner des outils d’accès et d’éducation afin de rendre toute utopie et initiative réalisable sans moyens faramineux. « Stay Hungry. Stay Foolish. » (1) dirait Stewart Brand.

Véritable objet d’art en lui-même, ce catalogue compilait des éléments aussi variés que des tronçonneuses, des livres, des articles, des manuels pour construire sa maison, de la géométrie cosmique, des bottes en caoutchouc, des poésies, les premiers ordinateurs à usage personnel, des semences, tout cela dans le but de créer une communauté autonome avec une économie parallèle, à rebours de l’offre dominante du marché. Stewart Brand, son créateur, aurait inventé ainsi une expérience rhizomique proche de celle de la blogosphère avec 35 ans d’avance, où la manière de mettre ensemble – « We can’t put it together, it’s together » (2) – et de compiler serait tout un art. « Curating is assembling, it’s letting other people do most of the work. It’s a very lazy, therefore good, way to influence the world! It’s a question of intelligent collection and then of intelligent display. » (3)
NOW, FIX IT YOURSELF
Autant dire que face aux enjeux écologiques actuels après des décennies de stratégies commerciales fondées sur l’obsolescence programmée et sur la passivité du consommateur, il serait encore profitable de compiler ces alternatives émergentes et découlant de l’esprit d’origine de ce mouvement où les DIY deviennent peu à peu des FIY, « Fix it yourself », des réparateurs du monde. Aussi varié et nécessaire soit-il, nous allons donc aujourd’hui nous intéresser à cet art de la réparation et à ses perspectives, car un nouveau genre de catalogue tout aussi insolite reste à écrire.
1. « Soyez insatiables. Soyez fous. »
2. « Il n’y a rien à assembler, c’est déjà ensemble. »
3. « L’art du curateur est d’assembler, il est laissé à d’autres personnes d’accomplir le plus gros du travail. C’est vraiment un travail de paresseux, et donc un bon moyen d’influencer le monde ! Il est question de collecter et d’assembler intelligemment. »
3 Responses
Y a plus qu’à trouver ce bouquin dans les brocantes ou sur internet, qui sait !
Bonjour!
Il existait en France, dans les années 70… 75?… « le Catalogue des Ressources », paru en plusieurs volumes, et qui ressemblait furieusement au bouquin dont vous parlez. Je crois que c’était une émanation de l’équipe d’Actuel, une revue de l’époque…
Lorsqu’on le feuillette maintenant, on se fait « Retour vers le futur » en live! Pas d’internet, bien sûr, des n° de téléphone à 7 ou 8 chiffres, je ne sais plus très bien. Il faudra que je regarde dans mes archives! Et tout un tas d’adresses et d’articles pour échapper à la naissante société de consommation et vivre en autarcie, au plus près de la Nature… (soupir)….
Bonjour Bigzen, nous avons trouvé quelques images de ce « Catalogue des ressources », édité en 1975, vous avez raison, il ressemble beaucoup au Whole Earth Catalalog!