Composter en appartement avec juste un seau et deux pots à trous

Voici ma méthode pour composter en appartement quand on ne dispose pas de matériel spécifique tel les lombricomposteurs que l’on trouve dans le commerce.

Composter en appartement
Illustration: Franck Louvre.

Au risque de faire hurler les puristes, adeptes d’un travail pesé au milligramme près, véritables biochimistes capables de définir la proportion d’azote, de phosphore et de potassium de leur compost et d’ajouter juste ce qu’il faut pour l’équilibrer… je pratique un lombricompostage d’appoint empirique, et qui me convient pour le moment (en attendant l’installation de vrais composteurs au pied de mon immeuble). La méthode que je vais vous présenter vaut pour les petits foyers, avec idéalement un balcon.

Pour mettre en route ce compostage, ou plutôt cette récupération des déchets organiques divers, il faut avant tout… de la paresse. Prenez une bonne dose de contemplation, l’envie de patouiller, et surtout pas de préjugés. Si vous avez réuni tout cela, on y va !

Contemplation. Prenons un espace habité par des plantes. Qu’il s’agisse d’une forêt ou de votre pot de géraniums n’a pas d’importance… Visualisez le processus à l’œuvre : les végétaux se nourrissent, par leurs racines, des minéraux présents dans le sol, leurs feuilles poussent, puis tombent. Cette matière organique locale est dégradée par les petites bêtes du sol, et va fournir de nouveau des minéraux pour la plante. Et ça ne sent jamais mauvais.

Donc, les déchets végétaux (mais pas seulement) nourrissent le sol, en passant par divers tubes digestifs. C’est là qu’il faut abandonner ses préjugés, et se pencher sur ces organismes vivants qui dégradent la matière organique. Il y en a de toute taille, des bactéries de l’ordre du nanomètre aux vers de plusieurs mètres, en passant par les champignons.

Des vers de terre dans un compost
Les infatigables travailleurs de mes jardinières, automne 2019 (saison des courges…). @Iris Petitjean.

Cela marche comme ça dans la nature, et cela marche comme ça aussi dans mon appartement. Je procède de manière assez simple : je fais un tas des déchets, j’y installe des vers, et j’attends paresseusement que tous les petits organismes les boulottent. Voilà pour le principe, je vais maintenant vous expliquer comment je fais concrètement.

Composter en appartement, ma méthode. Je prends un seau de 5 litres avec un couvercle, dans lequel je place un pot de fleurs troué un peu plus petit. Je garde par devers moi un second pot à trous, voilà pour le matériel. Dans le premier pot, je verse les déchets. Le couvercle est posé sur le seau pour empêcher les mouches de venir y pondre à leur aise, mais pas fermé, pour permettre aux déchets de respirer. Dans le fond du seau, un « jus de compost » coule parfois, que je récupère en rinçant le seau et qui sert pour arroser les plantes (il ne faut pas employer ce jus pur sur les plantes mais le diluer).

Composter en appartement
Un seau à couvercle, un pot à trous. Pas besoin de plus. @Iris Petitjean.

Dans le pot, j’étale d’abord une couche de carton (genre rouleaux de papier toilette déchiquetés), sur lequel je placé quelques vers, offerts par mon père depuis son compost de jardin. Si vous n’avez pas la chance de recevoir de tels présents, mettez-vous en chasse (dans le respect de tous, plantes, sol, vers, propriétaires de terrain, etc. !), ou prélevez une poignée de terre d’un milieu naturel (même recommandation) : elle contiendra sans doute des micro-organismes qui pourront faire le boulot, quoique plus lentement. Et dans ce pot de vers, je verse les déchets, coupés en petits morceaux afin d’être dégradés plus vite.

Une pelletée de vers.
Une pelletée de vers que je vais placer (à la main pour ne pas les blesser) sur leur petit lit de carton. @Iris Petitjean.

Deuxième option, sans vers de terre : étaler en couche très fine ses déchets hachés menus directement dans les jardinières. Ça procure un paillage nourrissant au sol, vos plantes aimeront (et si vous n’aimez pas contempler vos trognons de pomme au pied de vos fleurs, mélangez le tout à un peu de terreau pour camoufler avant de l’étaler).

Dans les faits, bien souvent, certains organismes vont proliférer au détriment d’autres : si vous faites un tas de vos épluchures, vous verrez peut-être arriver sur celles-ci des moucherons, ou bien des champignons (moisissures, pourritures…). Cela peut même sentir mauvais, signe que la dégradation ne peut pas s’effectuer correctement. Quand cela ne sent pas bon, c’est qu’il y a carence ou surcroît. C’est en fait un manque de biodiversité !

ENTERRER LES IMPORTUNS

Pour pallier cela, la flemme est nécessaire, mais également l’observation et le bricolage. La flemme, parce qu’il faut attendre que les choses s’équilibrent. L’observation et le bricolage, parce qu’il faut essayer diverses choses. Si le tas de déchets sent comme de la vase, cette odeur m’évoquant un surcroît d’humidité, j’ajoute alors des morceaux de carton, pour éponger.

Avec l’habitude, je connais mes vers et l’apparence des déchets, et j’arrive à leur apporter de la matière sèche avant que cela ne sente. Parfois, le mycélium de champignons recouvre tout, ou bien des petites mouches envahissent : dans ce cas, je remue un peu, pour enterrer les importuns, ce qui va les étouffer ou leur demander plus de temps pour remonter. Les champignons dégradent très efficacement, mais encore une fois, il ne faut pas qu’un organisme prenne le pas sur les autres. La nature, c’est l’équilibre.

Composter en appartement
Les rebuts organiques s’entassent (en essayant d’ajouter des choses sèches, comme du carton, des brindilles, aux épluchures et fruits pourris humides). @Iris Petitjean.

Le pot est très vite rempli. C’est là qu’il est intéressant d’avoir un balcon : je le place dans une jardinière, et je prends le second. J’ai ainsi deux familles de vers, qui travaillent en rotation : quand l’une est dans le seau dans la cuisine, l’autre digère tranquillement sur le balcon (à l’abri de la pluie et du froid sous une petite bâche transparente – oui, mes vers ont une véranda !). Ils se reproduisent très vite, j’en déplace alors quelques-uns dans le reste des pots de fleurs.

Seau à compost
Le tas un mois plus tard, en été. @Iris Petitjean.

À la fin de leur travail, entre un à trois mois selon la météo et l’humeur de mes vers (ces attachantes petites bêtes ont leur caractère), le contenu du pot ne ressemble plus à un tas de déchets, mais bien à un substrat assez grumeleux, marron, qui sent bon le terreau. C’est le compost. Il peut être mélangé à la terre des jardinières pour redonner de la nourriture au substrat dont se nourriront les plantes.

Des melons sur un balcon.
Exemple de ce qui pousse en ne touchant à rien: ces poivrons et ce melon sont venus seuls… et se sont avérés délicieux! @Iris Petitjean.

Au cas où vous ne pourriez envisager de voir pousser des citrouilles (c’est très encombrant quand ça grandit !), cette méthode flemmarde ne convient peut-être pas…

Quoi qu’il en soit, si vous avez installé un pot à déchets chez vous, contactez-moi en cas de question via les commentaires ci-dessous, j’essaierai de vous apporter mon expertise.

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À propos de l'auteur
Écologue de formation, je concilie mes deux passions, les insectes et la typographie, en écrivant en pattes de mouche.
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6 réponses

  1. Bonjour Le Journal Minimal 🙂

    Je vous propose d’entourer le lombricomposteur d’une moustiquaire, c’est mon astuce pour être certain d’éviter (ou de contenir) une invasion de mouches… Cela peut être problématique ou carrément un motif de rupture dans le cas où l’on ne possède pas de balcon…

    Merci pour cette astuce compostage minimaliste 🙂

    1. Bonjour Étienne,
      Merci pour cette astuce ! J’espère que les mouches ne vous ont tout de même pas causé trop de problèmes…

  2. Bonjour,
    J’ai un lombricomposteur sur mon balcon. Mon étage du dessous est plein et bien décomposé, mais il reste toujours pas mal de vers. J’aimerais utiliser ce compost mais comment faire pour que tous les vers soient remontés à l’étage supérieur dans lequel je place dorénavant les déchets de cuisine et le carton pour utiliser le contenu de cet étage inférieur?
    Merci pour votre aide.
    Cordialement,
    Claudine.

    1. Bonjour Adelino,
      Je ne suis pas spécialiste des lombricomposteurs, je suppose qu’il faut avoir un volume dans le bac du dessous suffisant pour leur permettre de « grimper » au-dessus, et que le contenu du dessus soit plus attrayant (donc que celui du dessous soit déjà complètement décomposé).
      Personnellement, j’ai un bac dans lequel je verse les déchets, et un qui contient les déchets en train d’être décomposés, et les deux contiennent des vers. Lorsque j’utilise le compost décomposé, si c’est pour nourrir des pots de fleurs, j’essaie de laisser la plupart des vers dans le compost, en les retirant, mais certains vont aussi dans la terre des pots de fleurs, et ils y font leur vie.

  3. Bonjour, J’habite en appartement et voudrai faire un compost. le seul souci est que comme je consomme énormément de légumes, en 1 semaine un petit sot est plein. du coup, je ne vois pas comment stocker un sot de légumes par semaine sur mon balcon… Avez vous des astuces à ce propos ? pouvez vous m’aider ? pour l’instant j’ai un sot que je jette dans la nature après plusieurs semaines quand je peux trouver un coin isolé… mais cela ne me convient. Votre expérience sur le sujet m’intéresse. Sincèrement Emmanuelle CHEYLUS

  4. Bonjour Emmanuelle,
    Merci pour ce commentaire, et bravo d’apporter autant de matière au sol, où qu’il soit. Peut-être pouvez-vous viser un pot plus grand ?
    Sinon, je vous conseille de découper ce que vous jetez en fragments les plus petits possible, pour qu’ils soient mangés très rapidement par la microfaune. Les vers et leurs acolytes sont capables de dévorer très vite, et de réduire grandement le volume de vos apports, même importants.

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