Il existe une méthode minimale pour faire pousser des plantes sans désherber à la main ou à l’aide de produits chimiques : le paillage. Économique, et écologique.
Tous les amoureux de la Nature le savent, nous, les humains, avons déjà terriblement endommagé les sols indispensables à notre vie : nous prenons appui sur eux pour nous déplacer et ils nous nourrissent. Les causes de cette destruction sont multiples :
- destructuration (compactage par des engins lourds notamment)
- perte de biodiversité, en raison notamment des pesticides (mais oui, là, juste à la surface et dessous, c’est normalement plein de vie, plus ou moins visible à l’œil nu !)
- assèchement…
Plus un sol est abimé, moins il parvient à faire son travail et plus il faut l’irriguer. Or, en mai 2019, les nappes phréatiques de l’Hexagone étaient déjà à un niveau inférieur à la normale. Comment faire pour limiter l’utilisation d’eau sans pour autant laisser se déshydrater les plantations ? Il suffit de restituer au sol sa matière organique, d’empêcher son assèchement et d’évider d’y répandre du poison. Rien de plus simple, mais ce n’est pas encore entré dans les mœurs.
SILLONS BIEN DROITS
L’image d’Épinal du potager est celle de légumes alignés qui poussent bien droit dans la terre bien brune, qu’il faut désherber (manuellement dans le plus respectueux des cas) et arroser quotidiennement. Même chose dans les champs en agriculture intensive, sauf que le désherbage se fait chimiquement par substances pétrochimiques toxiques, et que les sillons bien droits se font aux machines bien polluantes.
Pourtant, un sol nu, ça n’existe pas à l’état naturel : sur le sol, les plantes poussent, la matière morte se dépose, tout ça se décompose et se recompose inlassablement. Sous les plantes, la litière est mangée, puis déféquée sous forme de nutriments qui serviront à leur tour à nourrir les plantes, qui nourriront les animaux, etc. Un sol vivant est en perpétuelle formation, et toute la vie qui le compose y est répartie selon la taille et la composition des particules et la teneur en oxygène. Granulométrie et composition minérale déterminent également le chemin que prend l’eau : la pluie s’infiltre ou stagne, répartissant les éléments minéraux et organiques.
DÉBRIS VÉGÉTAUX
À l’inverse, un sol nu s’échauffe plus rapidement que s’il était protégé par des végétaux, et l’eau s’en évapore jusqu’à 3 fois plus vite. Les micro-organismes étant très sensibles à la chaleur et à la luminosité, ce régime leur est souvent fatal, et sans eux, les plantes ont plus de mal à se nourrir. Alors oui, me diront les braves gens, mais si on laisse tout pousser, les « mauvaises herbes » vont finir par étouffer nos salades… Déjà, rien n’est moins sûr. Ensuite, il existe une autre technique : le paillage.
Cette méthode de couverture très efficace possède de nombreux atouts. Bonne pour le potager, elle pourrait également s’appliquer à grande échelle. Le paillage, c’est simplement le fait de recouvrir le sol de paille, ou autres débris végétaux secs, ou encore de compost, afin de protéger le sol. Broyats d’écorce, déchets du jardin… tout est bon (attention évidemment à ne pas utiliser les déchets contaminés : si vous devez arracher des plantes parce qu’elles sont malades, ne les utilisez pas comme paillage). Il est fréquent de voir le sol entre les pieds de fraisiers recouvert de paille, notamment afin d’éviter que les fraises ne touchent la terre, ce qui leur permet de rester propres.
CRÉER DES REFUGES
Le paillage a bien d’autres atouts. En créant une couche sombre sur le sol, il le protège de la lumière, ce qui empêchera les autres plantes de pousser : pas besoin de désherber pour que seules vos plantes d’intérêt profitent des nutriments. Cette couche de débris végétaux protège également la structure du sol : cela évite que la pluie ne tasse la terre et y forme une croûte imperméable (on appelle ce phénomène la battance).
Ensuite, la décomposition de cette matière végétale forme de l’humus, qui apportera des nutriments et réjouira les vers de terre et tous leurs camarades. De plus, cette couche protectrice sur le sol permet d’atténuer les différences de température, et cela diminue le stress thermique ressenti par les plantes et les organismes du sol : les plantes poussent alors mieux ! Enfin, maintenir une couche de paillis ou de broyat d’écorce pendant l’hiver permet de créer des refuges qui abriteront les insectes et autres petits animaux utiles au jardin.
CYCLES NATURELS
La permaculture, cette méthode de culture vivrière non déconnectée des cycles naturels, considère évidemment comme une aberration le fait de laisser le sol nu, et promeut le paillage pour conserver toutes les fonctionnalités du sol. À grande échelle, l’agriculture pétrochimique pourrait économiser l’eau (et pas seulement) en y recourant aussi… mais la logique des cycles naturels et la production intensive, ça fait deux.
Une réponse
Bravo pour votre article qui résonne très bien avec l’article : »Pailler le sol pour se passer de pesticides oui, mais pas avec des bâches en plastique ! »