Alerte ! Le 2 août 2017, nous aurons « consommé » la Terre

Le Jour du dépassement des capacités de la planète aura lieu cette année le 2 août. Denis Garnier, président de l’association Démographie responsable, réclame à l’ONU des mesures d’urgence.

L’empreinte de l’humanité a commencé à dépasser la biocapacité de la planète dans les années 1970. Le dépassement est ensuite intervenu de plus en plus tôt, comme le montre le graphique ci-dessous.

Graphique-jour-depassement

En cette année 2017 donc, à la date du 2 août, nous aurons consommé tout ce que la planète produit en un an. On peut donc dire que du début janvier jusqu’à la fin juillet, soit en sept mois, nous aurons « consommé une planète » et en déduire qu’à la fin de cette année 1,7 planète aura été utilisée pour satisfaire nos exigences.

Or nous n’avons évidemment qu’une seule planète et donc tout ce que nous consommons au-delà du renouvelable, nous le puisons dans le stock. Par exemple, nous vidons les océans de leurs poissons ou encore nous asséchons les nappes phréatiques et surtout nous produisons plus de déchets (COen particulier) que la biosphère ne peut en assimiler. Et comme on ne repart pas à zéro en chaque début d’année, ces déficits s’accumulent et la planète s’appauvrit (et se réchauffe) de plus en plus.

Les causes de cette dégradation sont de deux ordres : la hausse de l’empreinte écologique globale (via la consommation et le nombre de consommateurs) et la relative stagnation de la biocapacité de la planète. Un exemple pour cette dernière notion : ce qui est gagné en rendements agricoles est compensé par la perte de terres cultivables à cause de l’urbanisation ou encore de la désertification.

SURCONSOMMATION + SURPOPULATION

Il se trouve que l’empreinte écologique des pays occidentaux est plutôt stable (même si elle reste beaucoup trop forte) alors que l’empreinte des pays émergents (Chine par exemple) et de ceux en voie de développement croît du fait de l’augmentation de leur population et de celle de leur consommation.

Les deux façons d’agir pour stopper le processus d’avancement de la date du dépassement seraient donc une sérieuse baisse des émissions des pays « du Nord » et une stabilisation rapide des populations « du Sud ». Or, il se trouve que seule la première piste est à l’ordre du jour, comme en témoignent les préconisations et les engagements pris lors de l’accord de Paris sur le climat (Cop21). Et il est même à craindre que ces vertueuses décisions, bien que nécessaires, s’avèrent nettement insuffisantes.

C’est la raison pour laquelle un certain nombre d’organisations (dont Démographie responsable pour la France) appellent l’ONU à lancer une concertation mondiale afin de mettre en place un vaste programme d’incitation à la baisse de la fécondité, et ce via le financement de l’éducation et de la planification familiale dans les pays en voie de développement, ainsi que de toute autre mesure non-coercitive pouvant aider à la réalisation de cet objectif.

Le jour du dépassement
La terre vue du ciel, des zones urbaines illuminées
Photo : Pixabay.

Le Jour du dépassement (Earth Overshoot Day) est un concept créé par le Réseau empreinte globale (Global Footprint Network) afin de marquer les esprits. Il est ainsi calculé : (biocapacité mondiale ÷ empreinte écologique mondiale) x 365. La biocapacité étant dorénavant plus faible que l’empreinte, on arrive à un nombre inférieur à 365, en l’occurrence pour cette année au 214e jour, soit le 2 août.

Même si l’utilisation de ces deux indicateurs écologiques* est devenue assez courante, rappelons néanmoins que l’empreinte écologique est « la surface nécessaire pour produire les ressources que l’humanité consomme et pour absorber les déchets qu’elle génère » et que la biocapacité, exprimée elle aussi en hectares, correspond à ce que la planète produit de façon renouvelable et à ce qu’elle est capable de recycler chaque année.

* À noter que l’empreinte ne prend pas en compte les dommages infligés aux espèces vivantes « non consommables », raison pour laquelle le WWF a d’ailleurs créé l’Indice planète vivante. Le bilan écologique est donc en réalité bien plus préoccupant que celui auquel nous faisons allusion ici. La sixième extinction est une triste réalité, avec par exemple l’élimination de la moitié des vertébrés durant ces quarante dernières années.

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À propos de l'auteur
Je suis le président de Démographie responsable, association crée en 2009. J’ai été successivement professeur de gestion puis moniteur d’escalade. Mes centres d’intérêt sont l’histoire, la démographie évidemment et par-dessus tout les espaces sauvages de montagne.
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5 réponses

  1. Surconsommation + surpopulation = catastrophe écologique. Arriverons nous à une concertation mondiale? J’en doute. Hélas, la réflexion sur notre nombre n’a jamais été à l’ordre du jour officiellement où que ce soit. Mis à part la politique coercitive d’une Chine totalitaire et les essais ratés en Inde. Nous allons droit dans le mur et les désastres humains.

  2. Merci d’avoir le courage de parler du problème numéro un : la surpopulation, tabou dans les médias alors que la plupart des gens normaux qu’on rencontre tous les jours sont d’accord sur la nécessité de la limitation des naissances. Et vous avez raison lorsque vous dites que la limitation des naissances est encore plus nécessaire dans les pays développés, qui émettent plus de gaz à effet de serre par habitant ; cependant, du point de vue de l’autre grand problème causé par la surpopulation : l’effondrement de la biodiversité, tous les habitants de la planète sont à peu près sur un pied d’égalité : ils contribuent tous à la perte d’habitat des espèces sauvages, à la destruction de la fertilité des terres, etc.

    1. Merci pour votre retour Januel ! 😉
      En effet, le problème de la surpopulation mondiale est un sacré tabou médiatique, mais au journal minimal, il nous paraît indissociable des problématiques écologiques et nous allons en reparler très prochainement.
      A très vite donc et merci beaucoup votre soutien !

  3. Tellement d accord avec vous !
    Un ami chercheur qui adore les chiffres a osé calculer le taux de gaz carbonique produit par les humains et les animaux de compagnie. Edifiant voire terrifiant. On imagine assez bien pourquoi cette recherche n a semble t il jamais été pensée publiquement.

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