Nous publions les choses vues/vécues/entendues par l’artiste Marjolaine Sirieix, qui participait à la Women’s March parisienne contre Donald Trump.
Nous sommes à Paris, le 21 janvier 2017.
Lendemain de la cérémonie d’investiture de Donald Trump comme 45e président des États-Unis.
Shame day…
Mon fils Abel et moi prenons le métro, direction Trocadéro.
Nous allons à la Women’s March de Paris, pas à celle de Washington.
Quoique mon fils croie encore qu’on change de pays quand on prend le métro…
Dans le wagon, une dame debout commence à s’énerver contre un type assis sur un strapontin.
Je le vois de dos, je ne comprends pas très bien la situation mais la femme a les yeux révulsés ; ses yeux sont d’un bleu très clair, limpide.
Elle lui dit :
— « Mais non… non… ça va, je ne veux pas m’assoir, je ne suis pas enceinte et quand le métro est bondé comme aujourd’hui, j’ai la correction de rester debout. »
Je me dis qu’elle est un peu VNR celle-là… je ne comprends pas bien le fond de l’affaire ni son agacement mais, du regard, je lui fais signe que je l’approuve.
L’homme s’en va.
Une place s’est libérée près de nous dans le carré, une jeune femme vient s’assoir sur le siège voisin, elle se retourne et entame la conversation avec la dame aux yeux limpides, elle aussi a les yeux d’une grande clarté, des yeux couleur ciel comme aujourd’hui.
La jeune femme explique qu’elle aussi a été harcelée deux minutes auparavant par ce type, qui lui disait :
– « Bonjour, bonjour » de manière pathologique, et qui lui proposait de s’assoir… à sa gestuelle, on saisit que c’est sur ses genoux… Ah ah….
Bref, on commence à se détendre et à rigoler toutes les trois.
La jeune femme assise dans le carré avec nous, nous dit :
— « Surtout un jour comme celui-là… »
Je lui demande si elle va elle aussi à la Women’s March contre Donald Trump.
Elle acquiesce et nous faisons le reste du trajet ensemble.
Preuve peut-être qu’à chaque instant, une femme au quotidien est en train de manifester quelque chose de son identité, en la défendant.
Ambiance (durée 19s) :
Texte, photographies, prise de son : Marjolaine Sirieix.