Le blocage des dépôts de carburant crée la panique, mais il a aussi ses avantages : plus de vélos, de covoiturage, de marche à pied, d’air pur, d’entraide entre les citoyens.
« La France va mieux, » assurait il y a peu le président de la République, tout en continuant à défendre la très controversée loi travail. Face à sa fermeté, les opposants à la réforme ont donc durci le mouvement : depuis ce weekend, le blocage de dépôts de carburant crée la panique chez les Français qui ont peur « de ne pas pouvoir aller au travail ». C’est « une prise d’otage », s’est emporté le ministre de l’Économie, Michel Sapin, reprenant à son compte le vocabulaire antisocial popularisé par les ultra-libéraux des années 2000.
Mais tout bien réfléchi, est-ce si grave d’être momentanément privés d’essence ? Sommes-nous à ce point dépendants de la voiture (lire sur ce sujet nos chroniques de l’automobilisme) ? Des grèves de train sont, elles aussi, annoncées. Alors c’est certain, des week-ends au vert bien mérités par des gens qui triment tout l’année comme des dingues vont tomber à l’eau… C’est rageant, oui.
Ne peut-on néanmoins simplement profiter d’un petit ralentissement des déplacements et des activités économiques, en attendant que le gouvernement, peut-être, daigne amender cette loi qui ne satisfait ni le Medef ni les salariés ? À moins qu’il n’emploie les grands moyens pour remédier à la pénurie, mais nul ne sait alors ce qui se passera. Surtout si « la France va mieux » : historiquement, c’est justement lorsque cela va un peu mieux que les mouvements sociaux se déclenchent.
Ne peut-on donc trouver des solutions telles que l’entraide, le covoiturage, la bicyclette, voire la marche à pied pour se déplacer ? Ne peut-on céder son bidon d’essence à un voisin dans le besoin ? Réserver le carburant aux professionnels et aux particuliers prioritaires ? Ne peut-on, enfin, voir que tout le monde n’y perd pas ? Les loueurs et les marchands de vélos vont faire de bonnes affaires, tandis que les asthmatiques, les riverains des autoroutes, des nationales, des rocades et des périphériques vont certainement respirer un peu mieux si jamais la grève se poursuit.
En fin de compte, et si, comme nous y invitait Gébé, le dessinateur de Charlie Hebdo, dans son œuvre L’An 01, on faisait la « vélorution » ?
Extrait d’une des scènes de vélorution de L’An 01, film culte écrit par Gébé et réalisé par Jacques Doillon (1973). Durée : 1 min 06 (Attention, il y aura peut-être une pub avant !)