Pour défendre les poissons menacés, la plasticienne Alexandra Boucherifi animait lors de la Marche pour l’océan de Surfrider un atelier de fabrication d’animaux marins à partir de déchets plastiques. Récit.
Samedi 8 juin 2019, à l’occasion de la Journée mondiale des océans, l’ONG Surfrider organisait à Paris la première Marche pour l’océan. L’occasion pour moi d’animer un atelier d’art afin de créer des animaux marins avec le contenu de nos poubelles jaunes. Dans un communiqué de presse, Surfrider rappelait que « 256 kilos de déchets plastiques sont déversés chaque seconde par l’homme dans les océans et que dans trente ans ceux-ci contiendront plus de plastiques que de poissons ».
La Surfrider foundation est née à la fin du 20e siècle sous l’impulsion de surfeurs désireux de préserver les eaux du monde de la pollution, de protéger le littoral et d’informer le public sur la catastrophe en cours. Au fil de mes nombreux entretiens avec les plus grands champion de surf (de Tom Curren à Kelly Slater), j’ai découvert leur philosophie du monde, centrée sur la nature, et c’est eux qui m’ont sensibilisée à la vie des océans.
RÉPARATION SYMBOLIQUE
Aussi, lorsque j’ai appris que Surfrider organisait cette Marche pour l’océan, j’ai décidé d’y participer à ma manière : en proposant un atelier de rue participatif. L’action s’est déroulée place Stalingrad avec des enfants, des ados et des jeunes adultes.
Ensemble, nous avons fabriqué des animaux marins à partir de bouteilles en plastique, de rouleaux d’essuie-tout ou de papier toilette, d’emballages divers, de canettes… Une façon de réparer symboliquement ce que nous faisons subir à la faune marine. En l’espace d’une heure, nous avons ainsi pu confectionner des raies manta, une tortue, un requin, deux aquariums, un pingouin, des poissons, une murène… que nous avons exposés de façon éphémère.
Face aux questions des passants intrigués, chacun en a profité pour aborder la question sensible : l’urgence d’agir pour la protection des océans. Dans un contexte de ce genre, favorable à la discussion, j’ai constaté qu’il était possible par exemple d’expliquer comment se biodégradent les emballages. Ce fut aussi l’occasion d’évoquer le rapport tout juste émis par WWF sur la pollution en Méditerranée, qui désigne la France comme premier pollueur plastique de la région.
LA NONCHALANCE DE MON VOISIN
Les rapports inquiétants se succèdent mais rien ne semble changer drastiquement. La plupart des humains ne semblent pas vraiment concernés, à l’instar de mon voisin d’en face (un journaliste à la télévision, donc quelqu’un de bien informé normalement) qui depuis des années jette nonchalamment ses mégots par la fenêtre, faisant mine d’ignorer qu’ils polluent chacun 500 litres d’eau et se retrouvent ensuite parfois dans les entrailles d’animaux marins !