Ce récit d’Henry David Thoreau, redécouvert en mai 1968 en France, est un des ouvrages de référence de la pensée écologiste moderne.
Le genre
Roman autobiographique.
Le pitch
L’auteur raconte sa vie durant deux ans dans une cabane de 13 m² qu’il a construite lui-même, à Walden Pond, Massachusetts (États-Unis), au milieu du 19e siècle. Il souhaite mener une vie de « simplicité volontaire » : vivre au calme, lire, écrire, étudier la nature et cultiver son potager. Cependant, il ne s’agit pas pour autant d’une vie d’ermite. Il n’est qu’à 2,4 km de sa maison natale et de ses amis, qu’il voit souvent. Il s’agit plutôt d’un pas de côté, ni trop près ni trop loin de la société des hommes.
L’auteur
Henry David Thoreau (1817-1862), philosophe, naturaliste et poète américain, influencé entre autres par Jean-Jacques Rousseau. Auteur d’un autre ouvrage fondateur, La désobéissance civile, qu’il a écrit après avoir été emprisonné pour avoir refusé de payer ses impôts à un État « qui admet l’esclavage et fait la guerre au Mexique ».
Mon humble avis
La forme du livre est un peu déroutante au début, sorte de patchwork entre la chronique, le roman autobiographique et la poésie. Je m’attendais à une sorte de super Manuel des Castors Juniors qui apprendrait tous les trucs et astuces pour vivre seul dans les bois au fin fond d’une forêt perdue. Il s’agit davantage d’une réflexion sur l’être humain, la nature et la civilisation. On est en plein less is more.
Une phrase du livre
« Une dame m’offrit une fois un paillasson, mais comme je n’avais ni place de reste dans la maison, ni de temps de reste dedans ou dehors pour le secouer, je déclinai l’offre, préférant m’essuyer les pieds sur l’herbe devant ma porte. »
Un extrait du livre
« Vers la fin de mars 1845, ayant emprunté une hache, je m’en allai dans les bois qui avoisinent l’étang de Walden, au plus près duquel je me proposais de construire une maison, et me mis à abattre quelques grands pins Weymouth fléchus, encore en leur jeunesse, comme bois de construction. Il est difficile de commencer sans emprunter, mais sans doute est-ce la plus généreuse façon de souffrir que vos semblables aient un intérêt dans votre entreprise. Le propriétaire de la hache, comme il en faisait l’abandon, déclara que c’était la prunelle de son œil ; mais je la lui rendis plus aiguisée que je ne la reçus. C’était un aimable versant de colline que celui où je travaillais, couvert de bois de pins, à travers lesquels je promenais mes regards sur l’étang, et d’un libre petit champ au milieu d’eux, d’où s’élançaient des pins et des hickorys. La glace de l’étang qui n’avait pas encore fondu, malgré quelques espaces découverts, se montrait toute de couleur sombre et saturée d’eau. Il survint quelques légères chutes de neige dans le temps que je travaillais là ; mais en général lorsque je m’en revenais au chemin de fer pour rentrer chez moi, son amas de sable jaune s’allongeait au loin, miroitant dans l’atmosphère brumeuse, les rails brillaient sous le soleil printanier, et j’entendais l’alouette, le pewee et d’autres oiseaux déjà là pour inaugurer une nouvelle année avec nous. C’étaient d’aimables jours de printemps, où l’hiver du mécontentement de l’homme fondait tout comme le gel de la terre, et où la vie après être restée engourdie commençait à s’étirer. »
Henry David Thoreau, Walden, or Life in the Woods (Walden ou la vie dans les bois), Ticknor and Fields, 1854.