Munis de gants verts et de sacs poubelles, des Clean Walkers ont ramassé les déchets au cœur de la grande marche étudiante pour le climat, vendredi 15 mars à Paris. Reportage.
Ce vendredi 15 mars, en cette journée de grève mondiale pour le climat, un petit groupe d’une quinzaine de manifestants, étudiants et actifs, se prépare dès 13 heures pour une clean walk (marche propre). Le principe : manifester tout en ramassant les déchets autour de soi !
Au départ du Panthéon, tandis que 30 000 à 50 000 étudiants s’époumonent : « Et 1, et 2, et 3 degrés ! C’est un crime, contre l’humanité ! », un jeune homme distribue des gants verts autour de lui en vue de la clean walk qu’il a proposée via la page Facebook Clean Walker. L’idée lui est venue il y a une semaine seulement, inspirée par la marche propre à laquelle une de ses amies participait à Lorient.
ACTION CONCRÈTE
Chacun a apporté ses sacs poubelle, biodégradables de préférence ! « À mes pieds il y a un déchet de McDo alors je vais déjà m’y mettre » commence Lucas. Puis, lui et ses comparses se répartissent le travail : certains ramasseront les déchets non-recyclables, d’autres les déchets recyclables, ou encore les mégots !
Les Clean Walkers avancent au cœur du cortège en scrutant le bitume attentivement. Tous sont enthousiastes à l’idée de ne pas seulement marcher et scander des slogans, mais de participer à une action concrète : « On ne veut pas se balader et voir tout un tas de déchets partout sans rien faire. »
Soudain, un homme s’immisce au milieu du groupe et s’énerve : « Il ne faut pas nettoyer les déchets du capitalisme ! Ça n’est pas à vous de ramasser la merde des autres ! » Mais eux en sont convaincus, ils ne peuvent pas laisser les choses ainsi. « Si on ne fait rien, cela continuera de polluer » lui répond un Clean Walker.
UN EFFET ÉDUCATIF
Pour Lucas Lachambre, cette Clean Walk est l’occasion de « sensibiliser les gens aux comportements irresponsables des individus, au fait qu’il y ait beaucoup trop de choses qui ne soient pas recyclables et à la surconsommation ». Nina et Marie interpellent, avec le sourire : « Si j’en vois jeter leurs mégots, je vais les voir » affirme l’étudiante en Sciences de l’éducation. Quelques mètres plus loin, je les aperçois en effet, tendant leur sac à une jeune fumeuse.
Des adultes se sont joints à l’opération de Lucas Lachambre, motivés par la cause et par ce qu’elle représente pour leurs enfants. Mathilde, qui fait partie d’un collectif zéro déchet, est déjà sensibilisée depuis longtemps à cette problématique. Avec Martino, ils marchent avec poussette et porte-bébé. « Venir avec nos enfants aura peut-être un effet éducatif ! » me dit la jeune maman.
Quant à Sandrine, c’est plutôt son fils, Nolann, qui l’a poussée à venir aujourd’hui. « Il est très écolo, il s’intéresse à la permaculture, notamment, et avait très envie de venir aux manifestations depuis longtemps. Il a seulement 14 ans alors je ne voulais pas qu’il vienne seul et je lui avais promis que pour la marche mondiale nous irions ensemble. »
Arrivés aux Invalides, les Clean Walker se regroupent pour faire le tri des déchets récupérés. Ce sont les ramasseurs de mégots qui ont eu le plus de travail. Ils aimeraient envoyer leur récolte à l’entreprise MéGo!, en Bretagne, qui recycle spécifiquement ce type de déchets, et envisagent de demander de l’aide à la Mairie de Paris car les clients de cette société sont plutôt des entreprises et des collectivités.
Hormis quelques moqueries, les Clean Walkers de ce 15 mars ont majoritairement suscité des réactions positives de la part des manifestants : certains les traitaient comme des héros, d’autres regrettaient de ne pas avoir été au courant de l’opération pour y participer !♦
• Retrouvez ici les prochaines Clean Walks organisées dans toute la France, ou proposez la vôtre.
• À voir, aussi, la vidéo de nos confrères du Parisien [désolés pour la pub éventuelle avant la vidéo, N.D.L.R.] au sujet du #TrashtagChallenge, le défi qui se répand en ce moment sur les réseaux sociaux :
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5 réponses
Lors de la manifestation (500 000 personnes) dans Florence, où se déroulait du 6 au 10 novembre 2002 le Forum social mondial, les organisateurs avaient distribué des sacs poubelle et il n’y avait à la fin de la manifestation (plusieurs heures) aucun papier par terre… Au grand dam de Berlusconi qui avait appelé les commerçants à barricader leurs boutiques (ce que seule une minorité avait fait) alors que la ville avait affiché partout « Firenze città aperta ».
Génial, merci Luc pour ce témoignage !
Grand marcheur de Clermont-Ferrand, armé d’un sac vide, je ramasse, je ramasse, existe-t-il des gens de Clermont désirant se joindre à moi? C’est pas le boulot qui manque, hélas! Un detail: je ne suis plus jeune, mais retraité, merci tout le monde.
Bonjour Pierron, si vous souhaitez que les gens puissent vous contacter, il faudrait leur laisser un e-mail ou un endroit où vous joindre ?
pierron