La croisière ne nous amuse plus

Faut-il vraiment se réjouir des commandes de paquebots diésels géants à la France ? Des solutions tricolores high-tech pour la propulsion à la voile existent.

By Andres Manuel Rodriguez, Public Domain, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=861382
Un petit frère de l’Harmony of the Seas, le paquebot Freedom of the Seas (Crédit photo: Andres Manuel Rodriguez).

Les commandes de paquebots diésels géants pleuvent depuis le début de l’année sur le chantier naval STX France, à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique). Dernière en date, celle signée le 24 mai par l’armateur américain Royal Caribbean Cruises Ltd : trois navires de croisière semblables à l’Harmony of the Seas, le plus gros paquebot du monde livré mi-mai.

La « bonne nouvelle » a suscité encore une fois un enthousiasme rare, faisant la une des médias et la joie des milieux d’affaires, d’Emmanuel Macron qui s’est « réjoui » de cette « situation historique et exceptionnelle » au directeur général de STX France, Laurent Castaing : « C’est formidable, notre carnet de commande est plein jusqu’en 2026 ! »

L’HARMONY OF THE SEAS BRÛLERAIT 150 TONNES DE FUEL PAR JOUR

Mais faut-il vraiment se réjouir de tels achats ? Ces mastodontes génèrent en effet une pollution extrême. Selon The Guardian, un bateau comme l’Harmony of the Seas « brûlerait au moins 150 tonnes de fuel lourd par jour, émettrait plus de soufre que plusieurs milliers de voitures, davantage de dioxyde d’azote que toute la circulation automobile d’une ville moyenne, et plus de particules fines que les milliers de bus londoniens. » Des révélations qui ont suscité la colère de la Royal Caribbean International, qui a porté plainte contre le quotidien anglais.

La compagnie cultive une image de bonheur et d’insouciance bien loin de la réalité. Les noms de ses paquebots font rêver les amateurs de croisière : Rhapsody of the Seas, Liberty of the Seas, Oasis of the Seas… Le dernier, Harmony of the Seas, est équipé, entre autres, de 22 cafés et restaurants, de 23 piscines, d’une patinoire, d’un terrain de basket, d’un théâtre de 1 400 places où sont jouées les comédies musicales de Broadway ! Le voyage des premiers passagers a pourtant viré au cauchemar car les travaux n’étaient pas finis, comme le raconte le Journal de Montréal.

DES NAVIRES À PROPULSION ÉOLIENNE, C’EST POSSIBLE

À l’heure du développement durable et du tourisme vert, pourquoi la France soutient-elle une industrie de loisirs aussi polluante ? Le secteur de la construction navale bénéficie aujourd’hui de plus de 7 milliards d’euros de garanties de l’État émises pour couvrir les financements des navires livrés et en cours de construction aux chantiers de Saint-Nazaire.

Pourtant, d’autres solutions de transport maritime existent, telles que le projet Zéphyr et Borée actuellement développé en Bretagne : un cargo à voile high-tech, offrant un bilan carbone réduit de 80 %. Une technologie française, elle aussi, qui pourrait très bien être répliquée pour les paquebots.

Zephyr et Boree
La maquette du projet Zéphyr et Borée.

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À propos de l'auteur
Journaliste, co-fondatrice du journal minimal, je suis spécialiste des questions de société.
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6 réponses

  1. J’ai souvenir des arguments « écolos » le jour du lancement de ce monstre des mers : « Oui, mais ce paquebot consomme BEAUCOUP MOINS de carburant que ces prédécesseurs car il bénéficie de toutes les innovations technologiques … Soit 150 tonnes de fuel lourd par jour (une paille) ???
    Mouais… Vous allez me dire que je fais des raccourcis tordus – et vous avez peut-être raison – mais c’est un peu comme le gouvernement actuel. Son programme n’a rien de « gauche », mais il est BEAUCOUP MOINS à droite que celui proposé par LR …
    Donc, ne te plains pas… 🙂

  2. Vu sur Arte, le Dessous des Cartes. 20 cargos polluent autant que la totalité du parc automobile mondial. Il y a 500 cargos qui sillonnent les mers. J’étouffe !

  3. Pourquoi la journaliste ne fait elle pas son travail? Intelligence, rapport détaillé, analyse, comparaison:
    6300 passagers, 3,7l/100 de diesel:
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Harmony_of_the_Seas#Caract.C3.A9ristiques_techniques
    Bref, la critique est facile, dans l’absolu ‘mon dieu mais ça pollue! », et donc, faut il alors envoyer nos chers retraités de parents dépenser leurs sous.. à pied? Non, ils prendraient leur auto, le train, l’avion, et ça polluerait tout autant. Ou même resteraient chez eux dans le froid d’un hiver New-Yorkais ou Lillois et dépenseraient encore plus plus se chauffer: oui ou non? L’avez vous calculer pour donner du corps à votre critique?
    A deux dans leur auto, ils seraient déjà à autant que ces 2×3,7L/100. Ajoutez leur chauffage ou clim, et toute autre énergie pour la lumière, machines, frigo, etc. et finalement, il est moins polluant de naviguer sur ce monstre que de se balader près de chez soi…

    Une alternative de voiles « bio »? Faites moi rire et, encore, soyez donc sérieuse: depuis Jacques Rougerie (1985) ou Coustaud et la turbovoile de l’Alcyon, la douce utopie de « naviguons sans mazout » reste… une utopie. Même le Club Med One ne se passe pas de son mazout, les voiles sont là pour faire joli, luxueux et… augmenter le prix à la semaine. Entre un joli dessin et ce monstre des mers, il y a un monde, la réalité. Autant demander aux automobilistes de pédaler, et couper le moteur en descente…

    J’ai participé au financement du Journal Minimal au début, je suis très déçu… Adieu?

    1. Bonjour Nicolas, ce n’est pas parce qu’une info vous déplait que le journaliste a mal fait son travail. Ne confondez pas svp. De plus les chiffres que vous avancez sont inexacts. Ajoutez les 2400 membres d’équipage aux 6300 passagers et vous voilà avec 8700 personnes sur ce paquebot. Pour la consommation diésel, non seulement il s’agit de fuel lourd mais en plus vous vous fondez sur un wikipedia qui est un copié-collé du dossier de presse de la Royal Caribbean. Or, tout le monde sait très bien, notamment depuis l’affaire Volkswagen, que les constructeurs minorent la plupart du temps (parfois de plus de 60%) la consommation des véhicules. Multipliez 8700 passagers par 3,7 lit au 100, le chiffre annoncé (sujet à caution, donc) et vous obtenez 32,2 tonnes. Sachant que l’Harmony of the seas peut parcourir 800 km par 24h, vous obtenez une consommation de 258 tonnes par jour, les infos du Gardian sont donc bien prudentes en la matière et me semblent fiables, d’autant qu’elles s’appuient sur les données scientifiques de pays qui n’ont pas d’intérêt financier dans cette affaire. Après, si votre critère de vacances réussies et de bonheur sur terre est de consommer 24h/24 des énergies fossiles, je comprends que cet article vous irrite. Je vous conseille donc la lecture apaisante de l’article dithyrambique du journaliste du Figaro embarqué en voyage de presse sur l’Harmony, et qui raconte émerveillé qu’il y a tellement de choses à faire sur ce paquebot qu’il n’a même pas vu la mer ! http://www.lefigaro.fr/voyages/2016/06/01/30003-20160601ARTFIG00054–bord-du-harmony-of-the-seas.php
      Enfin, pour ce qui concerne le transport maritime via la propulsion éolienne, je ne comprends pas ce qui vous fait rire. Il ne s’agit pas de jolis dessins mais d’un projet d »ingénierie tout à fait sérieux et innovant, qui intéresse de nombreux acteurs du transport maritime. Un projet bien plus réjouissant je trouve que ces vieux paquebots de tourisme de masse qui détruisent la planète.
      Quoi qu’il en soit, merci encore pour votre soutien lors du lancement du journal, nous ne vivons que par les dons, sans publicité, c’est un choix risqué et très difficile mais c’est la condition de l’indépendance que nous appelons de nos voeux. Vous trouverez cela dit sans peine des journaux financés par les producteurs d’énergies fossiles, des marchands d’arme, des bétonneurs, etc. lénifiants au sujet des énergies fossiles.

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