« Jour de paye », le documentaire sur le revenu universel qui fait le tour des milieux alternatifs

Consacré au revenu universel, le film Jour de paye !, projeté ici et là en France depuis septembre 2018, montre que ce que beaucoup prennent pour une utopie s’inscrit déjà dans des réalités diverses.

Martin Luther King, jour de paye
Martin Luther King prônait l’instauration du revenu universel. Image extraite du documentaire « Jour de paye! » de Christian Tod.

Le genre
Film documentaire.

Le pitch
Verser à tous les citoyens un revenu identique sans condition ni contrepartie, une utopie ou une solution durable à nos maux économiques ? Pour le savoir, l’économiste autrichien Christian Tod a promené plusieurs mois sa caméra aux États-Unis, en Europe et en Afrique afin d’enquêter sur cette idée qui a déjà connu des expérimentations sur les trois continents. Il a aussi recueilli la parole de philosophes, économistes, et militants politiques passionnés par cette question.

L’auteur
Né en 1977 à Linz (Autriche), Christian Tod est un économiste et réalisateur de documentaire qui milite de longue date pour l’instauration d’un revenu universel. Il a sorti Free Lunch Society, titre original du documentaire, en 2017, et depuis lors ce dernier fait son chemin dans les salles, les esprits et cénacles où l’on réfléchit à l’avenir de nos sociétés.

Affiche du film Free lunch society, come come basic income : Jour de paye, vers un revenu universel
L’affiche du film « Free Lunch Society, Come Come Basic Income » (Jour de paye, vers un revenu universel), du réalisateur Christian Tod (2017).

Mon humble avis
Le documentaire a le mérite de montrer que ce que beaucoup prennent pour une utopie s’inscrit déjà dans des réalités diverses. On apprend ainsi que l’expérience la plus poussée à ce jour est celle conduite en Alaska. Depuis 1976, grâce à l’Alaska Permanent Fund, un fonds d’investissement tiré des revenus du pétrole, chaque habitant peut bénéficier dès sa naissance d’une allocation mensuelle d’environ 1 800 $.

Christian Tod nous emmène aussi en Namibie, pays qui a réussi à instituer ce système dans un village, ainsi qu’en Californie et au Canada où furent conduites un temps des expériences locales similaires. Outre les bénéficiaires de ces programmes, le réalisateur donne ensuite la parole à des chefs d’entreprise, universitaires, militants politiques et philanthropes qui en expliquent les avantages.

MOINS STRESSÉS, LES GENS S’ÉPANOUISSENT

Le plus étonnant est de constater que le revenu d’existence est soutenu à la fois par les libertariens (qui souhaitent le moins d’État possible) et par une partie de la gauche. Les premiers pensent simplement plus économique de verser de l’argent sans contrôle, ceci afin d’éliminer la bureaucratie du welfare state (État providence) chargée de contrôler les ayants-droits. A gauche, on se situe davantage dans une perspective humaniste et bienveillante qui considère comme le montrent les enquêtes terrain que ce n’est pas parce qu’on verse aux gens un revenu inconditionnel de base qu’ils passent davantage de temps devant la télé à ingurgiter des chips affalés dans le canapé.

C’est même tout le contraire : les bénéficiaires, parce qu’ils se sentent en sécurité financière, investissent davantage dans leur éducation, celle de leurs enfants, le bénévolat, leurs projets personnels ou professionnels. Moins stressés par la hantise des fins de mois, maîtrisant mieux leur destin, ils s’épanouissent et gagnent en liberté. Autre force de ce film, sa vision des problématiques contemporaines : Christian Tod établit un lien entre les dangers posés par l’augmentation des inégalités sociales, la disparition des métiers menacés par l’automation et l’intelligence artificielle et la pertinence d’établir un revenu universel.

Une scène du film
S’agissant de l’Alaska, qui constitue l’expérience la plus durable à ce jour, Christian Tod interrompt soudain son propos pour sélectionner un extrait des Simpsons qui montre avec humour le revers de la médaille. Arrivé à la frontière de cet État où il compte emménager, le père de famille, Homer, apprend que le revenu d’existence important qu’il va toucher vient en fait compenser les dommages environnementaux que les compagnies pétrolières occasionnent dans le très riche et sous-peuplé Alaska. Donc pas sûr qu’ailleurs le revenu d’existence puisse être aussi généreux…

La bande-annonce du film

> Prochaines projections :
• Mercredi 6 février 2019, 20h30, cinéma Les 3 Luxembourg (Paris 6e), ciné-débat avec le Mouvement français pour un revenu de base (MFRB).
• Dimanche 10 février 2019, 17h00, CINEtampes (Étampes – Essonne), ciné-débat.
• Vendredi 15 février 2019, 20h00, Luminor Hôtel de Ville (Paris 4e), ciné-débat avec EELV.
> Plus d’infos sur le film : la page Facebook du film, le site du film
> Plus d’articles sur ce sujet :
Ces citoyens qui militent pour un revenu universel en nature
Pourquoi et comment instaurer le revenu d’existence


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À propos de l'auteur
Journaliste, spécialisé dans la culture, l’économie et les voyages, je travaille essentiellement pour la presse nationale.
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