Au soir de sa défaite cuisante face à Emmanuel Macron, Marine Le Pen a estimé que la présidentielle 2017 signait « une recomposition politique de grande ampleur autour du clivage entre les patriotes et les mondialistes ». Si tout le monde peut être d’accord avec la dirigeante d’extrême-droite sur le constat d’une recomposition, son analyse politique sur la nature du clivage est-elle pertinente ? Sans doute l’est-elle aux yeux des identitaires et autres « frontiéristes » du FN, obnubilés par le triptyque travail, famille, patrie.
Mais de notre point de vue, ce clivage n’a aucun sens, hormis celui d’une résurgence séculaire : le combat à mort que les nationalistes livrèrent aux cosmopolites et qui conduisit à la Seconde guerre mondiale. L’Histoire n’a-t-elle pas déjà tranché en 1945 ? Puis, les Français ont rejeté par deux fois, dans les urnes (2002 et 2017), le retour de ce projet xénophobe et claustrophile. D’aucuns prédisent une Le Pen à l’Élysée en 2022, rien n’est moins sûr.
Ce qui se fait jour avec l’agrégation des sensibilités libérales autour du syncrétique Emmanuel Macron, c’est plutôt la possibilité d’un boulevard politique pour l’écologie, jusque-là cantonnée aux marges (EELV), saupoudrée de-ci de-là dans les discours et les programmes de tous bords. Si l’on veut bien admettre que la prise en compte de la fragilité du vivant et de la nature en général conditionne la perpétuation de l’espèce humaine sur cette Terre et que cette société solidaire et douce à laquelle nous pourrions aspirer ici est incompatible avec la confiscation/destruction des richesses propre au capitalisme, il y a fort à parier que la « transition écologique » dont parle timidement Emmanuel Macron ne sera qu’une concession lexicale au bon sens.
Soyons reconnaissant au fondateur d’En marche d’avoir terrassé l’Hydre de Lerne de notre démocratie en direct à la TV mercredi 3 mai, soyons-lui reconnaissant, maintenant, de rassembler la grande famille capitaliste qui va de Robert Hue à Alain Madelin en passant par Ségolène Royal, François de Rugy, François Bayrou, Bruno Le Maire… Grâce à cette clarification, les partisans d’une société moins matérialiste et plus légère ont maintenant de l’air pour travailler le pays.
2 réponses
Excellent texte, merci
Cher Éric, merci ! Bisous