L’association Veni Verdi installe des potagers et des poulaillers dans les écoles parisiennes. Sa mission : transmettre aux jeunes citadins une conscience écologique et un savoir-faire agricole.
La campagne s’est invitée à Paris au pied d’un bâtiment gris, entre les boulevards des Maréchaux et le périphérique. Ici, les bénévoles de l’association Veni Verdi cultivent un lopin de terre de 4 000 m² avec les élèves du collège Pierre-Mendès-France et de trois autres établissements parisiens. Grâce aux arbres fruitiers, aux fleurs, aux poules et au doux bourdonnement des « agriculteurs », on s’y sent bien.
Pour Nadine Lahoud, fondatrice de l’association, produire de quoi manger est « un sujet de préoccupation commun à tous les êtres vivants de la planète ». Originaire du Liban, où elle a vécu durant son enfance, cette agricultrice urbaine se souvient des « grands moments sociaux » que constituaient les récoltes : « Tout le village montait pour participer, les gamins, les vieux, ceux qui préparaient les repas, ceux qui cueillaient, ceux qui s’ennuyaient, ceux qui apportaient l’eau… cette foule grouillait et travaillait dans une même direction, cela créait une unité. » C’est pour rassembler, permettre de tels moments de partage, qu’elle a fondé Veni Verdi en 2010.
L’association s’adresse d’abord aux enfants. « En une génération, tout un savoir s’est perdu. Celui que nous transmettaient nos ainés. Une maman m’a dit un jour une phrase révélatrice : ‘Avant les petits partaient en vacances chez leurs grands-parents à la campagne, maintenant ils partent en vacances chez les grands-parents à la Courneuve !’ »
« À QUATRE PATTES, ON EST TOUS ÉGAUX »
Il s’agit donc d’apprendre ou de réapprendre certains gestes aux enfants, de leur donner une conscience écologique et un savoir-faire agricole. Ce jardin, en plus de végétaliser la ville, est donc aussi une occasion de rassembler parents, jeunes gens, professeurs et bénévoles pour une activité commune, chose pas si courante de nos jours dans les agendas des citadins pressés et stressés.
Pour des adolescents, surtout, « nourrir la famille avec son travail », c’est très valorisant, « même s’il s’agit de deux salades ! », s’amuse la fondatrice de l’association. « À partir du moment où on est à quatre pattes, on est tous égaux. Cela crée de belles relations, des PDG parlent librement avec des gamins, c’est un vrai choc culturel ! ».
L’activité agricole au pied du collège Pierre-Mendès-France égaye et embellit le quotidien des élèves comme des professeurs, et permet aussi de mettre en pratique des matières parfois trop abstraites pour des adolescents : le compost devient ainsi l’occasion d’étudier les réactions chimiques, la boussole d’illustrer des principes physiques…
Veni Verdi, qui promeut une agriculture bio, saine et de proximité, ne peut malheureusement pas faire don des récoltes aux cantines scolaires qui bénéficient obligatoirement des services centraux de la ville de Paris. En revanche, l’association vend ses produits sur de minis marchés dans le quartier.
Nadine Lahoud sur le toit du collège Henri-Matisse, Paris 20e (1:48s) :
• Plus d’infos sur Veni Verdi : le site web et la page Facebook.
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