7 façons de partager les richesses au lieu de surconsommer

Sur les plateformes collaboratives, on partage tout : sa voiture, son appart’, son temps ou ses compétences et même son gratin de pâtes. Nos bonnes adresses.

Crédit photo : Gustavo Di Nucci.
Crédit photo : Gustavo Di Nucci.

L’économie du partage est plus un retour aux sources qu’une nouveauté. Recycleries, troc, don, prêt, systèmes d’échanges locaux, autant de pratiques d’entraide bien connues de nos ancêtres, et redécouvertes, en pleine crise économique, via des réseaux numériques.

Recréer du lien et de la solidarité à travers des plateformes web d’échanges locaux : l’économie collaborative, c’est un peu tous les jours la fête des voisins ! Pour chaque service, l’économie du partage propose un complément à l’offre marchande, une sorte de clone éthique et gratuit. D’ailleurs, cet article lui-même a été écrit sur un logiciel en accès libre (OpenOffice), totalement compatible avec ses équivalents payants !

Alors, peut-on vivre uniquement d’entraide et d’eau fraîche ? L’histoire du britannique Mark Boyle qui a relevé le défi de vivre un an sans argent semble prouver que oui… à condition d’être sacrément débrouillard et garder son « Moneyless manifesto » dans la poche.

Crédit photo : Mark Boyle, par Mark Boyle
Mark Boyle, mai 2009 (photo : Mark Boyle).

Jusqu’ici, les échanges de particulier à particulier (peer-to-peer), sans intermédiaire commercial, restaient marginaux. Mais il y aurait bien « un mouvement de fond », selon le blogueur Alex Ferci, fondateur du site Blockchain Invest dédié aux cryptomonnaies. Désormais « la plupart des services marchands ou des biens peuvent être mis en communs, grâce aux plateformes digitales ».

Le partage, alternative crédible à l’hyper-consommation ? La pratique semble séduire les Français, non seulement pour son côté « radin malin » et système D, mais aussi en raison d’une volonté croissante de consommer éthique. En effet, selon le CSA, plus de 8 Français sur 10 participeraient à l’économie collaborative, la moitié cherchant à arrondir leurs fins de mois et l’autre par « motivation sociétale ». « Chez beaucoup, le toujours-plus a laissé place au faire-mieux-avec-moins, explique-t-on au Pôle interministériel de prospective et d’anticipation des mutations économiques.

DE L’ÉTHIQUE LÀ OÙ IL N’Y AVAIT QUE DU COMMERCE

Se dessine donc une économie du don 2.0 où les biens (et services) inutilisés sont redistribués. Un phénomène que l’essayiste Jeremy Rifkin nomme, depuis dix ans, la troisième révolution industrielle. Et, comme chaque révolution industrielle, l’économie du partage engage un processus de destruction créatrice. D’un côté, plus besoin de produire autant de biens et services (et donc de déchets) ; de l’autre on crée des échanges qui n’auraient pas existé sans les plateformes numériques.

Pour autant, l’économie du partage n’est pas l’ubérisation. Contrairement à ceux qui transforment les amateurs en professionnels précaires, au mépris des règles sociales et fiscales, les acteurs de l’économie du partage misent sur la coopération. Bref, le partage ne crée par plus de concurrence déloyale, qu’une famille qui en invite une autre à dîner à la maison plutôt qu’au restaurant.

En apportant du lien et de l’éthique là où il n’y avait que du commerce, l’économie du partage fait donc partie de la solution aux crises sociales, économiques et environnementales.

Ainsi, si vous souhaitez participer à la construction de la « société de la convivialité et de la mesure » qu’appellent de leurs vœux les philosophes Caillé et Viveret, voici 7 initiatives utiles, à découvrir… et surtout partager !

1. LES SOUS. Commencez par vous inscrire sur un Système d’Échange Local (S.E.L) : une plateforme généraliste d’échange de produits, services et savoirs-faire dans votre quartier. Pour faciliter les échanges, les S.E.L. utilisent des monnaies intermédiaires. Vous pouvez y échanger des DVD contre une heure de baby-sitting, ou du covoiturage contre une montre à remontoir pour compléter votre collection vintage ! Ces plateformes sont nombreuses. On compte notamment Smiile, Stootie, TaskRabbit, HelpingPong, ShareVoisins, Pwiic… vous avez l’embarras du choix.

2. LE MOBILIER. Meublez vous en récup’ ou donnez vos objets réutilisables sur des sites, comme ToutDonner, MyRecycleStuff, LeComptoirDuTroc, ou Donnons.org.

3. PARTIR. Voyagez léger et écolo, pensez à l’échange de maisons avec une famille étrangère. Toutes les démarches sont organisées et sécurisées sur les sites Echange de maison ou Homelink. Plus largement, voir aussi mon article précédent détaillant 14 bons plans pour s’organiser des vacances vertes.

4. SE VÊTIR. Habillez-vous sans vous ruiner grâce au dressing partagé d’Hylla ou aux robes de soirée en location chez Les Cachotières.

5. SE NOURRIR. Partagez aussi vos bons petits plats sur ComunEat ou Mummyz : vos voisins viendront prendre leur plat cuisiné avant de rentrer chez eux. Pour l’instant, ces services sont tous payants, ceux qui ont tenté une démarche gratuite, comme LeftOverSwap, ont échoué.

6. APPRENDRE. Formez-vous gratuitement, cherchez le MOOC qui vous convient (par exemple sur FUN, la plateforme du ministère de l’Enseignement supérieur de la recherche) et devenez même « prof collaboratif » sur les portails de partage de savoirs, tels LearnyBox.

7. ENTREPRENDRE. Développez votre PME ou votre association grâce au « temps partagé », ou proposez à votre boss d’opter pour cette démarche. Son principe est simple : l’employeur partage un salarié avec d’autres entreprises de son Groupement d’employeurs. Le salarié, lui, travaille au sein de plusieurs entreprises avec un seul contrat de travail. Ce mode de recrutement, présenté sur le site du Silog ou du portail du temps partagé, notamment, permet à de petites structures de profiter des compétences d’un professionnel, sans avoir à l’embaucher à temps plein.


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À propos de l'auteur
Journaliste et juriste, je me passionne pour toutes les innovations et, surtout, les débats de société qu’elles soulèvent.
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3 réponses

  1. Merci de ce bel article complet et synthétique. Oui nous pouvons échapper au tout marchand et retrouver la convivialité et la gratuité dans certains type d’échanges, notamment dans les domaines du tourisme et du loisir. C’est fort de cette conviction que nous avons lancé Myweekendforyou, la 1ère plateforme d’échange de weekends entre passionnés, ou comment partir pêcher, randonner, visiter, rouler… partout en France (et même déjà à l’autre bout du monde), sans bourse délier, et en rencontrant des hôtes passionnants !

    1. Bonjour Benoît,

      Merci pour votre retour et votre intérêt pour cette publication. Super idée d’échanger des weekends, surtout dans la nature! En revanche nous nous passerons volontiers de pêche et de motos pour notre part ! 😉

    2. Bonjour ! Voici une belle initiative de votre part ! Cet été, avec ma famille nous essayerons l’échange d’appart’ pour les vacances… une vraie expérience !

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