Lettre à Bartabas, signataire d’une tribune pro corrida : « Imaginez un de vos chevaux au milieu de l’arène… »

Bartabas, amoureux des chevaux et patron du cirque équestre contemporain Zingaro, a signé une tribune pour défendre la corrida. Se sentant trahie, une de ses admiratrices, la journaliste Sylvie Barrans, lui répond via le journal minimal.

Bartabas au cirque zingaro
Portrait de Bartabas, Aubervilliers, 7 mars 2015. Wikimedia Commons.

Le 17 octobre dernier, Le Figaro publiait une tribune de 40 personnalités du monde du spectacle et de la culture opposées à l’interdiction de la corrida aux mineurs : « la corrida est un art et nul ne doit en être exclu », s’insurgeaient les signataires, parmi lesquels Charles Berling, Denis Podalydès, Jean Reno… Mais pourquoi cette tribune, tout à coup ? Parce qu’une députée LREM, Samantha Cazebonne, envisage de déposer une proposition de loi destinée à « protéger les mineurs de l’exposition aux sévices exercés sur les animaux ». Le texte viserait deux types de spectacles : les combats de coqs et la corrida. En découvrant, parmi les signataires de la tribune du Figaro, le nom de Bartabas, le sang de la journaliste Sylvie Barrans n’a fait qu’un tour !

erriblement triste, déçue et trahie par votre position en faveur de la corrida, je ne peux m’empêcher de vous écrire. Comment un être humain qui a engendré de tels tableaux poétiques, spirituels, humains et divins autour de l’animal qu’est le cheval, et l’homme qui marche à ses cotés, comment ce même artiste a pu soutenir l’autre coté du spectre de l’homme, celui qui prend du plaisir au spectacle de la torture et de la souffrance d’un taureau ? Quelle différence y a t il entre un taureau et un cheval ? La soumission ? Est ce une raison pour le soumettre à la torture ?

Imaginez, je vous en prie, un de vos chevaux au milieu de l’arène de Bayonne, tué petit à petit par des banderilles dans sa colonne vertébrale.

Ou alors imaginez un torero en jean et en basket, au milieu de l’arène de Dax, sans les paillettes, sans la musique (surtout sans musique !). Quel spectacle répugnant et barbare n’est ce pas ?

AURAIS-JE ÉTÉ FLOUÉE ?

Seules les « distractions » que sont les sons, les couleurs, les habits… rendent ce spectacle excitant aux yeux des aficionados. La corrida fait vibrer les gens par l’odeur du sang chaud.

Ces taureaux qu’on envoie dans l’arène ne sont pas des animaux cruels et sauvages, ils sont dressés pour tuer par le conditionnement des hommes seulement.

Ce qui me fait encore plus de peine c’est que votre soutien à la corrida remet en question même l’admiration que j’avais pour vous et votre troupe. Je me dit que j’ai été flouée, que peut être même vos chevaux ne sont pas dressés avec tout le respect et l’amour que j’imaginais.

LA MORT DU PETIT CHEVAL BLANC

J’ai assisté à Bordeaux à votre dernier spectacle. Le cheval de la mine restera dans mon imaginaire comme une des chose les plus tristes et les plus belles que j’ai vu dans ma vie. J’ai eu de la peine en apprenant qu’un petit cheval blanc était mort. Et encore ce doute lancinant : puisqu’il soutient la corrida, n’aurait il pas fait courir un trop grand risque à ses chevaux, par ces galops de dingues dans l’obscurité ?

Voilà comment un artiste peut, par une simple signature en bas d’un texte manipulé par un lobby à bout de souffle, détruire pour toujours le respect qu’il avait mis tant d’années et de labeur à ériger.

Pour suivre les publications de mon journal préféré, je reçois la lettre minimale, chaque 1er jeudi du mois. Bonne nouvelle, c’est gratuit et sans engagement !

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À propos de l'auteur
Journaliste free-lance, j’habite le Sud Ouest de la France et j’écris sur l’écologie.
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19 réponses

  1. Madame Barrans,

    Si vous lisez les commentaires, je me permets de vous faire suivre ce billet de blog concernant Bartabas : canterandcoffee.fr/ex-anima-zingaro-avis

    Bien à vous

  2. Lamentable, de plus je trouve que son regard est celui d’un homme qui ne parle pas aux oreilles des chevaux, mais qui ordonne sans écouter. Un représentant, de ce qu’il y a de pire comme représentation de l’humanité.

    1. J’avais beaucoup aimé sa biographie, écrite par son ami Jerôme Garcin… je pense que cela explique pourquoi j’ai été fascinée longtemps par ses spectacles, sans comprendre la réalité du bonhomme derrière.

    2. Tout à fait d’accord avec vous. J’ai vu un spectacle de Bartabas et en voyant l’homme je me suis dit: pauvres chevaux.
      Voyez le regard de cet homme, vous obéissez ou vous êtes sanctionnés et pour des animaux,il ne doit pas y avoir que des caresses.
      Je suis toujours sensible à ma première impression : je l’ai détesté 👿👿👿👿👿

  3. Aucune admiration de ma part pour Bartabas.
    Son spectacle est magnifique mais à quel prix pour ses chevaux.
    Je ne pense pas, vu son visage, qu’il les dresse avec des caresses… Mais cela n’engage que moi.

    1. Son soutien aux corridas est tellement absurde par rapport à son discours sur les relations hommes/animaux, que tout d’un coup le voile s’est déchiré.

  4. […] ce type a toujours été un psychopathe, ça se voit sur sa tronche ! Imbu de sa personne ! Immonde, abject, depuis ses débuts, qu’attendiez vous d’un fan de corrida bouffeur de viande chevaline?

  5. Vraiment profondément désolée d’apprendre que Bartabas est pro corrida. Moi qui guettais le moment de sa tournée pour y emmener mes petites filles… et du coup, je vois moi aussi un visage très dur qui laisse supposer en effet de la brutalité…

    1. Un visage dur, pour moi, n’est pas une preuve de cruauté, cela peut être parfois un signe de souffrance… mais l’analyse (dans le lien partagé par Charlotte), là, démolit bien l’apparence poetique du spectacle. Une leçon de plus pour ne pas se fier aux apparences!
      voici ce lien: canterandcoffee.fr/ex-anima-zingaro-avis

  6. Bravo Mme Barrans ! il faut des personnes comme vous pour parler à la place des « sans voix ». Arrêtons ces assassinats d’une autre époque ! Et protégeons aussi les chevaux qui sont comme le petit cheval blanc… de leurs profiteurs !

  7. J’avais un doute, mais là le mythe s’écroule. Bar Tabasse. L’homme de cheval, le fin connaisseur, le poète, le cavalier au subtil dressage. Qui trouve du plaisir dans la souffrance de l’animal qui n’a aucune chance de s’en sortir, dans sa mise à mort cruelle et lente, qui avoue publiquement ses penchants sadiques sous couvert d’esthétique. Triste aveu morbide. Non, il n’y a aucune beauté dans la corrida, cette tradition espagnole est l’une des pire catharsis connue avec les jeux du cirque mais l’empire romain est tombé en décadence avant de disparaitre.

    1. Je suis d’accord. A Bayonne le nombre des entrées des corridas baisse chaque années, mais chaque années les élus votent pour que les impots des bayonnais compensent les déficits. Les « peñas » bayonnaises sont des clubs, où on fait des affaires, on boit, on rit, on vend des terrains, on échange des voix… clubs de puissants comme les golfs, tous les clubs de ci ou de ça. Les taureaux sont victimes de tous ces « males blancs de plus de 50 ans  » qui sont encore au pouvoir. Heureusement d’autres « MBPC » sont contre les corridas. Le lobby taurin s’agite d’autant plus qu’il est en perte de vitesse, il a presque réussit à faire adopter les corridas au patrimoine immatériel de l’humanité (raté), mais essaie d’imposer des mini écoles de tauromachie pour les enfants dans le sud ouest, parfois avec nos impots, et là franchement c’est scandaleux.

  8. Bravo Mme, Merci d’avoir si bien exprimé le dégout que peut m’inspirer cet individu que j’ai un temps admiré, jamais je n’aurai cru qu’il était ce sale personnage qui mange des chevaux et signe la lettre des 40 pro corrida, en fait c’est un sadique qui j’espère finira dans l’anonymat avec de moins en moins de spectateurs pour ces spectacles d’esclaves, en tout cas comptez sur moi pour lui faire la publicité qu’il mérite !!!

  9. Profondement déçu, vraiment déçu par quelques signataires en question: Berling, Podalydès, je n’irai plus à aucun de leurs spectacles, d’un coup d’un seul ils m’apparaissent particulierement laids, bisous.

  10. Je me pose la question de savoir si Bartabas aime vraiment les chevaux ou s’il les remercie d’accepter d’être totalement soumis au plaisir de son pouvoir et de ses rêveries poétiques.

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