Épisode 1 : Enfant, je rêvais de devenir vagabonde

Mon compagnon et moi avons entrepris un long voyage, sans date de retour. Une seule direction : « Vers l’Est ». En quête d’une vie allégée.

Il y a un an, nos sacs sur le dos et nos idéaux en bandoulière, nous avons décidé de quitter notre nid (quelque part en périphérie de Nantes). Cette décision nous a menés de la France à la Turquie côté mer, de l’Iran au pied des montagnes de l’Asie centrale, sur les rails de Sibérie, au cœur du Japon, en Chine et à présent en Asie du Sud-Est. Un voyage, oui, mais de ceux où la destination finalement importe peu.

Les Temps modernes, Chaplin
La scène de fin dans le film Les Temps modernes (1936) de Charlie Chaplin

D’aussi loin que je me souvienne, le désir de mouvement a toujours été là, en moi. Enfant, je rêvais de vivre dans une maison mobile – j’avais conclu à l’époque qu’une voiture ferait l’affaire. Avant de faire évoluer mon projet et de vouloir vivre dans… une arcade – à l’image de celles qui constituaient les murs de soutènement des voies ferrées de ma Savoie natale. Je m’imaginais confortablement blottie là, à observer les flocons l’hiver venu.

Un ami devant qui j’évoquais un jour ces fantasmes de fillette m’avait lancé, fier de sa blague : « Tu voulais être SDF en fait ! ». Hmm. Au-delà de la formule qui interpelle et amuse, je dirais oui et non.

Photo : Esra Tat
Esra Tat, enfant

Je ne m’imaginais pas forcément vivre dehors. C’était plus l’envie de vivre à plusieurs endroits à la fois qui m’attirait. L’envie d’avoir plusieurs chez-moi.

Adulte, j’ai donné corps à ce désir d’être ça et là, en organisant une vie professionnelle où les déplacements étaient fréquents. Puis, avec le temps, le désir d’ubiquité a laissé place à une envie plus forte encore : partir.

RETROUVER LE BONHEUR DU CAMP DE BASE

Je ressentais comme une urgence à prendre la route. Non que j’aie quelque chose à fuir : j’y voyais plutôt la réponse à ce besoin irrépressible de retrouver ce bonheur du camp de base. Me plier aux exigences d’une vie quasi nomade. Savourer les bienfaits d’une vie « allégée ».

Le détachement matériel, je m’y exerçais depuis plusieurs années, ayant développé progressivement ce qu’on pourrait appeler une « conscience écologique ». J’éprouvais à présent le besoin de nourrir un autre détachement, celui de la prise de distance.

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À propos de l'auteur
Ex-entrepreneure sociale, j’accompagne aujourd’hui des initiatives à impact positif, quand je n’œuvre pas pour l’empowerment des femmes. Le tout à distance, puisque depuis 2015, je m’essaye à une vie nomade et « décentralisée » d’un bout à l’autre du monde.
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4 réponses

    1. Un grand merci ! Nous avons voulu axer cette série sur la démarche, au-delà des destinations. Des expériences et « apprentissages » tout à fait transférables à une vie plus sédentaire. La suite au prochain épisode donc ! (Salutations transmises !).

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